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Communiqué n° 1508 : Sur le sexe des anges

Communiqué n° 1508, lundi 7 janvier 2013
Sur le sexe des anges

Le parti de l’In-nocence observe que le ridicule débat national sur la question dite du “mariage gay” prend de l’ampleur au point qu’une majorité de Français, sans doute conditionnés par le complexe médiatico-politique, en seraient à souhaiter, sur un sujet aussi parfaitement dérisoire, rien de moins qu’un référendum. Il considère pour sa part que depuis les fameuses discussions théologiques sur le sexe des anges, à Byzance, tandis que les Ottomans assiégeaient la ville et se préparaient à s’en emparer pour la garder jusqu’à nos jours, on n’aura jamais vu si tragique disproportion entre le destin d’une nation et les questions insignifiantes dont elle amuse son agonie. Si notre peuple doit disparaître et notre histoire prendre fin, comme celle de l’empire byzantin en 1453, serait-ce trop demander, puisque personne ne semble vouloir réagir, qu’au moins ce soit dans la dignité et le silence ?
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
la pertinence de votre analogie sera pleinement confirmée par le fait qu'on la retrouve dans un article de Jérôme Leroy dans Causeur : [www.causeur.fr]
Cela porte immédiatement à l'esprit une autre analogie : le schème les-vrais-problèmes-des-vrais-gens as opposed to le-spectacle-mis-en-scène-par-le-système-au-pouvoir est une antienne inusable de gauche (qu'on retrouve évidemment dans un article dans Causeur, également tout récent, de M. Brighelli, défenseur de l'école jacobine, à propos du machin pour tous, que M. Hollande aurait fait exprès de mettre en scène ainsi, pour masquer,etc.). Souvenez-vous de ce que disait la gauche de gauche de base en 2000 quand le chef de l'État de l'époque eut l'idée de soumettre au référendum la proposition de dégradation de sa propre charge (par le passage au quinquennat) : Qu'esskizonbzoin les vrais gens ? Qu'on leur parle du prix des choses, du chômage et de tout ça, et pas de questions de constitutionnalité !...
Par rapport à Byzance, ce rôle est beaucoup plus large : tous les Occidentaux (dont on a vu en 1204 à quel point le maintien de la grécité et de la byzantinité de l'empire leur tenait à coeur, et peu après qu'en leurs propres écoles on se soit demandé ce qu'étaient exactement ces attributs collectifs que l'on collait aux individus, et si ça avait de la substance, et de quel genre (non, pas au sens de sexe, quoique Abélard a bien dû aussi se poser des questions de ce genre)) se sentent incroyablement vrais et supérieurs de savoir qu'on y discutait du sexe des anges en 1453.
Analogie pour analogie, j'ai fini par penser à Saint-Simon : le brave homme a dû souvent s'entendre dire : mais enfin, qu'allez-vous vous emporter au sujet du droit de ces malheureux fils bâtards de Louis XIV que le roi a promus au rang de princes du sang ? Est-ce qu'il n'y a pas des sujets de souci plus importants : les famines, la fiscalité, les relations avec la reine Anne, la politique des jésuites... ?
Bref, si vous souhaitez vous opposer malgré tout, quand même, tout bien réfléchi, à l'égalisation des fils de Mme de Montespan sur la ligne de succession (parce qu'il est très dangereux que l'égalité déborde sur des domaines pour lesquels elle n'était pas faite, et que les rites d'institution, comme le dit excellement Bourdieu, ont pour but de marquer une frontière infranchissable entre ceux qui en sont et ceux qui n'en sont pas) : il est encore temps de signer : [www.lamanifpourtous.fr]-
Veuillez croire, Mesdames Mesdemoiselles et Messieurs aux sentiments les plus respectueux de votre serviteur, etc.
Je suis extrêmement déçu !
J'ai lu le chapitre byzantin du manuel d'A. de Libera sur la "philosophie médiévale" (mots vains s'il en est, ce que lui-même établit dans sa préface, ayant tous les éléments à sa disposition pour faire voler en éclat le sens figé de "philosophie" comme de "Moyen Âge" : mais pourquoi n'est-il pas allé jusqu'au bout, bon sang ?), pensant y trouver un exposé clair sur la question du sexe des anges, voire la réponse officielle s'il y en a eu une. Rien. Le tableau du XVème siècle s'intéresse exclusivement au débat bien passionnant, il est vrai, qui oppose le platonicien Gémiste Pléthon à l'aristotélicien Georges Scholarios. Alors que les commentateurs des âges précédents avaient tout fait pour réconcilier les deux penseurs grecs classiques, voilà-t-y pas qu'on s'avise de recreuser cet antagonisme, sous l'influence du thomisme et des querelles d'Occident qui plus est ! Pas étonnant que Constantinople soit tombée.
Cher Renaud Camus, on dit : C'est qui qui écrit là ?
Moi ma favorite, parmi les scies du téléphone, c’est : « Vous êtes quelle société ? » — ça ferait un merveilleux titre de livre (un petit brûlot modéré que j’écrirais en collaboration avec Afchine Davoudi). Mais je ne voudrais faire se disperser, par mes plaisanteries idiotes, ce fil docte et passionnant.
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