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De l'indéfectible supériorité morale de la gauche

Envoyé par Gérard Rogemi 
Editorial de Christian Authier paru dans le dernier numéro de l'Opinion Indépendante.

De l'indéfectible supériorité morale de la gauche

Le gouvernement annonce des coupes drastiques dans les dépenses de l'Etat et les effectifs de la fonction publique ? Peu importe, la Morale et le Bien marchent avec lui…

L'embauche durant le quinquennat de 60 000 fonctionnaires dans l'Education nationale - ainsi que de quelques milliers d'autres dans la police et la justice - fut à la fois une mesure-phare et un angle mort du programme de François Hollande. Tout en caressant dans le sens du poil le plus important service public de l'hexagone (environ 1,2 millions d'agents et de contractuels), le candidat socialiste avertissait que ces embauches devraient se faire - crise et rigueur budgétaire obligent - à chiffres constants, c'est-à-dire en supprimant ailleurs autant de postes. Selon l'expression populaire, cela s'appelle «déshabiller Paul pour habiller Jean». Que les médias dominants, largement acquis à la cause de la gauche, n'aient pas titillé François Hollande sur la traduction concrète de sa promesse était plutôt dans l'ordre des choses, mais que les partisans de Nicolas Sarkozy n'aient pas plus utilisé ce thème en dit long sur leur absence de sens politique.

Capitaine de pédalo ou menteur éhonté ?

Durant son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait institué à travers la Révision générale des politiques publiques le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. L'opposition n'avait eu de cesse de dénoncer cette politique de «casse» des services publics. Devenue majorité, elle s'apprête à infliger aux services de l'Etat une cure encore plus sévère : la potion Hollande se soldera selon les administrations par le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, de deux sur trois, parfois plus… «Mieux» ou «pire» que le méchant Sarkozy ! Voici une quinzaine de jours, Le Figaro avait révélé l'objectif gouvernemental d'une réduction de 2,5 % par an de 2013 à 2015 des effectifs des ministères (hors enseignement, police et justice). Le ministère du Budget dénonça aussitôt des chiffres «absurdes», Najat Vallaud-Belkacem (porte-parole du gouvernement) s'emportait contre des chiffres «faux» tandis que François Hollande faisait au Monde cette déclaration hallucinante : «Cela me paraît invraisemblable. Si c'était le cas, j'en aurais été informé, tout de même».

Depuis, les chiffres «absurdes» ont été confirmés par Matignon, mais la réaction du président de la République mérite que l'on s'y arrête. Soit il était sincère et cela signifie qu'il n'a prise sur rien et qu'il ne sait rien, pas même ce qu'impliquent ses promesses. Bref, nous aurions alors à la tête du pays un capitaine de pédalo supprimant des fonctionnaires à «l'insu de son plein gré», un M. Homais de la politique faisant de la rigueur sans le savoir. Cette hypothèse ne paraît guère crédible. Cependant, la seconde n'est pas plus rassurante puisqu'il s'agirait alors d'un président témoignant d'un cynisme et d'un culot dignes des plus grandes pirouettes de François Mitterrand.

Par ailleurs, les ministères réduiront aussi leurs dépenses de fonctionnement (achats de fourniture, entretien des locaux, flottes automobiles) qui représentent environ 12 % du budget. Elles devront «globalement» diminuer de 7 % en 2013 et de 4 % en 2014 et 2015. La même diète sera appliquée aux dépenses d'intervention qui regroupent les aides et subventions et pèsent pour 40  % du budget de l'Etat. Toujours au rayon dépenses, le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a annoncé un gel d'un montant d'un milliard d'euros dès cette année. De quoi compléter le collectif budgétaire estival qui table sur 7,5 milliards d'impôts nouveaux en 2012. Plus d'économies, plus d'impôts : heureusement que la droite n'est pas au pouvoir car si elle pratiquait cette politique, les "z'indignés" se feraient entendre.

L'Empire du Bien

Cet épisode traduit à la perfection quelques-uns des travers de notre gauche de droit divin. Quoiqu'elle fasse, elle est dans le camp du Bien et de la Justice. Quand la droite ne remplace pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, c'est horrible. Quand la gauche s'apprête à ne pas en remplacer deux sur trois, c'est épatant. Et l'on retrouve cette formidable élasticité morale partout. Les élections législatives ont été l'occasion de massives et solennelles «leçons de morale» adressées par la gauche et les médias à l'UMP suspectée de complaisance envers le Front national, d'être tentée par des alliances, de céder sur les «valeurs», etc. «La droite républicaine n'existe plus en France», tranchait Pierre Moscovici pendant que la socialiste Sylvie Andrieux, poursuivie pour détournement de fons publics, était élue à Marseille… Pas mal, non ?

La rhétorique était aussi avantageuse que malhonnête car, une fois de plus, c'est la droite qui a évidemment le plus souffert des bons scores de l'extrême droite, mais un seul cas - le candidat UMP Roland Chassain se retirant dans la seizième circonscription des Bouches-du-Rhône - a suffit à alimenter le message selon lequel l'UMP se compromettait avec le FN. En réalité, ce candidat a été désavoué par son parti et son retrait a finalement, sans surprise, permis au candidat socialiste de l'emporter sur celui du FN… En revanche, le maintien de la candidate socialiste dans la troisième circonscription du Vaucluse a envoyé à l'Assemblée nationale Marion Maréchal-Le Pen, l'un des deux élus FN. Mais de cela, le PS ne se sent absolument pas responsable…

Autre exemple des accommodements confortables que la gauche s'autorise avec la vérité et l'éthique : la situation fiscale de Yannick Noah. Fervent soutien de François Hollande en 2012, l'ancien tennisman est en contentieux avec le fisc depuis 1996. En 1993 et 1994, il s'était exilé en Suisse pour payer moins d'impôts (en 2007, il avait menacé de quitter la France si Nicolas Sarkozy était élu, menace hélas jamais exécutée). L'administration lui réclamait un million d'euros, somme réévaluée par la suite à un peu plus de 500 000 euros avec la prise en compte de certaines déductions fiscales et l'annulation d'une amende pour mauvaise foi. Cette situation pour le moins embarrassante n'a pas empêché Yannick Noah de saluer la proposition de François Hollande de taxer à 75 % les revenus supérieurs à un million d'euros… La gauche a toujours raison, elle a tous les droits, elle ne doute de rien, elle ose tout. C'est même à ça qu'on la reconnaît, dirions-nous en paraphrasant le grand Michel Audiard, anar intégral à qui l'on doit encore cette phrase vertigineuse : «Moi, c'est la gauche qui me rend de droite».
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 08:41   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
«Moi, c'est la gauche qui me rend de droite».

Moi, c'est la "droite" qui me rend mariniste.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 08:42   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Cet article décrit fort bien la situation, tellement intériorisée par la droite, qu’elle en a, souvent, des remords d’exister.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 10:48   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Je repense à ce livre d'A. de Benoist, Vu de droite, qui, contrairement aux stéréotypes scolastiques pieusement entretenus, montre que l'intelligence n'est pas le fief de la « gauche » et que la droite française, du moins en partie, n'est pas que « la plus bête du monde ». Passant de l'archéologie à la philosophie, de la pédagogie à l'éthologie, de la biologie à la sociologie, cette véritable encyclopédie critique passe au crible les travaux et les écrits de quelque 140 écrivains, savants, historiens ou philosophes.

"J’appelle ici de droite, par pure convention, l’attitude consistant à considérer la diversité du monde et, par suite, les inégalités relatives qui en sont nécessairement le produit, comme un bien, et l’homogénéisation progressive du monde, prônée et réalisée par le discours bimillénaire de l’idéologie égalitaire, comme un mal."Alain de Benoist.
Mais Alain de Benoist est-il vraiment de droite ?
De l'indéfectible supériorité morale de la gauche

Je ne trouve pas cela très bien écrit. Indéfectible signifie « qui ne peut défaillir, qui ne peut cesser d’être ». Or l’auteur parle ici d’une attitude morale (la supériorité) dans laquelle la gauche se maintient volontairement, dans laquelle elle s’obstine. C’est tout le contraire d'indéfectible.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 12:48   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 12:54   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Citation
Rogemi
Mais Alain de Benoist est-il vraiment de droite ?


Si l’on reprend l’opposition classique tracée par Louis Dumont entre l’individualisme et le holisme, A. de Benoist est du côté du holisme - toutes les doctrines holistes soutiennent que l’homme est indissociable de ses appartenances, que l’on ne sait de quel homme on parle que lorsqu’on sait aussi à quelle collectivité il appartient -, donc du côté des sociétés traditionnelles : il est donc de droite, au sens le plus rigoureux du terme.
[...] à la fois une mesure-phare et un angle mort [...]

Très fort. On est pas loin des éoliennes avec un truc pareil. Bon dimanche à Francis.
Citation
il est donc de droite, au sens le plus rigoureux du terme.

Vous plaisantez j'espère Monsieur Wenner. Vous êtes mariniste et vous ignorez le mépris absolu dans lequel A. de Benoist tient la famille Le Pen ?

Citation
Brillant à l'écrit mais en vérité médiocre, limite vulgaire, et stérile.

Vrai et en plus sa voix est très désagréable, il parle comme un serpent. Sa force réside dans une capacité de travail assez rare et un talent certain pour la bibliographie et la compilation.
Ce monsieur est de droite autant que je suis de gauche, je pense. Il a une posture essentiellement esthétique.

Sa pensée politique évoque à mes yeux la "cathédrale" de Tay Ninh, une sorte de vaste synchrétisme avec, de ci, de là, une statue à l'anti-américanisme, une autre à l'anti-libéralisme assorties de quelques statues païennes.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 20:04   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Citation
Paul Wenner
«Moi, c'est la gauche qui me rend de droite».

Moi, c'est la "droite" qui me rend mariniste.

Ah ça !!!
Je dois dire qu'ils font tout pour !! Enfin qu'ils ont fait car désormais...
Et comme je vous comprends.
Citation
Sa pensée politique évoque à mes yeux la "cathédrale" de Tay Ninh, une sorte de vaste synchrétisme avec, de ci, de là, une statue à l'anti-américanisme, une autre à l'anti-libéralisme assorties de quelques statues païennes.

Posture esthétique ?
Bien vu, cher Jean-Marc, et à ne pas oublier: AdB est pro-arabe, pro-russe, pro tiers-monde, anti empire américain, etc... et pour couronner le tout il déseste au plus profond de son âme le christianisme cette religion des faibles qui a mis fin au paganisme.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 20:50   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
La morale est plus à son aise dans un palace cannois.

[www.midilibre.fr]
Il me semble quand même que tenir la famille Le Pen en mépris est moins incompatible avec une pensée de droite, sur le fond, que le déni véhément d'un conservatisme de l'enracinement, à quelque niveau qu'on veuille identifier et revivifier ces racines ; la classification proposée par Paul Wenner ne me paraît pas si infondée que cela...
"il déseste au plus profond de son âme le christianisme cette religion des faibles"

Le fort se domine et le faible tire dans le tas.
Utilisateur anonyme
08 juillet 2012, 23:31   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Citation
Jean-Marc
Ce monsieur est de droite autant que je suis de gauche, je pense. Il a une posture essentiellement esthétique.

Sa pensée politique évoque à mes yeux la "cathédrale" de Tay Ninh, une sorte de vaste synchrétisme avec, de ci, de là, une statue à l'anti-américanisme, une autre à l'anti-libéralisme assorties de quelques statues païennes.

Vous oubliez la chapelle dédiée à la Décroissance.
"la classification proposée par Paul Wenner ne me paraît pas si infondée que cela..."

Sicher, mais j'ai uniquement réagi, cher Alain, à son assertion " Moi, c'est la "droite" qui me rend mariniste.".
Ah Eric à présent ça souffla !
Utilisateur anonyme
09 juillet 2012, 06:52   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Sur Alain de Benoist.

Disons que le grand principe de sa vie (enfin là je m'avance un peu), souvent mal compris, est celui du syncrétisme et de la dissociation, de l’alternance et de la complémentarité des contraires - vision héraclitéenne, qui
emprunte au spectacle de la nature.
Le Goethe des temps modernes, ni plus ni moins ?
Utilisateur anonyme
09 juillet 2012, 12:13   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
L'équivalence des contraires, c'est le principe de base de la pataphysique.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2012, 14:54   Re : De l'indéfectible supériorité morale de la gauche
Le vrai train de vie du pouvoir socialiste

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