"Jamais dans l'histoire de l'humanité l'homme a autant travaillé que ces 60 dernières années (...)"
Il ne faudrait s'arrêter qu'au travail effectif pour contester cette affirmation avec laquelle je suis entièrement d'accord. Si tout le monde ne travaille pas
effectivement, tout le monde le souhaite. Virtuellement et dans l'idéal, chacun doit, et, encore plus
se doit de travailler, ce qui revient à dire que chacun travaille, phénomène qui, en effet, ne s'est jamais vu dans l'histoire de l'humanité.
Renaud Camus, à Aix-en-Provence, se demande où sont passés "les riches", ce qui a le don de mettre en fureur un journaleux qui, lui-même, fait indéniablement partie des riches que Renaud Camus peine à apercevoir dans les rues de cette ville peu connue pour son prolétariat. Où sont-ils passés ? Mais ils sont au travail, pardi ! Ils en reviennent ou ils y courent le long des trottoirs, ils n'ont pas que cela à faire, offrir un spectacle à Renaud Camus en voyage. A Aix comme ailleurs ce ne sont pas les riches qui ont disparu mais les riches oisifs, les rentiers, et même les petits rentiers, tout ceux qui avaient du temps à consacrer à l'ornement des rues de leurs manières, leurs mots, leurs tenues, leurs fantaisies, leur air détaché, leur aristocratie ou ce qu'ils avaient à coeur d'imiter en elle (et d'ailleurs, dans la diatribe garcinesque, il n'est pas étonnant qu’apparaîssent assez vite des titres de noblesse en guise de repoussoir ultime, d'indépassable ridicule. Or, le noble, c'est bien celui qui ne travaille pas.)