L'islamophobie ordinaire

La vache Kiri n'est pas encore halal.

Encore une histoire pas claire. A priori on peut penser à une simple confusion sémantique, la question de la devinette : « Où le problème du foulard islamique est-il apparu en 1989 ? » [Réponse : à Creil], pouvant être interprété, surtout par des gens parlant peu et mal le français : « Où les musulmans ont-il commencé à poser problème [sous-entendu : en insistant pour voiler leurs femmes et leurs jeunes filles] ? »

Mais, outre que c’est un peu tiré par les cheveux, à en juger par les réactions sur le site alimentaire islamique, les gens ont interprété de façon beaucoup plus radicale, et en méconnaissance complète du contenu de la phrase : « le voile est un problème. » Ou du moins ils n’ont retenu que cela, ce qui revient au même, de sorte qu’il suffit que voisinent dans la même phrase le mot voile et le mot problème pour constituer de facto un acte islamophobe.

À ce degré de susceptibilité, de quérulence et de paranoïa, on ne sait plus trop à quel saint se vouer, et serait-on animé des meilleures intentions. Apparemment, la seule attitude que la communauté tolère, c’est une louange systématique. Toute autre position est assimilée à « l’islamophobie ordinaire », c’est-à-dire à quelque chose qui, tout en restant en-deçà du répréhensible (et a fortiori du pénal), installe un climat malsain, stigmatise, etc.

Evidemment, pour s’exciter ainsi sur des pécadilles (l’article original d’Al Kanz use d’un ton lourdement ironique, tout en se maintenant aux frontières de l’hystérie), il faut jouir d’une tranquilité d’existence parfaite. C’est comme le monsieur qui dirige une mosquée et qui ameute tous les médias parce qu’il a trouvé une épluchure de saucisson sur son trottoir et une vague croix gammée tracée à l’envers par un gamin du quartier sur un muret. Les chrétiens, eux, ont d’autres chats à fouetter. On brûle leurs églises. On les mitraille à la sortie de la messe.