Le site du parti de l'In-nocence

Les Nouveaux Dandys

Envoyé par Louis Piron 
11 juillet 2012, 20:00   Les Nouveaux Dandys
Les essentiels // Barbey d'Aurevilly : Du dandysme et de George Brummell

« Barbey d'Aurevilly caressa pendant quelque temps l'idée d'édicter une législation du dandysme. Mais comprenant très vite que cela le mènerait à une impasse -- législation et dandysme étant antinomiques -- il renonça. Il décida néanmoins d'offrir sa riche contribution à l'histoire et à la philosophie du dandysme en rédigeant son fameux traité Du dandysme et de George Brummell.

La première édition en 1845, fut tirée à trente exemplaires. Le traité rencontra cependant un très grand succès, par son sujet justement : un ouvrage différent serait tombé dans l’oubli s’il avait traité d’autre chose que d'un "homme frivole et qui avait passé pour le type le plus accompli de la frivolité élégante, dans une société difficile". Or, chacun, "dans le monde, se croit ou veut être élégant" : un ouvrage en français sur Brummell, prince des dandys, devient donc LA référence en matière de bon goût vestimentaire. Il y aura d'ailleurs deux rééditions augmentées, en 1861, puis en 1879, enrichie cette fois d’un texte sur Lauzun, "dandy d’avant les dandys".

Dans son traité, Barbey d'Aurevilly dresse tout à la fois, à grands traits, le portrait et la vie de Brummell ; ébauche ce qu'est et ce que n'est pas le dandysme ; émaille son propos de réflexions personnelles sur la Société en général.

George Bryan Brummell, né en 1778 à Westminster, de W. Brummell, esquire, secrétaire privé de Lord North, s'attire très tôt les grâces du Prince de Galles, à qui il impose son propre goût vestimentaire. Dès ce moment, la réputation de Brummell est faite ; son style, son esprit deviennent des références ; la légende se tisse. Brummell ne « fut qu’un dandy. Otez le dandy, que reste-t-il de Brummell ? » Il n’est rien de plus mais aussi rien de moins ! Dandy, « il le fut exactement, purement (...) il fut le dandysme même ».
Mais qu'est-ce que le dandysme alors selon Barbey d'Aurevilly et à la lumière de ce que fut le Beau ? "Ceci est presque aussi difficile à décrire qu’à définir. Les esprits qui ne voient les choses que par leur plus petit côté ont imaginé que le dandysme était surtout l’art de la mise, une heureuse et audacieuse dictature en fait de toilette et d’élégance extérieure. Très certainement c’est cela aussi ; mais c’est bien davantage (...) On peut être dandy avec un habit chiffonné (...) L’habit n’y est pour rien. Il n’est presque plus. C’est [donc] une certaine manière de porter [l’habit] qui crée le dandysme (...). Le dandysme est toute une manière d’être, et l’on n’est pas que par le côté matériellement visible. C’est une manière d’être, entièrement composée de nuances."

Le dandysme n'est donc pas que mise extérieure, il va plus loin. Il imprègne tout à la fois le corps, l'esprit et l'âme de celui qui s'en réclame. Et s'il y a des règles - non écrites, aux contours flous - il n'y a en tout cas pas de "recette" pour "devenir" dandy. "Le dandysme se joue de la règle et pourtant la respecte encore. Il en souffre et s’en venge tout en la subissant ; il s’en réclame quand il y échappe ; il la domine et en est dominé tour à tour : double et muable caractère ! (...) Comme les philosophes qui dressaient devant la loi une obligation supérieure, les dandys, de leur autorité privée, posent une règle au-dessus de celle qui régit les cercles les plus aristocratiques, les plus attachées à la tradition". En effet "ce qui fait le dandy, c’est l’indépendance. Autrement, il y aurait une législation du dandysme et il n’y en a pas... Tout dandy est un oseur, mais un oseur qui a du tact, qui s’arrête à temps et qui trouve, entre l’originalité et l’excentricité, le fameux point d’intersection de Pascal".

Quelles sont ces règles donc, à la fois respectées et contournées, posées par les dandys eux-mêmes ? Barbey d'Aurevilly en énonce quelques-unes et en cite d'autres posées par le Maître : "Pour être bien mis il ne faut pas être remarqué" ou "Un dandy peut mettre dix heures à sa toilette, mais une fois faite, il l’oublie. Ce sont les autres qui doivent s’apercevoir qu’il est bien mis". Brummell érige en principe du dandysme que "dans le monde, tout le temps que vous n’avez pas produit d’effet, restez ; si l’effet est produit, allez vous-en".
Le dandy doit aussi posséder quelques traits de caractère particuliers : l'ironie d'abord, "un génie qui dispense de tous les autres". Les mots de Brummell "crucifiaient", quel que fût leur destinataire (il en eut de très durs à l'endroit même du Prince de Galles), car il avait, en plus de l'ironie, l'impertinence, une impertinence qui "avait trop d’ampleur pour se condenser et tenir dans des épigrammes. Des mots spirituels qui l’exprimaient, il la faisait passer dans ses actes, dans son attitude, son geste et le son de sa voix." [...] »

La suite sur le site Des Nouveaux Dandys...
Utilisateur anonyme
11 juillet 2012, 20:51   Re : Les Nouveaux Dandys
En matière de dandysme, je mijote un petit quelque chose dont vous me direz des nouvelles...
Utilisateur anonyme
19 juillet 2012, 17:44   Re : Les Nouveaux Dandys
19 juillet 2012, 18:16   Re : Les Nouveaux Dandys
Soldat Leroy, corvée de patates !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter