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La noce et la nocence

Envoyé par Marc Briand 
02 juin 2012, 00:24   La noce et la nocence
Les Niçois en ont assez du bruit sous prétexte de noces (ils ne sont pas les seuls).

Estrosi propose une charte

Je ne passe plus place du Capitole le samedi matin. Les mariages algériens tiennent la corde dans la surenchère : trente voitures, autant de drapeaux et de tambours, bref tout est bloqué pour assister malgré soi à ce qui ressemble à de la provocation.
02 juin 2012, 10:04   Re : La noce et la nocence
Cette manie de rouler dans des décapotables et des limousines en ouvrant d'immenses drapeaux Algériens au dessus de leur tête m'a étonnée également de multiples fois. Les Français sortent-ils leur drapeau bleu blanc rouge dans les rues lorsqu'ils se marient à l'étranger? Quant au bruit c'est édifiant. Lors d'un mariage dans mon immeuble ils ont fait tous les étages en tapant sur des tebilats, des bendirs, montant et descendant les escaliers en hurlant, puis dehors, bien sous les fenêtres des habitants jusqu'à trois heures du matin. Le lendemain ils ont recommencé avec la sortie en voiture etc.... C'est la première fois que j'assistais à un mariage dans une cage d'escalier, dont bien sûr il n'était pas question de se plaindre sous peine de faire monter les tensions.
02 juin 2012, 11:47   Re : La noce et la nocence
Et le taux de divorce, quel est-il ?
Utilisateur anonyme
02 juin 2012, 14:10   Re : La noce et la nocence
Pourquoi les gens klaxonnent-ils lors d'un mariage ? Quelqu'un connaît-il l'origine et la signification de cette tradition ?
En théorie pour demander le passage parce qu’ils font des convois de voiture.
Utilisateur anonyme
02 juin 2012, 15:50   Re : La noce et la nocence
Prises ensemble, la noce et la nocence ont ceci de parfait qu'elles représentent ce moment — ou ce lieu — précis du Désastre où Camus et Muray se rejoignent. Ce serait jouissif si ce n'était pas si tragique (enfin, ça l'est tout de même un peu, pour la pensée...).
Utilisateur anonyme
02 juin 2012, 19:59   Re : La noce et la nocence
J'ai été invité à un mariage dans la communauté chaldéenne (réfugiés «irakiens») vers Sarcelles et je vous assure que l'esprit de débordement est le même: youyous dans l'église, cortège de voitures tape-à-l'oeil. Quand on est dans la fête, c'est très chaleureux.

Ce serait donc bien un trait oriental, indépendamment de la religion.

Si cela n'allait pas jusqu'à bloquer le boulevard périphérique parisien.

Si on était vraiment sûr que le déchaînement de joie immodérée n'était pas le pendant d'un potentiel déchaînement de haine si la mariée se trouvait n'être pas vierge, si une fille trouvait un homme hors du clan, etc, etc.

Difficile de vendre notre tiédeur.
02 juin 2012, 20:28   Re : La noce et la nocence
J'avais un voisin africain qui mettait ses feux de détresse en attendant sa compagne. Comme on le comprend !
02 juin 2012, 20:34   Psycho à deux balles
Citation
Joseph
Pourquoi les gens klaxonnent-ils lors d'un mariage ? Quelqu'un connaît-il l'origine et la signification de cette tradition ?

C'est probablement un trait de la culture de l'ostentation : ce n'est pas le fait de ressentir de la joie qui importe, mais de montrer qu'on la ressent, parce qu'il est avantageux d'être ainsi comblé. Or cette monstration ne peut être que bruyante, comme la simulation du plaisir doit faire pousser de grands cris pour manifester l'existence de ce qui est simulé.
Bref, plus on est bruyamment content, plus il y de chances que ce soit de la frime : on extériorise ce qui en fait n'existe que par cette manifestation même.
Cela dit, les natures authentiquement expansives, cela existe aussi.

Et retenue n'est pas "tiédeur", cher Emmanuel ; peut-être sont-ce deux modes différents de distribution des ressources.

Citerne contient, fontaine déborde...
Utilisateur anonyme
02 juin 2012, 21:17   Re : Psycho à deux balles
Citation
Alain Eytan
Et retenue n'est pas "tiédeur", cher Emmanuel...

C'était un petit piège, j'ai voulu prendre le temps d'une phrase le point de vue de l'autre.

Car la critique inverse existe aussi (je ne la justifie pas); à titre d'exemple, me vient à l'esprit Ma France à moi (chanson de Diam's souvent citée par M. Finkielkraut):

«Elle [Ma France à moi] repeint les murs et les trains parce qu'ils sont ternes
Elle se plaît à foutre la merde car on la pousse à ne rien faire.
Elle a besoin de sport et de danse pour évacuer,
Elle va au bout de ses folies au risque de se tuer,
Mais ma France à moi elle vit, au moins elle l'ouvre, au moins elle rit [...]»


Dans le fameux film Intouchables, je crois que l'aide de vie du tétra est choisi précisément parce qu'il est exubérant voire caractériel, parmi des candidats beaucoup plus classiques et ternes. En ce qui me concerne --- s'il fallait quelqu'un pour faire ma toilette intime quotidiennement jusqu'à ma mort, je préférerais qu'il soit plein de retenue et peu imaginatif dans ses commentaires. Mais ce revers de la médaille n'est pas très filmogénique.
02 juin 2012, 21:25   Re : La noce et la nocence
La démonstration de "joie", l'ostentation, me laissent perplexe. Je crois que le bruit est le signe d'un désir de joie, d'un désir de quelque chose d'autre que l'ennui de la banalité. Dire "Que ma joie demeure" suppose une certaine culture du silence.
Utilisateur anonyme
02 juin 2012, 21:46   Re : La noce et la nocence
(Message supprimé à la demande de son auteur)



C'est comme ça à Calcutta
03 juin 2012, 09:08   Re : La noce et la nocence
» Mais ce revers de la médaille n'est pas très filmogénique

Il doit quand même en rester encore quelque appréciation, serait-ce par atavisme : Amour, de Haneke, voulant décrire les incontinences physiologiques d'octogénaires éperdus dans la retenue de l'indicible, vient d'être fort récompensé.
03 juin 2012, 09:42   Re : La noce et la nocence
La même différence, exactement la même, existe pour la douleur et le deuil.
Citation
Il doit quand même en rester encore quelque appréciation, serait-ce par atavisme : Amour, de Haneke, voulant décrire les incontinences physiologiques d'octogénaires éperdus dans la retenue de l'indicible, vient d'être fort récompensé.

Hanecke le grand bourgeois viennois est le représentant le plus intégral de la décrépitude actuelle de l'occident. Il n'est pas étonnant qu'il ait été recompensé pour la deuxième fois car rarement un cinéaste a été en empathie aussi totale avec la doxa dominante.
Dans la culture khmère, les mariages sont les plus grandes fêtes que s'accorde le peuple. Il n'est pas d'autre fête plus exubérante, plus riche, de couleurs, d’apparat, de débordement festif; on loue des chanteuses, des danseuses, des habilleuses, des maquilleuses, et l'on occupe les lieux publics, rues, places, cours; l'on invite tout le monde; l'on se met dans des frais incommensurables, l'on s'endette sans compter. L'on inonde le quartier, le bourg, de musique, dès six heures du matin, parfois cinq, parfois quatre, jusqu'au lendemain, jusqu'au surlendemain, sans la moindre interruption, à coups de sonos aux appareils quillés sur les toits, au sommet de mâts, à dix-huit mètres du sol, pour que tous entendent et s'entendent par-dessus les rues, les pâtés de maisons. C'est toléré, c'est admis, c'est compris. Même phénomène en Inde. Le mariage a beau ressembler à la mort, à des funérailles, son caractère choisi, préparé, organisé, supplante en force tous ses événements concurrents dans la vie humaine.
03 juin 2012, 13:53   Re : La noce et la nocence
Citation
Rogemi
Citation
Il doit quand même en rester encore quelque appréciation, serait-ce par atavisme : Amour, de Haneke, voulant décrire les incontinences physiologiques d'octogénaires éperdus dans la retenue de l'indicible, vient d'être fort récompensé.

Hanecke le grand bourgeois viennois est le représentant le plus intégral de la décrépitude actuelle de l'occident. Il n'est pas étonnant qu'il ait été recompensé pour la deuxième fois car rarement un cinéaste a été en empathie aussi totale avec la doxa dominante.

Sauf que le film, que j'ai vu, est totalement contraire à la doxa dominante. Il montre la grandeur et la dignité de la réaction de grands bourgeois cultivés face à l'horreur de la décrépitude. Pas de cris, pas d'apitoiement, refus absolu de la laideur et de l'aliénation de l'institution hospitalière, honneur, courage, silence, musique. C'est simple, ce film est camusien comme aucun autre.

Il est d'ailleurs piquant de lire les éloges de Libération & co, qui jamais n'évoquent la question sociale, pourtant au centre du film, et chantent, eux les "bouffeurs de bourgeois", la beauté d'un film qui ne cesse de montrer la dignité, face à la mort, de la manière grande bourgeoise.

Comment l'on vit, l'on vieillit, l'on souffre et l'on meurt chez de grands bourgeois mélomanes, cela montré avec bienveillance, précision et respect : voilà Amour, un très beau film (d'un cinéaste que, comme vous semble-t-il, je n'aime pas du tout par ailleurs).
Cher Jérôme,
Je n'ai pas vu le film mais je vous crois sur parole. Haneke me fascine parce qu'il met au service d'une idéologie mortifère (dans ses nombreux films comme par exemple le Ruban Blanc) une puissance de caractère exceptionnelle et un talent rare.
Utilisateur anonyme
03 juin 2012, 14:25   Re : La noce et la nocence
Si Amour rend hommage aux manières grand-bourgeoises (ou grandes-bourgeoises ?), La Pianiste mettait en scène une bourgeoisie hystérique et dégénérée (grâce au talent d'Isabelle Huppert).
03 juin 2012, 14:36   Re : La noce et la nocence
Monsieur Marche, si c'est une coutume et que les khmères invitent leur voisin, ça ne ressemble pas du tout à ces défilés bling bling ou bobo où nul n'est invité en dehors de la communauté arrogante, puisque le quidam est totalement étranger à la culture qui tapisse la ville de rites en décalage avec la vie quotidienne du pays en question. Par ailleurs je suppose que les mariages sont annoncés ou du moins connus par la population autochtone et qu'ils ne vous prennent pas à l'improviste dans une heure où la concentration vous est chère. C'est toute la différence entre un mariage familiale et fêté, et une provocation communautariste hurlant sa présence.
03 juin 2012, 14:51   Re : La noce et la nocence
Citation
Jean-Michel Leroy
Si Amour rend hommage aux manières grand-bourgeoises (ou grandes-bourgeoises ?), La Pianiste mettait en scène une bourgeoisie hystérique et dégénérée (grâce au talent d'Isabelle Huppert).

Certes, et c'est pour cette raison en particulier que je n'attendais rien de bon d'Amour. Huppert d'ailleurs a trois scènes dans le film, elle joue la fille, et là encore le regard d'Haneke, socialement, me paraît très juste : la fille des grands bourgeois n'a pas véritablement déchu, elle a suivi le tropisme musical de ses parents par exemple (puisqu'elle est mariée à un grand pianiste), mais sa manière d'être, de vivre et de parler n'est pas exactement au niveau de celle de ses parents. Par exemple Haneke montre très bien la vanité de son agitation face à la décrépitude ("On ne peux pas laisser maman comme ça, il faut, il faudrait..."), bien opposée au stoïcisme muet de son père.

Bref, c'est un très beau film (contre toute attente, encore une fois), et je crois qu'il devrait intéresser les lecteurs de Camus.

La plus belle scène à mes yeux est celle de la visite d'un ancien élève d'Emmanuelle Riva (joué par le pianiste Alexandre Tharaud), après la première attaque : il est dérouté de découvrir son ancien professeur diminué, lequel lui demande seulement de jouer une Bagatelle, ce qu'il fait. Filiation, transmission, (tentative de) dépassement des assauts de la maladie par la musique, qui est à la fois le nerf du film, et le plus éclatant des marqueurs sociaux... Bouleversant.
03 juin 2012, 14:59   Re : La noce et la nocence
La Pianiste mettait en scène une bourgeoisie hystérique et dégénérée (grâce au talent d'Isabelle Huppert)
Isabelle Huppert dit toujours qu'elle "défend un rôle" et je ne pense pas qu'elle aurait défendu ce cliché que vous mettez en avant : "femme hystérique et dégénérée". J'ai vu le film et je l'ai particulièrement apprécié, sans avoir l'ombre d'un tel mépris pour cette femme.
Utilisateur anonyme
03 juin 2012, 15:05   Re : La noce et la nocence
J'ai trouvé La Pianiste particulièrement appréciable moi aussi, chère Marie. Ce que je veux dire est qu'entre le jeune premier (Benoît Magimel), le personnage d'Isabelle Huppert et celui de sa mère (joué par Annie Girardot), c'est un drôle de tableau de la bourgeoisie cultivée qui nous est montré. Il ne s'agit pas de mépriser Erika Kohut (la pianiste) mais reconnaissez qu'une femme qui se scarifie au bord de la baignoire avant d'aller dîner avec sa vieille maman, c'est un peu...étrange.
Utilisateur anonyme
03 juin 2012, 15:09   Re : La noce et la nocence
Ou qui broie la main d'une de ses élèves avec du verre pilé...
03 juin 2012, 15:16   Re : La noce et la nocence
Jean-Michel, j'y ai vu plus loin qu'un simple pastiche critique de la bourgeoisie si vous me permettez, entre autre que le jeune homme (Benoît Magimel dans le film) est trop jeune pour cette femme. Jelinek, l'auteur de cette histoire me semble-t-il attire l'attention sur le désir des femmes, avec une grande violence certes, afin de parler de désirs inacceptables pour notre bonne société, mais cette femme n'est pas la garante de l'ordre morale.
Utilisateur anonyme
03 juin 2012, 15:36   Re : La noce et la nocence
Bien sûr, il y a plus qu'une critique sociale dans ce film. Mais il me semble que, sous cet angle-là, on peut voir quelques différences entre La Pianiste et Amour.
Utilisateur anonyme
03 juin 2012, 16:07   Re : La noce et la nocence
Il faudra attendre le 24 octobre pour se faire une idée précise de ce film.

Un extrait.
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