Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 1423 : Sur une certaine image du sport

Communiqué n° 1423, mardi 7 août 2012
Sur une certaine image du sport

Le parti de l'In-nocence considère que le sport, évolution moderne de notre ancien desport, constitue bien une modalité aimable de l'épanouissement personnel ainsi qu'une expression collective de valeur dès lors qu'il reste fidèle à l'esprit de ses refondateurs, et partant qu'il se maintient dans le sillage, même lointain, de ses racines grecques. Il est donc perplexe quant à sa transformation, pour ne pas dire sa dénaturation, que l'on voit à l'œuvre depuis sa promotion télévisuelle et médiatique, avec la gangrène qui l'accompagne de l'argent sans limite, de la falsification spectaculaire, du vedettariat, gangrène qui culmine dans l'affreuse "gagne" comme de juste si laidement nommée. La domination de la force brute, le déni de l'adversaire, l'expression sans vergogne des passions les plus primaires, les cris et vociférations qui attestent de la disparition de tout geste et de toute tenue, la vulgarité affichée, la perte de tout esprit — réduit à un "mental" au service d'un physique toujours plus méthodiquement mathématisé —, cela au détriment de toute disposition esthétique et morale, font qu'il est devenu très difficile de goûter aux joies de ce divertissement, spécialement au moment de la manifestation olympique, qui devrait pourtant en être l'emblème. Dans cette optique où seul le résultat compte, où le fair-play semble désormais inenvisageable, on ne s'étonne pas de voir presque chaque événement sportif entaché de son lot d'affaires de dopage, d'embrouilles de vestiaires, de trafics, de corruption ; dès lors comment se réjouir de tels « succès », quand succès il y a ?

Le parti de l'In-nocence est toutefois, malgré ces considérables réserves, sensible aux victoires sportives qui lui apparaissent très occasionnellement, et toujours trop partiellement, tant soit peu "normales", pour reprendre un vocable cher au Président de la République : normalité de la performance, dès lors qu'elle est le résultat d'un travail irréprochable, de la part de jeunes gens dont le cursus est si possible marqué d'une excellence sportive et universitaire, normalité d'un comportement simplement heureux et digne en cas de victoire. Il sait gré aux quelques représentants français de cette élite sportive qui ont encore en mémoire ce que "sport" veut dire d'offrir à la France quand ils l'emportent des victoires qui lui ressemblent un peu mieux, après tant de honte et de gâchis ces derniers temps, ou de simplement la mieux représenter quand ils doivent s'incliner.
Citation
La domination de la force brute, le déni de l'adversaire, l'expression sans vergogne des passions les plus primaires, les cris et vociférations qui attestent de la disparition de tout geste et de toute tenue, la vulgarité affichée, la perte de tout esprit

Je trouve particulièrement choquant la manière dont certains sportifs se frappent violemment le coeur après avoir gagné une épreuve ou les regards de défi qu'ils jetent en direction de leurs adversaires quand ils réussissent un bon coup.
Sans compter les grimaceries et gesticulations égotistes en tout genre, dignes des plus minables rappeurs, que de nombreux coureurs de sprint servent à profusion aux caméras avides qui les filment en très gros plan avant le début de l'épreuve.
Les gesticulations, le masque, parfaitement simiesques, que le joueur de tennis marquant un point adresse à l'adversaire sont une insulte au genre humain.
Attention à ne pas fantasmer les racines antiques, grecques ou romaines, des compétitions sportives. Elles étaient alors tout à fait corrompues, l'argent y coulant à flot. On honorait les coureurs ou les lutteurs vainqueurs comme s'ils avaient découvert le théorème de Pythagore ; les conducteurs de char gagnaient alors des sommes qui feraient passer nos footballeurs, les basketteurs et les joueurs de football américain pour de pouilleux.
Les Français furent exclus du tournoi des V nations, entre les deux guerres, pour professionnalisme dissimulé.

Jamais la compétition sportive ne propre ou morale. Si le sport consiste à chercher le geste parfait, à pratiquer l'émulation dans l'effort, dans la solidarité, dans le perfectionnement, très bien, mais on le trouve peu de nos jours ce sport et jamais à la télévision.
Cela dit, les vrais sports, ceux qui exigent une maîtrise de gestes précis et une transformation du corps, produisent des athlètes plus sains et moins bêtes : il suffit de comparer le discours d'un tireur à l'arc, d'un escrimeur, d'un nageur avec celui d'un footballeur ou d'un cycliste. Dans une activité, on ne gagne pas d'argent, on la pratique pour sa beauté et pour la gagne (parfois), dans les autres, l'argent est puissant moteur

Léon Bloy : "Le sport est le meilleur moyen de produire une génération de crétin malfaisants."
Il me semble que Bélisaire avait été amené à massacrer plusieurs dizaines de milliers de "supporters" de l'époque dans l'hippodrome de Constantinople...

On voit donc que le sport moderne suit la tradition des Verts et des Bleus, mais en jouant, si j'ose dire, "petit bras".
Utilisateur anonyme
07 août 2012, 21:00   Re : Communiqué n° 1423 : Sur une certaine image du sport
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Ha, cher Didier, je sens dans ce communiqué un fond de morale stoïcienne.

Voyez ce que Galien disait déjà du sujet :

Quant aux autres occupations, vous savez par vous-mêmes, j'en suis persuadé, qu'il ne faut point, par exemple , appeler un art, ni ce talent qui consiste à voltiger , à marcher sur une corde mince, à tourner en cercle sans vertige, ni celui de Myrmécide d'Athènes, et de Callicrate de Lacédémone. Mais je crains que le métier d'athlète, qui se vante de donner la force au corps, qui procure un grand renom auprès de la multitude, et que nos ancêtres honoraient, aux frais de l'État, par des distributions journalières d'argent, qui est même estimé à l'égal des positions les plus illustres, ne séduise quelques-uns d'entre vous, jusqu'au point de vous le faire préférer à un art véritable. Je crois donc devoir vous mettre en garde contre cette profession, car on se laisse facilement égarer dans les choses sur lesquelles on n'a pas réfléchi.

L'homme, jeunes gens, tient à la fois des Dieux et des animaux sans raison, des premiers comme être raisonnable, des seconds comme être mortel. Le mieux est donc de s'attacher aux rapports les plus nobles et de prendre soin de son éducation ; si on réussit on acquiert le plus grand des biens ; si on échoue on n'a pas la honte d'être au-dessous des animaux les plus inutiles. Si les exercices athlétiques manquent leur but, c'est un affront; s'ils l'atteignent, on ne l'emporte même pas sur les brutes. Qui est plus vigoureux qu'un lion ou qu'un éléphant ? Qui est plus rapide à la course qu'un lièvre ? Qui ne sait que les Dieux eux-mêmes sont honorés seulement à cause des arts qu'ils ont exercés ? On ne décerne pas non plus aux personnages illustres les honneurs divins pour avoir bien couru dans le stade, lancé le disque, ou lutté
avec avantage, mais pour avoir rendu des services dans la pratique de leurs arts.



Nihil novi sub sole.
Puisque vous vous intéressez à l'acmé, quelques nouvelles de l'Olympe (les dates sont bici) :

En 388, le boxeur Thessalien achète Agio l'Arcadien, Prytanis le Cyzirénien et Phormion l'Alicarnassien.

En 384, Dicon (vainqueur au stade) est payé pour devenir Syracusien et, en 280, Sotadis, coureur de la course dolique, devient Ephésien.

En 332 Callipos l'Athénien, vainqueur au pentathlon, est puni pour avoir acheté ses adversaires. Athènes sera exclue des jeux pour n'avoir pas payé l'amende.

Source :

Paleologos
Les causes du déclin des anciens jeux olympiques.


On y a d'ailleurs la confirmation que les philosophes ne dédaignaient pas les gymnases, Dieu (et Socrate) seul sait pourquoi.
Utilisateur anonyme
07 août 2012, 21:33   Re : Communiqué n° 1423 : Sur une certaine image du sport
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Dans le cas d'espèce, Ἰωάννης et, comme tout est plus compliqué, comme il est dit dans les Actes des Apôtres (12:12)

Jean, surnommé Marc.

Ce n'est donc pas un prénom composé, Jean-Baptiste non plus.
Utilisateur anonyme
08 août 2012, 08:33   Re : Communiqué n° 1423 : Sur une certaine image du sport
oui Didier , le niveau monte :
- au début était le sport , et comme d'hab c'est chronique littéraire .
On peut aussi parler de sport ; moi aussi je m'intéresse à Lakmé , et j'en fais pas toute une théorie
pourtant Léo Delibe était un champion dans sa catégorie !

Certes tous ces gestes et vociférations sont comme des "marques" de chiens gâleux qui étaient plus souvent le fait de sports de chances de hasard et le plus souvent de balles ou de ballons , et d'une culture de la supériotité qu'on leur a accordé par une béate admiration ;
mais jamais dans l'athlé , imaginez Mimmoun , lever un doigt vengeur vers le ciel , mais c'était une autre époque , où Salvador chantait " nos ançêtres les Gaulois" , et Nino " je voudrais être un noir" .

Allez , aprés avoir couru un 10000 ou 41 km on n'a vraiment pas envie d'insulter , mais d'aller tout droit vers son compagnon de route pour le serrer trés fort dans ses bras !

Allez ne parlez pas de dopage , avec ou sans , lorsque vous avez couru à pieds ou en vélo pendant 2 , 3 , ou 6 heures
vous avez TOUTE mon estime de pratiquant !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter