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Attali : pourquoi faudrait-il accepter le prénom que nos parents nous imposent?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Cet homme est extraordinaire : "Les prénoms diront alors non pas ce que nos parents ont rêvé pour nous mais ce que nous rêvons pour nous-même, ce qui est, sans doute, au moins aussi important."

Le choix d'un prénom, pour chacune de mes filles, a été un casse-tête. Ma compagne et moi voulions que celui-ci soit beau (de notre point de vue), pas ridicule (pas de Priscillia, de Brendon ou ce genre de choses) mais surtout qu'il signifie quelque chose : prénom en hommage à nos parents, grands-parents ; prénom d'origine bretonne aussi.

Le choix a été difficile car il était d'importance. Ce monsieur m'apprend donc que nous étions bien stupides, bien égoïstes : chaque enfant, ou plutôt chaque adulte puisque le choix se fera à 18 ans, doit pouvoir choisir SON prénom. J'attends donc avec crainte les 18 ans de mes filles.

A quand des enfants qui pourront choisir leurs parents ?

L'Express : Pourquoi faudrait-il accepter le prénom que nos parents nous imposent?

Par Jacques Attali

Notre chroniqueur Jacques Attali propose de modifier l'article 60 du Code civil pour affirmer qu'il appartient à chaque personne, à partir de l'âge de 18 ans, de choisir librement son prénom. Ne pourrait-on laisser chacun choisir librement, à l'âge adulte, son prénom, s'interroge Jacques Attali.


En ces temps de réflexion sur les libertés nouvelles que chacun pourrait se voir accorder, il en est une, à laquelle nul ne réfléchit assez, à mon sens, qui concerne l'identité. Pourquoi faudrait-il accepter le nom, et le prénom que nos parents nous imposent? Ne peut-on s'en choisir un? Au moins, pour commencer, ne pourrait-on laisser chacun choisir librement, à l'âge adulte, son prénom?

On connait tous des gens qui souffrent affreusement du prénom dont on les affublés. Dans le passé, la plupart des gens s'y résignaient. De plus en plus le refusent et utilisent leur deuxième prénom, ou un troisième ou un pseudo. Autorisons cela beaucoup plus librement.

Un peu d'histoire: au départ, dans toute culture, le prénom est une nécessité pour distinguer les membres d'une tribu et une façon de marquer l'enfant comme la propriété de ses parents et de ses ancêtres. Il porte aussi des vertus magiques et il est même des cultures où il doit rester secret, comme chez les Navajos ou les Mongols (cultures en fait tres proches) pour conserver sa force protectrice contre les mauvais esprits.

Pendant tres longtemps, le prénom suffisait pour désigner quelqu'un et les noms de famille n'existent pas. C'est encore vrai à Athènes, chez les Hébreux, à Rome et pendant tout le premier millénaire européen: Alexandre est connu comme tel Jules n'est pas le prénom de César; Michel Angelo, comme Rembrandt, sont des prénoms.

C'est encore vrai dans de nombreuses civilisations aujourd'hui: en Russie, il est poli de nommer quelqu'un par son prénom suivi de celui de son père, sans son nom. Et on nomme encore aujourd'hui d'un seul prénom suivi d'un numéro les monarques et les papes.

Les noms de famille n'apparaissent qu'à la fin du Moyen-Age, en Europe, quand la croissance démographique et la mobilité des gens exigent une précision pour nommer ceux qui portent le même prénom. Ces noms de famille désignent d'abord des lieux ou des métiers, puis se modifient, au gré des fantaisies des registres d'état civil.

Les prénoms ont eux aussi, au départ, des significations oubliées: qui se souvient que Quentin veut dire "cinquième", Octave "huitième", Benjamin "fils du Sud", Mélanie "brune" ou Vladimir "prince régnant pacifiquement".

Le choix des prénoms est d'abord imposé par le père et il est souvent celui des grands parents. Pour les migrants, les prénoms des enfants est depuis toujours la première façon de s'intégrer dans une culture, en puisant parmi ceux du pays d'accueil. Aujourd'hui, en particulier dans les sociétés où le tutoiement n'existe pas, le prénom reprend le pas sur les noms pour désigner les gens. Et ils retrouvent une importance considérable.

Seulement voilà, il est très difficile d'en changer. En France, en particulier, l'Article 60 (Loi 93-22, 8 janvier 1993) du Code Civil exige pour cela de justifier que le prénom porte vraiment tort et donc "d'un intérêt légitime". "La demande est portée devant le juge aux affaires familiales à la requête de l'intéressé ou, s'il s'agit d'un incapable, à la requête de son représentant légal.... Si l'enfant est âgé de plus de treize ans, son consentement personnel est requis."

Je propose de modifier cet article du Code Civil, pour affirmer qu'il appartient à chaque personne, à partir de l'âge de 18 ans, de choisir librement son prénom.

Il doit cependant y avoir une limite à cette liberté, comme à toute autre: on ne peut aller jusqu'à consommer des prénoms comme des objets de mode, en en changeant chaque année. Ce choix, une fois fait, sera irréversible. Les prénoms diront alors non pas ce que nos parents ont rêvé pour nous mais ce que nous rêvons pour nous-même, ce qui est, sans doute, au moins aussi important.
Jacques Attali est vraiment un monstre. Un mondialiste, un apatride, un destructeur de civilisation.
Quel nouveau prénom Jacques Attali pourrait-il bien se choisir ? Pourrait-il prendre, par exemple, un prénom féminin ?
Citation
Guillaume Bazin
Quel nouveau prénom Jacques Attali pourrait-il bien se choisir ? Pourrait-il prendre, par exemple, un prénom féminin ?

Ou encore: et si la progéniture insatisfaite de son prénom l'était carrément de ses géniteurs, pourrait-elle aussi en changer?
Il doit cependant y avoir une limite à cette liberté

Il n'y a cependant pas de limite à la diversion, fille illégitime du divertissement, et cousine du Grand Dérivatif, ce dernier lui-même filleul de son oncle l'Embobineur. Jacques Attali, s'il n'existait pas, la modernité l'aurait inventé. L'homme, depuis quarante ans, se révèle intarissable petit volcan de bulles modernistes, de visions qui font "pop". Qui font pop. Le bonhomme doit être un avatar du Comte Saint-Germain: jamais il ne prendra sa retraite. La glu Attali nous enterrera tous.
Citation
Guillaume Bazin
Quel nouveau prénom Jacques Attali pourrait-il bien se choisir ? Pourrait-il prendre, par exemple, un prénom féminin ?

Pas la peine de changer de sexe, Attila Attali serait assez comique.
Ne désespérons pas d'une bonne idée accidentelle du grand Jacques:

Cette proposition ouvre une porte d'assimilation salutaire à tous les Mohamed qui n'aspirent qu'à s'appeler (et être de vrais) Jean-Paul.
Citation
Emmanuel Michon
Ne désespérons pas d'une bonne idée accidentelle du grand Jacques:

Cette proposition ouvre une porte d'assimilation salutaire à tous les Mohamed qui n'aspirent qu'à s'appeler (et être de vrais) Jean-Paul.

Ou des pauvres Jean-Paul des tés-ci qui en veulent à leurs parents de ne pas les avoir appelés Mohamed (ou Dylan)
Ou des pauvres Jean-Paul des tés-ci qui en veulent à leurs parents de ne pas les avoir appelés Mohamed (ou Dylan)

Dylan (ou Teddy).
Citation
Christophe Rivoallan

L'Express : Pourquoi faudrait-il accepter le prénom que nos parents nous imposent?

Par Jacques Attali

Un peu d'histoire: au départ....

Pendant tres longtemps, le prénom suffisait pour désigner quelqu'un et les noms de famille n'existent pas. C'est encore vrai à Athènes, chez les Hébreux, à Rome et pendant tout le premier millénaire européen: Alexandre est connu comme tel Jules n'est pas le prénom de César; Michel Angelo, comme Rembrandt, sont des prénoms.

C'est encore vrai dans de nombreuses civilisations aujourd'hui: en Russie, il est poli de nommer quelqu'un par son prénom suivi de celui de son père, sans son nom. Et on nomme encore aujourd'hui d'un seul prénom suivi d'un numéro les monarques et les papes.

Les noms de famille n'apparaissent qu'à la fin du Moyen-Age, en Europe, quand la croissance démographique et la mobilité des gens exigent une précision pour nommer ceux qui portent le même prénom.

Cet article a au moins le mérite de nous apprendre que Jacques Attali n'a pas lu Chateaubriand et ses mémoires d'Outre-tombe dans lesquelles il explique que les nobles utilisaient avec une grande parcimonie leur prénom. La raison horrifierait les tenants du « soi-mêmisme » (excusez-moi ce néologisme emprunté à Renaud camus) : tout enfant issu de la noblesse se devait de travailler toute sa vie à un nom sans tache car il représentait davantage ses ancêtres que lui-même. Il est instructif de noter que l’on retrouve cette attitude chez les paysans recherchant dignité, humilité et reconnaissance (notion à considérer sous la forme principalement de devoir et non de droit, la reconnaissance à l’égard de ses ancêtres).
Cette attitude est d'ailleurs résumée dans la formule "arrière-pays moral" entendue au cours de l'emission Répliques du 10 novembre 2012.
Sauf que la noblesse, aux noms à la rallonge, insuffisamment raccourcie lors des évènements que vous savez, s'est ensuite évaporée.

La France du peuple se désigne et se désignait par prénoms et sobriquets. Nobles nous ne sommes point, nos particules sont d'emprunt, à la Giscard, nous n'avons pas de blason à défendre, nous venons de la glèbe où nous retournerons. Jacques Bonhomme, qui jamais à l'étranger ne s'allia, vaut Condé. Voltaire, qui n'avait pas de nom, vaut Rohan, qui termina le sien.

Et antiquum documentum : Novo cedat ritui. Foutre donc du nom, et vive le prénom, comme disait mon grand inspirateur, le "Père Duchesne du Masnau".
Sortie surprenante M. Jean-Marc du Masnau - votre amour de la loi se marie donc avec votre appréciation du prénom sur le nom...
Renaud,

Dans la France d'avant la Révolution, l'importance du prénom est beaucoup plus grande que celle du nom pour l'immense majorité de la population. Seule la noblesse s'attache au nom.

Dans la France rurale des années 60, les personnes sont souvent désignées par un prénom et un sobriquet, pas par un nom.

L'usage du nom dans les classes bourgeoises est une importation de l'usage victorien.
Souhaiter que les nobles aient tous été guillotinés n'est pas attitude très in-nocente !
Pour ce qui est du bon mot de Voltaire, la suite lui a donné tort. Voltaire ne commença aucun lignée, celle des Rohan survit en Autrice et en France avec une abondante descendance. A Rohan, le duc fait toujours flotter ses armes quand il y est.
Le nom de famille est celui d'une lignée, pas d'un individu. Il crée donc des obligations, car on le transmet à ses enfants, il est celui de ses neveux (et nièces qui le garderont si elles ne se marient pas). Noble ou pas, ce nom s'hérite avec sa réputation et se transmet avec sa réputation.
S'appeler Pétain est plus difficile aujourd'hui que s'appeler Foch - alors qu'ils furent un temps tous deux fêtés.
Lisez ou relisez les analyses très importantes de Pierre Legendre sur la fonction du nom (de famille). C'est la fonction paternelle par excellence, puisque c'est le père qui donne son nom tandis que la mère donne la vie. Donner son nom n'implique pas qu'on soit véritablement le père biologique : le mari est réputé le père de l'enfant en l'absence de preuve contraire. On sait qu'une part non négligeable des enfants ne sont pas vraiment les enfants de leur père : jusqu'au test d'ADN, on n'avait aucun moyen de le vérifier, et les enfants étaient élevés dans une relative ignorance de leur vraie ascendance.
Attaquer les noms (comme le firent les socialistes en modifiant la règle de leur transmission), attaquer le mariage, c'est chaque fois mettre en danger les conditions de la filiation, de la reproduction de la communauté en désorganisant le renouvellement de ses membres. Les socialistes taxent le patrimoine, l'héritage matériels - et s'étonnent que le patrimoine et l'héritage spirituels soient atteints (l'inculture, l'ignorance croissant) : les deux sont liés. Les socialistes s'étonnent de la violence et de la perte de repère qui règne dans les quartiers les plus défavorisés : en désorganisant la filiation et la famille, ils pérennisent cette violence et ce chaos d'où sourd la violence.
Malheureusement, la droite qui n'est droite que par ses options économiques, pas par ses positions sociales et culturelles, ne formule guère d'objection à cette dissolution en cours.
Ce qui rend possible le Grand Remplacement, c'est aussi la Grande Dissolution des Institutions !
Mais enfin, cher ami, je ne suis pas Davoudi, je ne prends pas au sérieux tout ce que j'écris : je parlais de rallonge raccourcie.

Par exemple, les d'Avout devinrent Davout.

Je ne connais pas bien les travaux de Legendre.

J'ai en revanche lu beaucoup de chroniques historiques et judiciaires : on voit que l'usage ancien est davantage le sobriquet que le nom (ou alors une appellation du type "Pierre de (nom de la ferme ou du hameau)".

Cet usage cède au XIXème dans les villes, plus tard dans les campagnes.
« on voit que l'usage ancien est davantage le sobriquet que le nom (ou alors une appellation du type "Pierre de (nom de la ferme ou du hameau)" »

Oui, dans la paysannerie, mais pas ailleurs. Vous auriez dû, par solidarité rétrospective, choisir de vous appeler Jean-Marc Bonhomme.
Hélas non , car ce fut un révolté, et je suis pour l'ordre. Pour l'usage du prénom, même remarqué pour l'artisanat urbain et, aussi, pour les évêques et les abbés.
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