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La carte mondiale du "ce-qui-n'existe-pas-isme"

Envoyé par Francis Marche 
[plus.lefigaro.fr]

[www.washingtonpost.com]

Cette carte, pour autant qu'elle soit jugée fiable, révèle que la France est "ce-qui-n'existe-pas-iste" à même proportion que..voyons... l'Algérie, le Maroc, le Mali, la Turquie, et le Zimbabwe. Pour les deux derniers pays, il peut s'agir d'une coïncidence, mais pour les trois premiers, ce peut-il que le nombre des Français binationaux ou originaires de ces pays qui ont répondu au questionnaire en France aient pu, comment dire, par la teneur de leurs réponses, colorer les résultats français ?

Carte où les Etats-Unis d'Amérique se voient décernés haut la main la palme de l'hypocrisie.
Utilisateur anonyme
18 mai 2013, 00:16   Re : La carte mondiale du "ce-qui-n'existe-pas-isme"
Citation
Francis Marche
...colorer les résultats français...

J'ai pensé exactement la même chose.
à propos de l'abolition du concept de race -- comme il y eut une abolition de l'esclavage, et ne doutons pas que l'initiative actuelle du gouvernement Hollande relative à la race se veut une "célébration cryptée" de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage à laquelle certains de ses ministres voudraient donner une dimension nationale -- Jean-Marc Du Masneau écrivait:

Remarquez, Francis, on arrive à des concepts intéressants : si je comprends bien, une personne pourra être condamnée pour avoir commis à l'encontre d'un tiers une discrimination liée à la race du tiers, sachant que la race n'existe pas.

En effet, il deviendra possible, dans un certain nombre d'années, de condamner une parole, un écrit raciste, une personne devant les tribunaux pour avoir fait montre de racisme ou d'un point de vue blâmable sur la race quand celle-ci n'aura pas été instruite de l'inexistence de la chose, puis, lorsque "l'éducation" aura fait son oeuvre, au terme de plusieurs décennies de lavage de cerveau, comble de l'absurde, de la condamner lors même qu'elle ne sait de l'existence du fait racial pas davantage que de son inexistence; on embastillera, on mettra au ban de la société, on frappera de lourdes condamnations financières celui ou celle qui sera adepte d'une théorie dont il ou elle ignore tout.

Le communisme russe, au plus fort de son orthodoxie, savait faire cela très bien. Roger Caillois rapporte ce fait, dans son étude Sciences infaillibles, sciences suspectes qu'il conçut, nous informe-t-il dans la préface de l'ouvrage qui la contient, Approches de l'imaginaire, avant 1945.

"Quand l'Armée soviétique, en 1940, envahit les pays baltes, elle libéra les dirigeants communistes incarcérés, qu'elle mit au pouvoir, et les remplaça dans les cachots par les membres du Gouvernement. Tout se passe bien quelque temps. Puis, les nouveaux ministres furent appelés à Moscou, où on les interrogea longuement. Revenus dans leurs pays, leur fortune ne dura pas et ils rejoignirent bientôt dans les prisons ceux qui naguère les avaient persécutés. Stupéfaits d'être enfermés par leurs libérateurs et confondus par eux avec leurs ennemis, ils ne négligèrent rien pour obtenir justice et faire éclater la lumière. Enquêtes, interrogatoires, dossiers se succédèrent. Les malheureux apprirent à la fin qu'ils étaient soupçonnés de trotskisme. Cette accusation les déconcerta plus que leur emprisonnement même et ils protestèrent comme de beaux diables. A juste titre : ils étaient trop jeunes pour avoir entendu parler de Trotski autrement que comme d'un horrible traître et d'un criminel avide et sanguinaire. Ils avaient toujours été fervents partisans de Staline. Ils se firent fort de le prouver. L'instruction fut reprise et on dut avouer qu'ils disaient vrai. On ne les laissa pas moins en prison : "Vous étiez, leur apprit-on, trotskistes sans le savoir."

Dans la même étude Caillois retrace ce que fut la science au service de la politique à la grande époque du stalinisme, et notamment les viscissitudes que connut sous ce régime le concept de race humaine, dont le détail éclaire d'un jour cru les décisions politiques du gouvernement actuel sur le sujet:

"Le marxisme se figea en une lointaine construction qui n'eut plus avec l'investigation scientifique qu'un type très particulier de rapport : celui de servir à en condamner les résultats quand ils semblent tels que de mauvais esprits pourraient les utiliser, avec ou sans raison, soit contre le système lui-même, soit contre le programme du parti.

[...] quand la génétique néo-mendélienne fut condamnée dans son ensemble [alors même] que d'innombrables expériences entrperises un peu partout depuis cinquante ans avaient beau l'attester. Le Comité central du Parti communiste russe se déclara contre elle. L'Académie des Sciences de Moscou ne put que s'incliner devant le verdict de la Toute-Puissance et condamna solennellement les théories de Mendel et de ses successeurs. [...]

Cette fois, la condamnation émut davantage les milieux scientifiques internationaux. Car elle ne portait pas seulement sur les prolongements doctrinaux d'une théorie scientifique, qu'on peut croire en effet sujets à interprétations contradictoires. Elle frappait les résultats mêmes d'une expériemntation rigoureuse, systématique, mille et mille fois répétée, résultats si bien établis qu'il eût fallu pour les infirmer valablement tout autre chose que la décision d'une autorité politique. Il eût fallu à la fois beaucoup plus et beaucoup moins : une seule expérience probante.

Mais pourquoi nier si obstinément, si légèrement, l'existence de cellules qui soient le support physique de l'hérédité et qui assurent ainsi, suivant des lois complexes, mais sans cesse mieux connues, la transmission des caractères des êtres vivants ? Le motif demeure le même : les dirigeants soviétiques, comme il est naturel, sont plus occupés de de politique que de biologie. Ils savent que les théoriciens ennemis vont tirer argument de la fixité de caractères transmis pour soutenir la supériorité d'une race sur l'autre. C'est assez pour qu'ils pensent que tout bon marxiste doit adopter la théorie inverse, celle qui affirme l'hérédité des transformations dues à l'influence du milieu. C'est à dire que l'on ne demande pas aux faits de trancher entre l'une tet l'autre théorie. On cherche laquelle des deux théories parâit dans l'abstrait la plus conforme à l'idéologie et à l'entreprise communistes."


L'entreprise totalitaire est prévoyante: elle se garde de laisser à "ses ennemis" (d'hier, de toujours, imaginaires, peu importe) la moindre faille où ils seraient susceptibles d'enfoncer leur coin politique. Pour ce faire, elle n'hésite pas à cautériser la plaie du langage, à amputer le lexique, à supprimer mots et concepts jugés tantôt "contre-révolutionnaires", "faisant le jeu de la réaction", tantôt "rappelant les-heures-les-plus-sombres", etc.
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