Remplacement langagier

Dans Le Figaro, une augmentation des précipitations se dit à présent amélioration de la pluviométrie : « La pluviométrie, bien meilleure que l'année dernière au premier semestre, permet aux fournisseurs d'électricité (...) d'augmenter leur production. »

Une "amélioration de la pluviométrie" ne peut, en français, signifier qu'une chose : un perfectionnement des méthodes de mesure de la quantité de pluie tombée. "Pluviométrie" s'ajoute donc à liste déjà longue (démographie, météo, biographie, etc. etc. ) de mots désignant l'étude de la réalité qui remplacent ceux qui désignaient cette réalité.

Comment ne pas voir dans ce remplacement langagier un reflet, un écho, du grand refoulement du réel au profit de l'idéologie ?

A punto.

Il doit s'agir d'une dérive métonymique assez ordinaire dans le français "technique", p. ex. : la granulométrie (pour le grain d'une substance), et qui doit être rendue possible par le caractère mesurable et donc le degré de mesure du phénomène ou de la caractéristique considéré (pluviométrie : mesure des précipitations, etc.)

Avez-vous également noté, cher Marcel Meyer, que cette année (c'était dimanche dernier) la Fête des mères a achevé
de devenir très couramment la Fête des mamans ? C'est curieux, mais dans mon enfance le mot maman n'existait pour ainsi dire pas. On disait et on entendait : mamman. C'était certes populaire, très populaire. Mais dans certains cas pas si rares, la dégradation de la langue s'accompagne d'une tendance à l'hyper-correction. Maman est certes meilleur que mamman. On n'entend plus mamman. Et plus mère non plus. Maman a gagné sur toute la ligne. Sur sa droite et sur sa gauche. Peut-on dire pour résumer que ce remplacement langagier est le reflet du changement de peuple, les mamans néo-françaises ayant remplacé en grande partie (et avec quelle ardeur prolifique) les anciennes mères ou mammans françaises ?