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Socialisme et liberté

Envoyé par Henri Rebeyrol 
27 février 2013, 09:40   Socialisme et liberté
La "gauche", qu'elle soit socialiste, communiste ou autre, a pour pré carré ou pour "chasse gardée" la liberté de pensée, de l'art, de la presse, de la pédagogie, de la recherche, etc. et elle est sans cesse en train de suspecter ou d'accuser ses adversaires, "l'Autre", de vouloir attenter à cette liberté ou d'en limiter la portée.

Or, au cours des vingt dernières années, ces mêmes hommes "de gauche", si sourcilleux, si chatouilleux, si pointilleux sur ces libertés publiques et démocratiques, ont tenté de faire interdire des livres et y ont parfois réussi, ou sont intervenus auprès de la justice pour que les auteurs d'un livre soient condamnés. La famille de Mitterrand a obtenu que soit interdit le livre du médecin qui avait, à la demande de Mitterrand qui l'employait, publié des bulletins de santé mensongers et que soient mis au pilon les exemplaires retirés de la vente. M. Strauss-Kahn a demandé que la justice condamne à une forte amende l'auteur d'un livre, son éditeur et le journal qui en a publié "les bonnes feuilles", ce pour quoi il a obtenu gain de cause, et que le livre soit interdit à la vente, ce qui a été refusé. Il y a quelques mois, M. Hollande, président de la République, avait adressé à un juge une lettre dans laquelle il prenait parti contre deux journalistes dans un procès que leur intentait Mme de Maintenant.
On a observé les mêmes errements dans les collectivités locales ou régionales : au Conseil régional d'Aquitaine ou au Conseil général de la Dordogne, et tous ceux qui doivent être soigneusement cachés.

Pendant cinq ans, des livres, souvent injustes, parfois diffamatoires, ont été publiés qui prenaient à parti M. Sarkozy. Je ne sache pas qu'il ait demandé que ces livres soient interdits. De Gaulle, qu'il ait été ou non au pouvoir, n'a jamais fait interdire de livre critique à l'encontre de sa personne ou de la politique qu'il inspirait à ses ministres.
La gauche, elle, est différente : elle est sans doute, de toutes les forces politiques et idéologiques, celle qui est la plus hostile à la liberté (de pensée, de l'art, de la recherche, de l'économie, etc.), comme le prouvent les interdits qu'elle pose partout (procès, mais aussi sujets, mots, propos, discours interdits ou tabous; écrivains, comme Dantec ou Millet, qu'elle pourchasse ou persécute de sa haine). Mais elle n'a pas le courage ou l'inconscience de se présenter pour ce qu'elle est véritablement : une nouvelle censure ou une nouvelle inquisition. Elle se grime en déesse de la liberté et se vêt de l'ample manteau de la liberté pour mieux dissimuler ses noirs desseins. C'est sans doute ainsi, par la censure et l'hypocrisie étroitement mêlées, que se constituent les "classes dominantes" ou que se fige la domination sociale d'une caste ou d'un groupe....
27 février 2013, 10:12   Re : Socialisme et liberté
Depuis quelques jours, c'est l'ami Obertone qui semble être l'objet de la dangereuse attention de ces messieurs de la presse de gauche : ça fouille dans et autour de son existence, telle une armée de groins dans un champ truffier.
27 février 2013, 11:16   Re : Socialisme et liberté
Tout cela est exact mais au reste pas vraiment nouveau. Ainsi la Révolution et l'Empire, son fils naturel, ont constitué une régression considérable en matière de liberté d'expression et d'association par rapport à l'Ancien Régime finissant : la Bastille était à peu près vide quand on l'a prise. Et les authentiques libéraux, au sens politique du terme, qui ont établi à la fin du XIXe siècle le régime politique le plus libéral que la France ait connu étaient des gens très modérés, absolument pas mus par la mortifère passion hyper-égalitariste qui anime la gauche actuelle.
27 février 2013, 13:20   Re : Socialisme et liberté
Dans les années 60-70 la gauche luttait pour la liberté d'expression, de caricatures. C'est le gouvernement de Pompidou qui exerçait une certaine censure sur les ouvrages, notamment érotiques - alors que Charlie Hebdo, Cabu ou autres Pauvert luttaient contre "l'ordre moral".
Aujourd'hui, cette gauche libertaire devrait s'étonner du tour paradoxal que prennent les choses.
L'explication n'est-elle pas que tout groupe arrivant au pouvoir se trouve mille raisons d'exercer la censure, alors que tout groupe minoritaire trouve mille raisons de lutter contre la censure ? (Ainsi il est assez croquignol de voir des gens de droite catholique réclamer la liberté d'expression la plus absolue, alors qu'ils admirent Franco par exemple, qui n'était pas un champion de cette liberté...).
Utilisateur anonyme
27 février 2013, 15:45   Re : Socialisme et liberté
Vos analyses sont très justes, Messieurs. Cependant, je pense que l’on peut nuancer un peu les choses en considérant la question de la censure non pas sous l’angle de la “superstructure” mais sous celui des mentalités individuelles. En réalité, je ne crois pas que la “gauche” exerce tant que cela une censure positive, structurée et militante (certes elle fait ça — le Président de ce parti en sait quelque chose — mais le mal de la censure ne vient pas que de là). Je crois qu’une grande part de ce que l’on peut objectivement nommer censure (le fait que des choses ne soient pas dites) procède d’auto-censure, d’auto-empêchement de dire, de retenue (tous phénomènes liés à la peur, à la crainte d’être victime de l’amont de la censure : les foudres du régime — le régime “de gauche” si l’on veut mais, plus largement, le régime antiraciste hystérique qui caractérise l’époque, courants “politiques” confondus). Les gens se cachent, prennent un pseudonyme, ne disent pas les choses, se retiennent de (justement), ont deux profils sur Facebook etc. S’ils font ça, c’est certainement qu’une “menace” existe (je ne les insulterai pas en affirmant le contraire) mais tout de même, ces tendances-là engendrent des événements tout à fait étranges et inquiétants. Ainsi, il y a quelques jours, je regardais à la bibliothèque de Sciences Po l’“entretien du mois” de janvier d’Alain Soral. Passe à un moment derrière moi un jeune homme qui me dit : « Vous ne devriez pas regarder ça ici. Oh, moi je suis plutôt sympathisant, mais vraiment, il vaut mieux pour vous que vous ne regardiez pas ça ici. » Je suis resté où j’étais deux ou trois heures (puisque l’“entretien” soralien est toujours au format “Fidel Castro”), ce qui s’affichait sur mon ordinateur était visible de tous, et il ne m’est rien arrivé (alors que Sciences Po est un bastion de bien des choses, comme on sait...). Donc...
27 février 2013, 17:56   Re : Socialisme et liberté
Qu'il y ait de la censure, soit ; ce qui m'étonne davantage, c'est de voir nombre d'intellectuels justifier la censure.
La figure de l'intellectuel s'est construite tout entière contre la censure, depuis les luttes de Voltaire jusqu'aux années 1980 ; à partir en gros de ces années-là, l'intellectuel se veut (souvent) censeur. Il revendique la censure.
Il cesse donc d'être un intellectuel pour recouvrer la figure du clerc.
Ce qui signifie une sorte de mouvement tectonique, la disparition d'une configuration européenne de longue date ("l'intellectuel") qui ne semble guère remplacé (pour le coup, il n'y a pas de Grand Remplacement !). A moins de considérer que Millet, Mattéi, Camus et Jaccard sont les derniers représentants de cette espèce... mais parmi les nouveaux, le formatage semble tel qu'on ne suppute pas une continuité assurée.
Didier, on ne trouve pas de truffes dans les champs...
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