Drieu en Pléiade.

Je me pose et vous pose la question suivante : si le PS venait à être élu ce dimanche, pensez-vous que Gallimard pourrait continuer à publier des auteurs comme Drieu ou Céline dans la Pléïade ?

Sait-on au PS ou à gôche qui est Céline, qui est Drieu ?

si le PS venait à être élu ce dimanche, pensez-vous que Gallimard pourrait continuer à publier des auteurs comme Drieu ou Céline dans la Pléïade ?

Oh, oui ; la gauche a depuis longtemps déserté le champ de la culture et les Français aussi, alors la Pléïade...
Dans cinquante ans, on pourra étudier sans problême Drieu ou Brasillach à l'école, de la même manière que l'on y étudie aujourd'hui Flaubert, Céline, Baudelaire, Morand, Malraux, Proust ; des écrivains qui pourtant se retourneraient dans leur tombe s'ils voyaient qui lisent leurs textes: des jeunes de la nouvelle humanité métissée, multiculturelle, festive et ultra-démocratique.

Les esprits les plus forts, intransigeants et les oeuvres les plus intemporelles peuvent toujours se faire diluer dans la bêtise et la fadeur contemporaine. Rien n'est plus vraiment subversif, et la censure, qui octroie au moins à celui qui en est victime une aura de martyr, est inutile.

Vous vous égarez. On n'a jamais autant parlé de Chardonne que sous François Mitterrand, dont c'était, avec Mauriac, un des auteurs préférés. Le risque, à partir de lundi prochain, si M. Hollande est élu, est beaucoup plus insidieux. On n'aura certainement pas à déplorer ce genre de censure grossière. D'ailleurs, il ne coûte rien d'être tolérant, au nom de la culture, de la liberté d'expression ou même du droit à l'erreur, envers les auteurs morts. Ils ne gênent plus grand monde. Ce sont des vivants comme Renaud Camus qu'on empêche de publier. Même pas besoin d'un pouvoir (politique) officiellement de gauche pour ce faire.

Céline avait une sensibilité de gauche. Cela n'empêche pas d'être antisémite, il me semble. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que Céline ait sa place dans La Pléiade... mais c'est une autre histoire.

Pour Renaud Camus et des auteurs vivants, je ne dis pas.
Je parlais des auteurs morts et de la survie de leurs oeuvres, qui sont vidées de leur sens pour en faire du prêt-à-lire démocratique.

Et pourquoi, cher Bruno Chaouat, Louis-Ferdinand Céline n'aurait-il pas sa place dans la Bibliothèque de la Pléiade (et non Pléïade) ?

Et Les Pléiades de Gobineau dans La Pléiade ?...

Gobineau est dans La Pléiade, cher Francmoineau.

Céline est complexe. Une sensibilité de gauche mais libertaire, anti-totalitaire. Souvent Céline se veut aristocrate au sens d'être le meilleur dans son domaine, de rechercher la perfection.
J'ai lu tout Céline en poche, sauf la correspondance dans la collection blanche. La Pléiade ne me paraît pas coller avec l'œuvre.
Enfin, on voit chez Céline une haine qu'il n'a pas. Une inconscience, certainement. Une compassion plus physique que morale.

Je l'ignorais, cher Leroy ! Mais c'était juste pour faire un mot.

Il n'est pas dans mon habitude de renvoyer à un texte de moi... Une fois n'est pas coutume. Céline a mené un combat qu'on peut trouver honorable contre les belles-lettres. Il fallait aller jusqu'au bout et refuser la consécration littéraire que lui-même jugeait momifiante :

[www.mouvement-transitions.fr]

Ce qu'on ne donnerait pas pour faire un mot...

Avec un Patrick Lozes secrétaire d'Etat à je ne sais quoi, c'est tout le Morand d'avant-guerre qui passera au pilon. Magie Noire sera décrété "raciste". Et c'est probablement à une commission présidée par un Lillian Thuram qu'il sera confié de "trier" le bon grain de l'ivraie dans les auteurs morts. La "purge" a postériori devrait remonter logiquement jusqu'à 18e siècle. Une révolution culturelle, c'est une révolution culturelle aussi et avant tout dans les bibliothèques. Je me permets de vous le rappeler.

Bientôt chez vous :

La Pléiade se veut une collection de référence et elle l'est. Il demeure que nombre de bons textes n'y figureront jamais à cause de leur brièveté : Les Lauriers sont coupés d'Edouard Dujardin, Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand, Bruges-la-morte de Georges Rodenbach, par exemple et ce n'est qu'une question de format...
J'en profite pour plaider la cause de José Cabanis qui mérite une belle Pléiade, à moins que Gallimard se décide à publier le second cycle romanesque en un volume comme il l'a fait pour L'Age ingrat.

À une époque, La Pléiade se voulait aussi collection de livres de poches et elle a cessé de l'être...

Pourquoi Cendrars, Huysmans, Audiberti, etc. en sont-ils absents ? Les deux premiers en particulier, manquent cruellement. Les Pléiades restent des livres, sinon "de poche", du moins de voyage qui retardent agréablement l'achat d'un Kindle (imaginez un entretien filmé, quel que soit le personnage pour peu qu'il ait écrit un peu, avec pour décor de longues étagères vides sur lesquelles trônerait un kindle dans son étui, entre les bouddhas, des soliflores en verre teinté, des photos des enfants et le trophée d'un open de golf. Déprimant...)

Cendrars a un Quarto intitulé Partir, mais il n'y a pas tout de lui dedans.

J'aime bien Quarto mais pas pour lire au lit, ça pèse.

Les auteurs morts ne posent a piori pas de problème à la gauche.

La décomposition, ça les connaît !

En même temps, cher Jean-Marc, mourir, c'est passer l'arme à gauche...

Citation
Francis Marche
Avec un Patrick Lozes secrétaire d'Etat à je ne sais quoi, c'est tout le Morand d'avant-guerre qui passera au pilon. Magie Noire sera décrété "raciste". Et c'est probablement à une commission présidée par un Lillian Thuram qu'il sera confié de "trier" le bon grain de l'ivraie dans les auteurs morts. La "purge" a postériori devrait remonter logiquement jusqu'à 18e siècle. Une révolution culturelle, c'est une révolution culturelle aussi et avant tout dans les bibliothèques. Je me permets de vous le rappeler.

Je partage le point de vue de Francis. Mon souvenir des années glorieuses du socialisme (un peu lointain car j'étais jeune) et du fringant Jack Lang me laisse penser qu'en guise de culture, nous sera proposé une panoplie de divertissements futiles et nombrilistes qui se verront gratifiés de "culturels".
L'accent sera mis sur les cultures urbaines et autres bêtises.
Tout éditeur ayant le cran de publier un ouvrage non politiquement correct sera poursuivi par les chiens de garde des Inrocks et de France Culture qui à coups de jugements moraux, 'ignoble", "nauséabond", "scandaleux" diront ce qu'il faut penser.

Les mentalités seront prises en main en créant davantage encore de chapelles en leur faveur à l'université.

Sans oublier, en matière de production populaire, davantage encore de feuilletons à la gloire de la diversité.

Pas d'auteurs de droite ou dits réacs dans les bibliothèques municipales. C'est d'ailleurs déjà le cas.

Je le dis avec d'autant plus d'assurance qu'un socialiste de ma connaissance travaillant dans le milieu culturel, m'expliquait qu'il ne fallait pas donner la parole dans les médias à ... Mona Ozouf !
Voyez Mona Ozouf, il y a tout de même pire dans l'orbe de la réaction. Le tort de cette dame est, simplement, d'avoir été proche de François Furet.

Pour ces gens, c'est déjà trop.

Je crois que le gauche n'a pas du tout, bien au contraire, abandonné la culture. On y a bien lu Gramsci et la culture sera employé au façonnage des mentalités pour assoir le pouvoir politique.
Dans une sorte de système totalitaire soft, l'accent sera mis sur l'érosion de la mémoire afin que celles et ceux qui n'ont pas de parents occupés à la transmission des savoirs, leur seul horizon soit celui présenté par la doxa ambiante.

Qu'un éditeur ait du cran avec Patrick Lozès Secrétaire d’État, c'est bien le minimum...

[www.franceculture.fr]

A partir de la 20ème minute.

Citation
Francis Marche
Magie Noire sera décrété "raciste".

D'un autre côté, Magie visible ça sonne bien aussi.

M. Assouline minaude un peu dans la revue 'l'Histoire" mais n'est pas contre à condition que la préface mette bien les points sur les "i" à défaut de les mettre sur le nez du lecteur jugé a priori ignare ou complaisant vis-à-vis de Drieu puisqu'on doit lui rappeler tout le mal qu'il faut penser de l'auteur.

Cette revue me semble d'ailleurs être un condensé de propagande "entriste" et bien pensante. Le numéro spécial consacré au Brésil donnait dans l'admiration béate et convenue.

Le dernier numéro consacre un dossier aux rapports en Jansénisme et politique. On a le sentiment que ce mouvement ne vaut que par sa participation à l'accouchement intellectuel de l'abbé Grégoire et par sa confrontation avec Louis XIV.

Un article est consacré à la critique d'un film décrivant la "traque" d'un couple dont l'homme est un afghan sans papiers. Le lien avec la chasse aux résistants sous l'occupation est fait, assumé, revendiqué. Dans le mensuel de la Licra ça passe mais dans une revue d'histoire ça me gêne un peu.

L'article est illustré d'une photo du film et de la fausse carte d'identité d'un combattant de l'intérieur. Le message est clair : les clandestins sont les victimes d'un pouvoir injuste et seraient habilités à se procurer de faux papiers. De l'armée des Ombres à l'armée des Autres : même combat.

Où l'on revient sur Drieu :

"Mauvais genre" ; France Culture. Drieu la Rochelle en Pléiade.

« Un périple gâché et épanouit par son suicide au gaz »

Site de France Culture

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Bonne question.

Rien. Ça ne veut tout simplement rien dire.

Oh, en cherchant un peu, ailleurs que dans le sens strict de ces dix mots, ça doit certainement pouvoir dire tout un tas de choses intéressantes sur leur auteur que ce dernier serait certainement étonné d'avoir pu délivrer de la sorte.

L'invité était justement Julien Hervier.
Le reste n'est qu'épiphénomène journalistique.

Citation
Bruno Chaouat
Il n'est pas dans mon habitude de renvoyer à un texte de moi... Une fois n'est pas coutume. Céline a mené un combat qu'on peut trouver honorable contre les belles-lettres. Il fallait aller jusqu'au bout et refuser la consécration littéraire que lui-même jugeait momifiante :

[www.mouvement-transitions.fr]

Je viens d'en terminer la lecture. Passionnant.

L'article de Jérôme Leroy sur Causeur pose une question insolite. Comment peut-on dire que notre littérature peut se passer de Rebatet ? Si on n'a pas lu Les Deux étendards ou sa très bonne Histoire de la Musique on peut dire cela comme on jouerait à pile ou face.

Je ne sais pas si un jour Maurice Bardèche sera édité dans la Pléiade mais je trouve ce passage de ses Souvenirs, cité par Dominique Venner, consacré à la France plutôt juste :
« La souveraineté nationale, désormais, n’existait plus… La nation n’était plus qu’une parcelle géographique d’un tout appelé humanité… Désormais nous n’aurions plus aucun droit d’être ce que nous sommes, de défendre ce qui nous appartient, d’être chez nous sur une certaine partie de la terre. Nous n’étions plus que des fourmis qui se trouvaient par hasard sur un certain tas de sable appartenant à tous les hommes et sur lequel tous les hommes pouvaient s’installer… »