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Belle lettre pastorale (bis) de Combaz, à l'occasion de l'Assomption

Envoyé par Virgil Waldburg 
Lettre pastorale bis

Un curé de base dissident, donc anonyme, ose adresser à Mgr Vingt-Trois une lettre qui servira de canevas à son sermon du 15 août, et qui amende les préceptes de l'Archevêché sur la perception de l'éducation, du mariage et des unions homosexuelles.

Monseigneur,
vous avez jugé utile de nous adresser une proposition de prière pour notre pays à l'occasion de la fête du 15 août, et je vous sais gré, en tant que prêtre, de nous laisser le choix de ce que nos paroissiens doivent entendre, à condition, bien entendu, que cela reste conforme à l'esprit du Christ. Je vous mets d'ailleurs, très fraternellement, au défi de trouver dans ce qui suit quelque chose qui s'en écarte.
J'emprunte les colonnes d'un écrivain dont un article récent m'a fait réagir et j'emprunte aussi sa plume , pour vous faire parvenir les réflexions que je m'apprête à livrer à ceux qui, chaque semaine, ont la bonté de m'écouter, et parfois de m'entendre. J'ai la chance de servir une paroisse dont les fidèles ne téléphonent pas à l'évêché pour se plaindre de ce je leur dis. Ils préfèrent me demander mon avis sur ce que vous écrivez.
Eh bien le voici.


Que vous demandiez à Dieu de nous rendre plus généreux encore dans la solidarité envers nos semblables me chagrine parce que le Christianisme avait naguère pour vocation la Charité, qui se distingue de la Solidarité par la nature des moyens qu'elle exige. La Charité n'a pas besoin, pour se nourrir et pour nourrir autrui, que l'on vote un budget. C'est donc elle qui intéresse d'abord les Chrétiens, surtout que nous vivons, comme vous le soulignez, une période de restrictions et qu'il n'y aura bientôt plus rien à puiser dans les finances publiques. C'est donc dans notre coeur qu'il faudra creuser pour faire jaillir la source de la Charité.

Ensuite je déplore que l'Archevêché de Paris prétende adresser ce qu'il appelle un "signal fort", parce que ces mots semblent sortis tout droit d'un congrès socialiste. Ils ont traîné partout, de réunions syndicales en salles polyvalentes. Ils sont donc malvenus sous la plume de l'Episcopat français. Je préfère, pour ma part, adresser, à ceux qui m'écoutent, d'humbles recommandations, ce qui veut dire que je ne me contente pas d'actionner une corne de brume afin de réveiller le pays par une clameur grossière, mais de parler, de murmurer au coeur de chacun. Pour lui dire quoi ? Pour lui enjoindre de s'écouter lui-même, et de juger, en son for intérieur, de ce qui est bon et raisonnable, à l'abri de la mode, des éditoriaux et des mots d'ordre, qui nous privent peu à peu de notre jugement.
Pour la quasi-totalité de l'opinion, l'amour d'un père et d'une mère est ce que la nature a trouvé de mieux afin d'assurer l'équilibre d'un enfant. Mais les exemples atypiques foisonnent, notamment dans le Tiers-monde, et dans la littérature des siècles passés en Europe. Au milieu des vicissitudes les plus étranges et des situations les plus diverses, se sont forgés souvent des destins exemplaires. Des adoptions improbables, des situations très peu conventionnelles ont souvent produit d'excellents résultats à condition que l'amour, le désintéressement, la charité , ne soient ni bafoués, ni dénaturés. Voilà donc ce que je dis à mes paroissiens : je vous fais entière confiance pour reconnaître ce qui est bon, si vous avez su rester bons vous-mêmes. Je vous invite à imaginer par exemple comment les enfants recueillis par Jean Valjean auraient accueillis les préceptes de l'Episcopat sur la famille .
Vous pensez-bien que dans ces conditions, la question de savoir avec qui vous partagez votre chambre, voire votre lit, devient entièrement secondaire. Cela permet non seulement de ne pas exclure ceux qui n'ont pas la même vie que les autres, mais de les dispenser de courir après le mariage et de pratiquer le mimétisme social jusqu'à contracter une union avec bénédiction et poignées de riz.
En d'autres termes, si nous avions plus d'estime naturelle envers les attachements profonds et durables, quels qu'ils soient, tous ceux qui vivent et parfois subissent leur sexualité différente seraient moins enclins à l'officialiser devant le maire. Enfin, il est important de rappeler les Chrétiens à leur propre sagesse, issue des temps de la persécution, et de comprendre que ce n'est pas en infligeant sa singularité à la majorité de la population qu'on la dispose à faire preuve de patience et d'amour. Il suffit pour cela d'en faire preuve soi-même, et c'est à quoi, en cette fête du 15 août, je vous invite sous le regard bienveillant de la Vierge Marie.
(Lettre pastorale bis)
Merci, Cher Virgil. Nous avons bien de la chance d’avoir Combaz dans le voisinage.
Citation
Des adoptions improbables, des situations très peu conventionnelles ont souvent produit d'excellents résultats à condition que l'amour, le désintéressement, la charité , ne soient ni bafoués, ni dénaturés. Voilà donc ce que je dis à mes paroissiens

Superbe lettre.
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