« Laïcité: pourquoi Marine Le Pen a raison », par Karim Ouchikh

Je place ici le texte que m’a fait parvenir notre ami Karim Ouchikh, et bien qu’il ne corresponde pas exactement aux vues de l’In-nocence, que reflètera mieux, je l’espère, un communiqué actuellement soumis au vote sur le forum des membres du parti.



Laïcité: pourquoi Marine Le Pen a raison

Que le christianisme et le judaïsme aient partie liée avec l'héritage historique de la civilisation française, nul n'en disconvient. D'ailleurs, cette réalité historique a permis jusqu'à présent à ces deux religions anciennement implantées en France, la première davantage que la seconde, de revendiquer l'une comme l'autre une visibilité légitime aussi bien dans l'espace public que dans les débats de société : de la présence de calvaires sur les routes de nos campagnes à la toponymie d'inspiration chrétienne des noms de nos communes, du port discret de la kippa par les juifs pratiquants à l'adaptation pragmatique des dates de concours scolaires aux contraintes du calendrier liturgique israélite, l'inconscient collectif français reste marqué en profondeur par ces puissants repères identitaires.
Toutefois, depuis peu, la donne religieuse a profondément changé dans notre pays avec l'enracinement durable dans le tissu de la société française d'une religion importée, l'islam, dont les caractères singuliers heurtent foncièrement les traits culturels traditionnels de la civilisation française ; le poids numérique croissant de ses fidèles, la vitalité de son action pastorale et la radicalité de son discours prosélyte concourent de surcroît à faire de l'islam une confession à part, distinguant nettement celle-ci des autres religions monothéistes pratiquées en France, pour la plupart aujourd'hui en déclin.
Imposant à l'Etat une stricte neutralité dans l'exercice des cultes, la laïcité à la française est devenue désormais impuissante à enrayer les débordements endémiques auxquels l'exercice de la religion musulmane donne lieu ici ou là en France. Certes, avec la loi adoptée en février 2004 prohibant le port de signes ostentatoires à l'école et celle votée en octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, les pouvoirs publics se sont appliqués à contenir sporadiquement l'expansion de pratiques religieuses contestables, mais celles-ci ne cessent, ailleurs, de s'imposer autoritairement comme autant d’écarts de conduite collective : du scandale des prières de rues au rite de la viande hallal qui dicte sa loi dans les cantines scolaires ou dans les abattoirs français, la liste est longue de ces pratiques religieuses régressives qui ne font aucunement l’unanimité dans notre pays.
Ce bouleversement radical du paysage religieux français, source de bien de dérives communautaristes, impose avec urgence l'obligation de redéfinir en profondeur notre rapport aux religions, notamment en reformulant sans attendre le concept imprécis de laïcité qui, dans sa pratique courante, laisse jusqu'à présent aux fidèles de confessions juive ou chrétienne la liberté d'afficher librement dans l'espace public les signes extérieurs de leurs appartenances religieuses respectives. Confronté, avec l’irruption de l’islam sur le devant de la scène, à la multiplication de manifestations religieuses inédites, si peu conformes aux traditions séculaires de la France, notre pays se doit de maîtriser cette considérable mutation anthropologique, en invitant les fidèles de toutes confessions religieuses, ainsi que leurs autorités cultuelles, à accomplir pareillement, par la voie de la concertation, un vaste compromis historique au nom du Bien commun et de l’unité nationale.

Autrement dit, restant sauves la prééminence culturelle de la religion chrétienne en France et la liberté de chaque croyant de pratiquer librement sa foi au for intérieur, les fidèles de toutes confessions auraient à accepter à l’avenir de ne plus afficher ostensiblement dans l'espace public leurs signes religieux distinctifs. Assurément, il s'agirait là d'une atteinte indiscutable au droit de chaque individu d'exercer pleinement sa foi, mais cette entorse assumée, au demeurant toute relative, à cette liberté publique fondamentale ne serait-elle pas en vérité le prix qu’il nous faudrait payer pour préserver collectivement, dans un même élan salutaire, une paix civile qui demeure d’autant plus fragile à conserver que la France doit désormais s’accommoder durablement de la présence conflictuelle sur son sol d’une pluralité de confessions religieuses et du poids grandissant d'un islam décomplexé ?
En prônant ouvertement l’interdiction dans l'espace public le port du voile religieux et de la kippa, mais aussi de tout signe ostensible de la foi chrétienne, en considération du seul intérêt général, Marine Le Pen a pris une initiative courageuse et équitable qui vise au fond, dans le dessein de conjurer tout risque de fragmentation de la société française, rien moins qu'à relancer un débat jusqu’alors soigneusement occulté pour mieux ouvrir à la réflexion collective l’épineuse question de la refondation de la laïcité en France.
Ce vaste chantier politique, qui ne doit souffrir demain dans son expression d'aucun interdit ni tabou, ne se refermera certainement pas de sitôt.


Karim Ouchikh
23 septembre 2012

Très bien, ce texte ! Ne pourrait-on pas inviter Me Ouchikh à participer au Forum ?

La présence d'une femme voilée n'a jamais déclenché d'émeute. L'ordre public n'est pas menacé par les signes religieux visibles. En quoi cette interdiction est-elle légitime? Faudra-t-il ajouter une nouvelle infraction au Code pénal? Trouvera-t-on des policiers pour la constater et des procureurs pour poursuivre?

C'est la politique d'immigration et d'assimilation qui est en cause. Vous pouvez (peut-être) interdire l'accès à la nationalité ou à un visa à des personnes qui portent le voile au motif que c'est incompatible avec la citoyenneté française.

Mais une fois cette nationalité acquise où le visa délivré il serait injuste de leur interdire le port du voile.

Politique d'Epiméthée.

Si l'on suit Monsieur Ouchick et Madame Le Pen et si l'on s'astreint à faire disparaitre de l'espace public tous les symboles religieux qui risquent d'offusquer les fidèles d'autres religions, c'est un gigantesque travail de démolition qu'il va falloir entreprendre. Nos calvaires à la croisée des chemins, nos statues de saints et de vierge sur les façades de quelques une de nos vieilles maisons, nos entrées de cimetière (Riposte laïque signale un premier méfait de cet ordre), nos enseignes de pharmacie peut-être (Il y avait eu un Hoax là dessus il y a quelques mois, prémonitoire apparemment) tout cela est à détruire sans tarder.
Qui peut souscrire à cet abandon de notre identité visible pour ne pas choquer le nouvel arrivant. Comment croire que cette reculade ne sera pas comprise par les musulmans importés comme une victoire sur les autochtones. Il n'est pas question de céder un pouce de terrain mais d'affirmer que ceux qui veulent rester chez nous doivent nous prendre tels que nous sommes et se plier à nos règles. Si notre société, notre fréquentation, ce que nous sommes, ne leur conviennent pas, qu'ils s'en aillent. Marine Le Pen se trompe gravement si elle pense que l'érection de la laïcité en norme sociale absolue éloignera les tempêtes qui s'annoncent. C'est plutôt campés sur nos racines, adossés à notre héritage historique, sous nos armes et nos étendards qu'il faut faire face à l'adversaire : la France n'a pas commencé en 1789, elle ne se réduit pas à la République laïque.

Allons, cher Alain L., n'ayez pas peur : « Autrement dit, restant sauves la prééminence culturelle de la religion chrétienne en France... »

Citation
Jean-Michel Leroy
Allons, cher Alain L., n'ayez pas peur : « Autrement dit, restant sauves la prééminence culturelle de la religion chrétienne en France... »

A certes, je n'ai vraiment pas peur de le dire.

Nos hommes politiques sont atteints de myopie prononcée. Leur vision des rapports avec les musulmans et l'islam est étroitement limitée à l'espace national. Qu'ils chaussent les lunettes convenables et ils verront alors des pays musulmans renforçant par lois et par violence la prééminence de l'islam sur toute autre religion, celle de la religion sur toute autre source du droit, et celle des autochtones sur les immigrés et leurs descendants. La comédie de la République qui ne fait pas de distinction entre ses citoyens et celle de la Laïcité qui abolit toutes les distinctions religieuses ou culturelles ne se joue que sur nos territoires et ne nuit qu'à nos sociétés.

Autrement dit, restant sauves la prééminence culturelle de la religion chrétienne en France et la liberté de chaque croyant de pratiquer librement sa foi au for intérieur, les fidèles de toutes confessions auraient à accepter à l’avenir de ne plus afficher ostensiblement dans l'espace public leurs signes religieux distinctifs.

Je comprends mal cette phrase, voici concrètement pourquoi, à partir de quelques exemples, il y en a bien d'autres.


Dans mon village, l'usage est que pour l'Assomption et à la Toussaient aient lieu des processions. Doivent-elles perdurer au titre de la prééminence culturelle ou céder au titre du principe de non-affichage ?

Dans ce même village, l'usage est que les cloches sonnent pour la messe. Même question.

Dans ce village, l'usage est que, sur une nouvelle tombe catholique soit placée une croix. Le cimetière est public. Même question.


Au fond, il me semble que Mme Le Pen enfourche un bien mauvais cheval : la France a un problème avec les salafistes, pas avec les porteurs de kippa.

Si Mme Le Pen pense que restreindre les droits immémoriaux des catholiques est un moyen de régler les problèmes avec les salafistes, il se peut fort qu'elle doive espérer parvenir au pouvoir sans les voix des catholiques.

Citation
Jean-Marc
Au fond, il me semble que Mme Le Pen enfourche un bien mauvais cheval : la France a un problème avec les salafistes, pas avec les porteurs de kippa.
Si Mme Le Pen pense que restreindre les droits immémoriaux des catholiques est un moyen de régler les problèmes avec les salafistes, il se peut fort qu'elle doive espérer parvenir au pouvoir sans les voix des catholiques.

Accord total. Pas un mot à changer!

Citation
Alain L.
Nos hommes politiques sont atteints de myopie prononcée. Leur vision des rapports avec les musulmans et l'islam est étroitement limitée à l'espace national. Qu'ils chaussent les lunettes convenables et ils verront alors des pays musulmans renforçant par lois et par violence la prééminence de l'islam sur toute autre religion, celle de la religion sur toute autre source du droit, et celle des autochtones sur les immigrés et leurs descendants. La comédie de la République qui ne fait pas de distinction entre ses citoyens et celle de la Laïcité qui abolit toutes les distinctions religieuses ou culturelles ne se joue que sur nos territoires et ne nuit qu'à nos sociétés.

L'interdiction du voile doit donc être posée lors de la demande de visa ou de la nationalité. Après c'est trop tard et c'est injuste.

Mais en liant cette interdiction à la possibilité de rester sur le territoire la république poserait que l'Islam est étranger à notre civilisation. Et elle soulignerait indirectement les origines chrétiennes de la France.

La république fut, est et restera anti catholique : "périsse la France plutôt qu'un principe laïciste".

Ce texte est en effet très intéressant, mais consentir d'emblée au très grand sacrifice qu’impliquerait l'adoption du principe, sans avoir une idée bien nette du détail de ses conséquences, ce n'est pas évident.

Une simple question : la kippa est un signe d'appartenance religieuse mais qu'en est-il du voile islamique ? S'agit-il d'un signe religieux ou d'un signe politique ?

Citation
Véra
Une simple question : la kippa est un signe d'appartenance religieuse mais qu'en est-il du voile islamique ? S'agit-il d'un signe religieux ou d'un signe politique ?

Pertinente question. Il y a bien, dans le port du voile intégral, dans l'espace public français, de la part de personnes vivant sur notre sol et dans le contexte actuel, une intention d'affirmer agressivement et ostentatoirement une appartenance religieuse (et ethnique le plus souvent), attitude qui ne procède pas du respect de leur foi mais du mépris de nos moeurs, de nos usages et maintenant de nos lois. C'est une déclaration de guerre qui doit être comprise et traitée comme telle.