Historien (hélas méconnu), les éditions Flammarion ont publié de Bertier de Sauvigny en 1955 un ouvrage intitulé La Restauration, légèrement remanié et réédité en 1974, puis en 1999 dans la collection "Champs". C'est sans doute le premier récit précis, complet, impartial (il détonne avec ce qui nous en a été enseigné au lycée), écrit avec élégance, des événements qui se sont succédé de 1814 à 1830 et une analyse très exigeante de la vie économique, intellectuelle et sociale de la France d'alors. Ce qui est montré, c'est qu'avec la Restauration, les Français ont recouvré la liberté de pensée, d'opinion, d'expression qui leur avait été refusé sous l'Empire et grâce à laquelle la France a rapidement retrouvé la vive influence qu'elle avait en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Page 240 (édition "Champs"), dans le chapitre consacré à "la vie sociale" de la Restauration, Bertier écrit ceci, qui lui vaudrait les foudres de la censure ou la vindicte des brûleurs de livres :
"On peut croire aussi que la population française était assez différente physiquement de ce qu'elle est aujourd'hui. Elle n'avait pas encore subi cette infusion massive de sang étranger, qui a transformé profondément ses caractères ethniques depuis la fin du XIXe siècle. On a remarqué que la plupart des gens du peuple décrits par Balzac et Eugène Sue étaient blonds. Il suffit de rappeler qu'en 1851, c'est-à-dire après l'afflux des réfugiés des révolutions de 1848 en Europe, il n'y aura encore que 380000 étrangers en France, presque tous groupés d'ailleurs dans les régions frontalières et dans quelques grandes villes. L'alimentation et les conditions d'hygiène étaient fort différentes de celles du XXe siècle. Les difficultés des communications maintenaient, notamment au sud de la Loire, une race plus petite et moins saine, comme en témoignent d'une façon étonnante les résultats des conseils de révision".