Le jugement du tribunal correctionnel est absurde et mérite toutes les critiques qui ont été exprimées par Renaud Camus dans son Journal et par d'autres ici.
L'appel permettra assurément de faire comprendre à la Cour qu'un bras armé ne se confond pas avec le reste du corps et que jamais les musulmans "en général" ne furent traités de voyous ou de "soldats"
Mais il sera sans doute difficile de faire comprendre qu'un discours prononcé lors des assises contre l'Islamisation ne concernait pas spécialement l'Islam et donc les "soldats" de l'Islam.
Et comme on voit mal des "soldats" musulmans servir d'autres intérêts que ceux de la nation musulmane, les juges risquent d'en déduire que les musulmans en général étaient bien mis en cause et eux seuls.
Certes on peut toujours considérer que le raisonnement est transposable à n'importe quelle autre religion asiatique (shintoïsme, bouddhisme, etc.) mais la transposition risque de paraître assez peu "réaliste", compte tenu des rapports historiques de la France avec ces religions asiatiques, et elle risque d'être jugée hypocrite (je n'ai pas dit qu'elle l'était), alors surtout que rien dans le discours n'indique une distance par rapport au thème particulier des assises contre l'islamisation.
La seule défense qui pourrait ouvrir l'espoir d'une relaxe serait fondée sur la revendication d'un droit à la critique de l'Islam, sur la base d'une expérience historique de quatorze siècles. Autrement dit, plutôt que de chercher à défendre la thèse d'un propos général, qui ne visait pas spécialement l'islam aux assises contre... l'islamisation, il faudrait défendre au contraire la thèse d'un propos qui met en cause une religion particulière sur la base d'une expérience historique unique particulièrement longue, en insistant notamment sur la spécificité de l'Islam par rapport aux religions asiatiques (d'un point de vue historique, pas théologique bien sûr), comme l'avait fait Lévi-Strauss.