Le site du parti de l'In-nocence

La police de la pensée, c’est maintenant (un texte de Karim Ouchikh)

Envoyé par Renaud Camus 
La police de la pensée, c’est maintenant !

Depuis quelques semaines, avec une intensité grandissante, une véritable chasse aux sorcières s’est solidement installée en France dans le débat des idées, portant atteinte comme jamais à la liberté d’expression dans notre pays.
Pris au piège de ce climat détestable, l’impertinent Eric Zemmour n’est ainsi guère assuré de disposer demain de ses tribunes actuelles qui lui permettront d’exprimer ici où là ses talents de polémiste, tant ses opinions transgressives heurtent de longue date le politiquement correct.

Dans le même ordre d’idées, le comédien Laurent Deutsch éprouve actuellement d’invraisemblables attaques émanant du Groupe communiste et Parti de gauche au Conseil de Paris, qui lui reproche « l’orientation idéologique », si peu concevable, de son ‘‘best-seller’’ Métronome, consacré à l’histoire de la capitale. A la manœuvre de cette offensive politicienne inédite, qui dévoile une singulière et inquiétante volonté de réécrire l’histoire, se dissimule Alexis Corbière, élu du Parti de gauche, qui s’était déjà distingué voici deux ans en demandant le changement de nom du Collège Vincent d’Indy, situé dans le 12ème arrondissement de Paris, au motif que ce célèbre compositeur français du début du XXème siècle, catholique et nationaliste, aurait été « durant sa vie un adversaire acharné des valeurs de la République » !
C’est bien cette funeste intolérance, systématiquement opposée à la liberté de chacun à exprimer sans crainte ses idées, qui conduit aujourd’hui l’admirable écrivain français Renaud Camus, - auteur d’une œuvre immense, dont notamment l’ouvrage prophétique « Le Grand Remplacement » - à être poursuivi devant la 17ème chambre correctionnelle de Paris, à la suite d’une plainte du Mrap, du chef de provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse, pour avoir tenu des propos d’une rare lucidité dans son discours prononcé le 18 décembre 2010 aux Assises sur l’islamisation de l’Europe.

Quelques mois plus tôt, cette même police de la pensée avait alors frappé : à la suite de deux tribunes roboratives diffusées sur le site internet Riposte Laïque, deux de ses responsables, dont le très combattif Pierre Cassen, avaient été pareillement condamnés le 23 mars 2012 par le tribunal correctionnel de Paris du chef de provocation à la haine envers les musulmans à de lourdes peines d'amende et à indemniser diverses associations parties civiles, dont la Licra, SOS Racisme et le Mrap .…

A bien scruter l’actualité en ce domaine, l’implacable indignation des sempiternelles ligues de vertu continuera en vérité à s’exercer demain, avec une égale rigueur, de manière toujours sélective : des rives monotones de la bien-pensance et du conformisme intellectuel, les Français n’attendent manifestement rien, qu’il s’agisse de prendre l’initiative d’éradiquer avec énergie l’antisémitisme impuni qui gangrène notoirement les banlieues françaises ou de dénoncer avec force la diffusion, lors du concert de la chanteuse américaine Madonna au Stade de France, ce samedi 14 juillet, d'un clip vidéo dans lequel Marine Le Pen apparaît scandaleusement affublée d'une croix gammée sur le front.

*


Inséparable de la liberté de conscience, étroitement associée à la liberté de pensée, la liberté d’expression constitue la première de nos libertés publiques : dans une conception exemplaire de cette liberté fondamentale, n’en va-t-il pas en effet du droit inviolable pour chaque individu de manifester publiquement ses opinions intimes, sans jamais craindre de devoir les reléguer au for interne ?

Pourtant, sous l’effet d’un militantisme associatif marqué du sceau de l’intolérance idéologique, le délit d’opinion s’est insidieusement enraciné en France, lequel doit assurément sa redoutable réussite aussi bien aux tabous dominants qui enchaînent irrésistiblement l’exercice quotidien de la parole qu’à l’émergence de lois à caractère liberticide. Encouragés par des gouvernements de gauche comme de droite, ces lois comme ces interdits visent au fond à normaliser et à sécuriser la pensée dominante, en asservissant partout l’expression des opinions jugées déviantes : avec la menace permanente de coûteuses chicanes, il s’agit non plus simplement de prohiber ce qui porte atteinte à l’ordre public stricto sensu ou aux intérêts objectifs des individus, mais bien de réprimer abusivement ce qui est idéologiquement illégitime de penser et d’exprimer.

Une épouvantable police de la pensée est ainsi à l’œuvre, étouffant autant le débat public que la libre manifestation des opinions individuelles, si bien que nos compatriotes dressent partout le même constat accablant : la liberté d’expression est devenue à présent en France un vaste champ de ruines.

Karim Ouchikh 15 juillet 2012
Admirable indeed.
Me Ouchikh est vraiment quelqu'un de très bien.
Sur l'état de décomposition de la liberté d'expression (Cn Rif 2010) :


Ce texte est très beau. Les mots sont si justement pesés.
Vous voyez bien qu'on peut avoir un prénom "exotique" et n'en avoir pas moins la France à coeur...
Citation
Bruno Chaouat
Vous voyez bien qu'on peut avoir un prénom "exotique" et n'en avoir pas moins la France à coeur...

Ne pensez-vous pas, cher Bruno Chaouat, que, quelque soit le sujet, l'on puisse distinguer l'exception individuelle de la loi du genre ? D'ailleurs, ne serait-ce pas là un sérieux manque de discernement ?...
Car à vous lire et à lire ce forum régulièrement, je n'ai pas le sentiment d'entendre de tels amalgames -- et quand, malencontreusement, ceux-là arrivent, il y a toujours quelque In-nocent pour faire revenir la discussion sur le droit chemin...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Zemmour et le CSA

[www.lexpress.fr]
"Exception", cher Pyrrhon... Hmmm, je ne vais tout de même pas faire une liste... M'enfin, brisons là cette sotte polémique que je n'aurais sans doute pas dû commencer.
Cher Bruno,

Quand les polémiques sont initiées, à quel rang parviennent-elles, dans leur confrérie ?
Trente troisième dessous, frère Orimont.
« "Exception", cher Pyrrhon... Hmmm, je ne vais tout de même pas faire une liste... » : Que voulez-vous insinuer encore ?
Cher Orimont, je vous prie de bien vouloir me pardonner cet anglicisme. Cela dit, j'ai ri de bon coeur à votre plaisanterie.
Peu importe, cher Pyrrhon : je voulais tout simplement dire que beaucoup de Français qui défendent aujourd'hui la République et la laïcité, qui mettent en garde contre certaines dérives communautaires, se trouvent porter des prénoms peu républicains. Malika Sorel, Abdelwahab Meddeb, Chadort Djavann, etc. Je pense que le combat sur les prénoms est futile, voilà tout.
Peu républicains ? En quoi un prénom est-il républicain ? Vous voulez sans doute dire : peu français ?
Si vous préférez, cher Jean-Michel Leroy. Je faisais allusion à un livre fort émouvant : [www.amazon.com]énom-républicain-Berthe-Burko-Falcman/dp/2020933853
Citation
Bruno Chaouat
Malika Sorel, Abdelwahab Meddeb, Chadort Djavann, etc.

Cher Bruno Chaouat,

cette liste est une liste de personnes exceptionnelles, je suis entièrement d'accord avec vous, mais, néanmoins, permet-elle d'établir une "loi du genre" qui dirait : « remplacez chaque jour un peu plus les prénoms Pierre, Paul et Jacques par Brian, Chang et Nabil (liste non exhaustive), la France sera toujours la même » ? (sans parler de la volonté d'affront...)
Cela posé, mon intervention se voulait principalement d'ordre général : "quelque soit le sujet", il ne me semble pas que, sur le site de l'In-nocence, ait prévalue un quelconque manque de discernement (d'in-nocence ?). N'en va-t-il pas ainsi ?
Cher Pyrrhon,
J'ai eu tort d'user de sarcasme et je le regrette. Je persiste cependant à penser que le combat sur les prénoms est futile, parce qu'en dépit de mon admiration pour Renaud Camus et pour certains intervenants du Forum (et désormais contributeurs aux "Cahiers de l'In-nocence"), je ne partage pas l'idéologie du PI. Je suis en accord avec certaines analyses (sur la langue, le Proche Orient, la montée de l'islamisme, etc.), mais pas avec la définition cratylienne de l'identité.
Cependant, très cher Bruno Chaouat, y a-t-il quelque chose de plus cratylien que l'identité juive ou, si l'on préfère, que la part juive de l'identité de ceux qui sont concernés ?
Cher Marcel Meyer,
L'identité juive n'est pas qu'un héritage ; c'est aussi une adhésion : voyez Ruth la Moabite, qui n'est pas un moindre personnage biblique. L'identité juive est clivée. L'adhésion, la conversion existent (comme dans la République française !) A moins d'accréditer l'idéologie identitaire suicidaire des orthodoxes qui veulent gouverner Israel aujourd'hui et détruire le sionisme...
Le beau livre de Ruth ne se lit pas sans émotion.
Mais en matière d'identité, jamais rien n'est exclusivement un héritage, il y faut, au minimum, une adhésion, c'est ce qui la distingue de l'hérédité. La conversion au judaïsme existe, certes, mais elle est rare, complexe et difficile — rien à voir avec la naturalisation dont on sait d'ailleurs qu'elle ne suffit pas (ou plus) à faire un citoyen de cœur, surtout qu'elle est dans bien des cas automatique.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je suis favorable à un processus plus rigide et contraignant de naturalisation.
» A moins d'accréditer l'idéologie identitaire suicidaire des orthodoxes qui veulent gouverner Israel aujourd'hui et détruire le sionisme

On peut le voir de diverses manières : ils préservent aussi, comme dans une réserve, l'identité juive plénière, composée de la part héritée et de l'adhésion inconditionnelle à cette dernière.
Le Juif le plus proche que j'aie sous la main, moi-même, n'est réellement juif que par le sang, ou le cordon, par la mère : c'est très commode, on n'y peut rien. Qui si on me demandait d'expliquer plus avant en quoi ça consiste, d'être juif, hormis ce mode d'être si particulier de l'endossement du Fardeau, oh là là, j'aurais bien du mal...
"c'est très commode, on n'y peut rien"
Bien entendu. Par-delà quelques différences dans la propension à convertir et quelques épisodes historiques de conversion massive, et nonobstant Ruth, Paul et les autres, la religion, quelle qu'elle soit, reste à l'échelle des siècles un des traits les plus héritables du phénotype humain (sans qu'il ait rien de génétique). Je ne comprends pas comment on peut parler d'"adhésion", comme s'il y avait là un effort, un travail, un choix, et peut-être même —je suppute— une grandeur.
Je veux simplement dire que le cratylisme est un peu court pour parler de l'identité juive et que l'argument qui consiste à pointer l'incohérence de certains Juifs français attachés à l'identité juive d'Israel et en même temps anti-FN ne tient pas la route. L'identité revendiquée par le FN (tout au moins jusqu'à Marine Le Pen qui, si j'en crois l'entretien qu'elle a accordé à "Causeur" tout récemment, semble se distancer de la tradition du FN) est une identité païenne (immuable, enracinée, etc.) L'identité juive est plus dialectique. Me trompé-je, cher Alain Eytan ? Signalons par ailleurs que le FN est en général très mal vu en Israel (à de rares exceptions près) et pas seulement par la gauche post-sioniste mais par l'opinion moyenne.
À ceci près, cher JF Brunet, qu'en ce qui concerne le judaïsme, Bruno Chaouat n'a pas tort de parler d'"adhésion", mais cela concernant surtout le mode d'être religieux, qui est justement un effort, et un travail : la avodat Hachem, qui est le Travail du Créateur, désigne ce qu'implique le mode de vie particulier au juif pratiquant.
Et cela, de nos jours, à partir d'un certain âge de raison, si on en a un peu, il faut vraiment le vouloir.
À partir du divorce entre la religion et le peuple constitué de ceux qui originellement la pratiquaient, l'héritage, c'est à dire la matrilinéarité, a suffi pour appartenir au peuple, donc pour être Juif ; mais cette condition suffisante ne donne quand même pas encore toute la mesure, et de loin, de ce qu'est le juif, et certainement pas de ce qu'il doit être selon sa propre Loi.
» Je veux simplement dire que le cratylisme est un peu court pour parler de l'identité juive

Ah ! Si par cratylisme, en l’occurrence, on entend la coïncidence dont je parlai, entre l'héritage par critère biologique d'appartenance, et la manifestation, par le programme de vie adopté, du volet religieux de la chose, alors pour ce qui me concerne il la réalise pleinement.
Il n'y a en fait rien d'autre, si ce n'est quelques idées, éparses, vaguement caractéristiques, qui pourraient aussi bien se retrouver ailleurs ; ce seraient pour ma part les idées qui sont toujours courtes, et ce qu'on fait, ce qu'on manifeste en acte, qui réalise le degré de réalité le plus "entier".
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