La chair est faible, elle succombe toujours, mais rarement comme le voudrait l'idiome. En fait, on le voit partout, la chair, la "patrie/partie charnelle"
succombe à l'esprit. Cratyle perd inexorablement nous disait Renaud Camus. Il perd tous ses combats en donnant la victoire à l'esprit, à l'universel, à l'aspiration et à la séduction universelle. L'esprit, avec l'Islam, dans ses avatars modernes, l'emporte sur la chair patrimoniale. L'heure n'est pas à une victoire des patries. Si une force doit vaincre la poussée de ce qui se donne pour esprit, cette force doit lui renvoyer le miroir en un combat
spiriturel où l'esprit nôtre écrasera l'esprit leur.
L'ennemi garde l'initiative, nous pouvons certes le combattre par la patrie et par ce truchement ne point périr tout à fait, ne point disparaître entièrement, mais cependant sans pouvoir jamais le vaincre ni en venir à bout. La patrie n'aboutit qu'à la patrie, elle finit où elle commence. Nous ne pouvons vaincre cet adversaire qui piétine toute patrie dans son principe que par l'esprit et le glaive bien sûr -- les armées, en Egypte aujourd'hui, en Turquie hier, semblent ne rien vouloir céder aux
Frères qui restent sans armées véritables, qui sont encore aujourd'hui de grands désarmés, de "purs esprits", dans l'ensemble du monde que vise leur volonté de conquête.
L'Islam moderne est un grand impuissant militaire -- les armées ne le suivent pas. Partout, les
Frères trouvent sur le chemin de leur ambition les militaires, qu'ils doivent affronter à mains nus partout où l'Occident ne les arme point.
La
patrie nouvelle d'Occident, celle qui se mettrait en marche et en constitution, qui ne s'arrêterait point où elle commence, qui ne mourrait point dès l'affirmation de soi, reste à naître dans cette électricité -- l'éclair qui traverse aujourd'hui les patries arrêtées, les nie et les foudroie, pourrait servir à ce réveil et à ce renouveau. A vrai dire, s'il ne le peut point, rien ne le peut.