Il est possible que la plus belle et la plus utile, la seule belle et la seule utile, des réalisations de l'Union européenne soit l'
intégration de la péninsule ibérique à la chose en question. Utile parce que cette péninsule, qui contient des peuples à l'âme inaltérable, porte en germe la contestation, positive, originale, du projet d'adultération de l'âme populaire autochtone que promet l'UE dans son espace.
Toute l'Espagne, jusque dans ses plus humbles recoins baléariques (Minorque) résonne d'une fête populaire permanente, assourdissante, qui...
n'est pas d'inspiration africaine ! Dans cette péninsule résonne le son des tam-tam de peuples européens, les derniers tambourins de l'Europe des villages et des vieilles rues, résonnent ici sans "aide", ni injonction, ni chef d'orchestre allochtone. La Provence, jeune soeur admiratrice de la Catalogne, le faisait encore un peu il y a seulement quinze ans. La bonne et inépuisable Espagne le peut encore.
En Ibérie, on a connu la Reconquista, et.. la plus terrible des déchirures que l'histoire peut infliger à un peuple: la guerre civile sans limites assignables.
Ces peuples devraient nous être exemplaires : ils sont allés pour nous plus loin que nous ne le fûmes jamais ou que nous ne le sommes depuis très longtemps.
Ils sont allés déjà là où nous risquons d'aller...
A Minorque, on joue du tambour et des clochettes dans des parades de rue festives mais graves, où les visages sont concentrés, studieux et joyeux en même temps, manière, studieuse et joyeuse, que se donne l'âme pour se recueillir. On a vingt ans, on a dix-sept ans, on agite ses boucles blondes dans des rythmes ancestraux qui résonnent plus fort, plus sûr, plus retentissants que tous les tambours africains (Ghana, Gabon, Azanie) que j'ai jamais entendus dans mes voyages.
Mais jamais nos cruches nationales et parisiennes, Delanoë, Hidalgo, n'inviteront les cliques musicales de Minorque ou de Barcelone pour venir animer Paris, comme Chabrier ou Ravel l'auraient tant aimé. Non, à Paris, comme du temps de Joséphine Baker, on a beau être "Européen", nos cruches mondialistes considèrent toujours que, comme en 1925, pour s'amuser,
faut du nègre coco !