Culture et abrutissement: "l'ambition est forte"

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L'abrutissement ne doit pas être réservé aux masses: ces temples de la vie intellectuelle qu'étaient les bibliothèques doivent s'y mettre aussi. C'est ce qu'a bien compris la Bibliothèque nationale de France (BnF), qui se porte à l'avant-garde de ce créneau habilement conçu pour "attirer les jeunes à la culture", suppose-t-on. Pour mieux les attirer, il faut suggérer au directeur de la BnF d'apprendre à porter un nez rouge, un costume à rayure et de s'entraîner à marcher sur les mains, comme le clown de la chaîne de restauration rapide McDonald. Faut c'qui faut, moi je dis.

Allons, Marche, avouez que vous aussi, de temps en temps, vous prenez votre AK47 et descendez quelques piétons innocents dans GTA !

D'abord, non, cher Leroy. Jamais je ne ferai cela et ne l'ai jamais fait -- sans doute ai-je dû faire bien pire dans ma vie mais sans doute pas cela. Ensuite une bibliothèque, .... non. Rien.

Je vous taquine. Il est évidemment désastreux que dans les bibliothèques, on ne trouve désormais plus que tout... sauf des livres.

Avec la prise en compte des oeuvres d'art dans le calcul de l'ISF, cela fait "bonne mesure", si j'ose dire. Dieu merci ! lorsque les Français n'auront plus d'autres ressources que d'aller à l'étranger pour découvrir leur patrimoine, il leur restera le rap, le couscous et les "arts" de rue, biens culturels nationaux inestimables.

On devine très bien la suite : des postes de maîtres de conférences seront bientôt créés pour des individus qui auront soutenu une thèse sur l'histoire ou l'esthétique du jeu vidéo, phénomène artistique, sociologique et culturel majeur de notre temps, dont on ne saurait dire et penser que du bien. Ils publieront dans des revues savantes, organiseront force symposiums, etc.

C'est bien ce qui se dessine, en effet, cher Davoudi. A présent, on soutient des thèses sur à peu près tout.

Absolument Davoudi. Et pendant ce temps la recherche du sens, les tentatives de réponses aux questionnements fondamentaux, métaphysiques, qui taraudent tout adolescent, quel qu'il soit, et qui bien entendu chez les plus démunis restent inexprimés faute de moyens, cette recherche, et ces réponses seront naturellement et de plus en plus laissées, puis délibérément confiées aux imans et aux barbus à Kalachnikov véritables (non virtuelles et ludiques celles-là), quand ceux-là diront désapprouver-mais-comprendre les terribles exactions de ceux-ci.

La France, l'Occident, abandonnent leur jeunesse à la compétition sportive et vidéasque, à l'impensé, à l'impensable, au surtout-ne-point-risquer-de-penser, invitant passivement les Barbus à combler ce vide fondamental, leur donnant, en quelque sorte et dans cette entreprise précise, carte blanche.

Parfaitement, Cher Francis Marche. Les islamistes triomphent dans les banlieues car ils sont les seuls à proposer quelque chose d'à peu près sérieux, de cohérent, et même d'exigeant (d'une certaine et triste manière).
Face à cela, tout ce que nous avons à proposer, c'est de la fête, de la culture de l'excuse, de l'école pédagogisée, de la haine de soi, de l'hébétude, du laxisme, des truismes, du ridicule, de l'inexigence, de l'inhéritage, de la farce, du soi-mêm'isme, du c'est-vrai-qu'isme, des intentions obscènes à force d'être bonnes, une langue en lambeaux, et j'en passe (vous savez tout cela aussi bien que moi). Comment voulez-vous qu'ils jouent le jeu ?

Intéressante, cette orthographe : soi-mêm'isme.

Comme il semble que Merah était lui aussi un aficionado, autant former le plus rapidement possible de jeunes vidéo-guerriers dégourdis qui pourront faire pièce à ses futurs émules.

Mais si jamais vous échouez dans une librairie où il n'y aurait plus que de ces jeux, Francis, je conseille Sleeping dogs : on a quelque plaisir à se balader en Ferrari dans Hong-Kong assez bien reconstituée, les pépées sont aguichantes (hélas, pas de hard), l'on s'y bat à pieds et mains nus, pour changer, et peut y réussir un flying jump kick impeccable.

La jeunesse a grand besoin de s'amuser mais elle éprouve de même un besoin tout aussi grand de sérieux. C'est son paradoxe, et cela déroute toujours les grandes personnes dont l'amplitude des penchants à cet égard est beaucoup plus réduite. Ce régime qui prend les jeunes pour des petits singes qu'il faut divertir, flatter et dont il faut occuper les mains et la glande de l'excitation tous azimuts, évidemment, ne s'en avise pas. Et quand il s'en avisera, il sera trop tard: les Merah se compteront par milliers, au grand dépit des directeurs de BnF qui, comme d'habitude, ne comprendront rien à ce qui se passe.

Les grandes personnes... Cher Marche, allons, ça n'existe plus.

Je suis d'accord avec Davoudi et Francis Marche : la société occidentale offre d'elle une image abjecte qui décourage les non occidentaux de s'y intégrer encore moins de s'y assimiler. Mais ne nous égarons pas : La société musulmane, image inversée de la nôtre, est au moins aussi abjecte. La différence est que leur abjection rend les musulmans forts, alors que la nôtre nous rend faibles.
Quand les élites occidentales qui ne cessent de renier leur civilisation et leurs valeur lorsqu' il s'agit de courtiser les musulmans ( mais s'y arc-boutent aveuglément jusqu'aux pires absurdités sociétales quand il s'agit de complaire à la frange bobo de la population ou faire la morale aux électeurs du front national) s'apercevront-elles que c'est précisément ce reniement de "gonzesses" qui fait perdre tout crédit moral à l'occident et encourage les vocations djihadistes ?

Cassandre

Justement cher Dangle: leur rappeler en les nommant qu'ils n'existent plus, pour leur faire honte. Les mots disparaissent, le brouillard ontologique s'installe. Qu'est-ce qu'un homme de 40 ans qui va à trottinette, collectionne les jeux vidéos et passe dix-heures par semaine sur Facebook ? Réponse: une grande personne dans un univers autre, celui qui faillit à exister et dont ont besoin les jeunes.

Dix heures par jour, voulez-vous dire !

C'est curieux, en lisant le titre de votre message, j'ai tout de suite pensé à la Bibliothèque nationale. Cette institution qui s'est dotée d'une mission "diversification des publics" ne manque en effet pas d'idées et de projets pour attirer vers elle un nouveau public qu'elle nomme pudiquement "le public du champ social". La lecture de son blog "La BnF pour tous" est à cet égard très instructive. Très attristante aussi.
[blog.bnf.fr]

Anne effet...

[blog.bnf.fr]

Heureusement qu'avec un budget de la Culture en baisse de plus de 4% en 2013 on peut espérer que ces idées et ces projets (d'ailleurs bien convenus, les unes et les autres) resteront en partie lettre morte. Les seuls bénéficaires des largesses de l'Etat et des Collectivités territoriales étant désormais les divers Français de papier, on non (encore) Français, mais non moins divers et prolifiques, vive les restrictions budgétaires, vive la disette, à bas les grands projets, à bas le Grand Paris... et les Grandes Bibliothèques.

Le pire dans ce choix démagogique qui cherche à flatter la régression et le goût commun (qui n'est qu'absence de goût si ce-dernier repose sur une approche critique et non sur un réflexe pavlovien conditionné par le conformisme ou l'absence de culture), c'est que des institutions publiques comme des médiathèques font le jeu (sic) de la promotion de ces jeux vidéos qui posent chez nombre de jeunes, un problème de santé publique !

En un mot, c'est une démarche aberrante.

Cf publication du ministère de la santé :
[www.sante.gouv.fr]