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Mort d'un courageux

Envoyé par Quentin Dolet 
23 août 2013, 14:10   Mort d'un courageux
A Marignane

Le meurtrier était bien évidemment "connu pour une série de délits". Jacques Blondel pensait sans doute avoir affaire à des gamins qu'il était possible d'impressionner et de corriger. Il est tombé sur des criminels froids et aguerris, de ceux que notre "justice" laisse cyniquement vaquer à leurs activités quotidiennes.
23 août 2013, 16:05   Re : Mort d'un courageux
Il est très révélateur de l’état de notre société que le ministre de l’Intérieur juge nécessaire de rappeler qu’il faut « sanctionner très sévèrement », et qu’il faut « réveiller les consciences » face à « ces jeunes qui n’hésitent pas à tuer ».

Naturellement pour des gens normaux, un tel rappel est complètement idiot. Tout le monde sait que tuer les gens, ce n’est pas bien, et qu’il faut punir les assassins.

Mais l’ironie, c’est que, pour les gens qui nous gouvernent, le rappel est complètement vain. Ceux-là ont décidé une fois pour toutes que les vraies victimes, c’étaient les petits truands racistes, voleurs et assassins. Et que la prison, c’était mal.

On espère aussi que la sénatrice Rossignol — celle qui, après s’être fait arracher ses sous au distribanque, s’est mise à glapir que « Le premier problème de l'insécurité, c'est la lâcheté collective » — se sent un peu merdeuse aujourd’hui. « Tout le monde était comme tétanisé, raconte-t-elle. Je demandais de l'aide pour l'arrêter. Une seule personne lui aurait sauté dessus ou simplement fait un croche-patte, en trente secondes, on le maîtrisait. » — Et voilà, c’est arrivé. Cette fois-ci un courageux a essayé de maîtriser les voleurs. Il a pris deux coups de fusil dans le ventre. Il est mort.
23 août 2013, 17:04   Re : Mort d'un courageux
Et des morts, des blessés, il y en aurait bien sûr beaucoup plus, chaque jour, si nous étions tous capables de nous comporter avec la même bravoure spontanée. Si un peuple entier de Jacques Blondel se levait, demain, contre les petits gangsters de ses villes, nous verrions quelque chose de très sanglant. Aucun ministre n'osera se risquer à déclencher la guérilla policière qui éviterait cette violence aux civils. On préfère parier sur le silence et la lâcheté commune, sous lesquels couve un magma de révolte.
23 août 2013, 20:39   Re : Mort d'un courageux
Les médias, qui ne peuvent tolérer la force dénonciatrice de cet acte, laissent trainer la petite question dégueulasse -- excusez-moi du terme -- : "Pourquoi prendre un tel risque ?" Un peu inconscient, non, le gars ? Salauds définitifs.
Dans la série "ça peut toujours servir", petit conseil pratique, et technique, à toute personne qui aurait l'occasion (sait-on jamais) de se trouver prise dans un corps à corps avec un individu armé d'un fusil de chasse (car, si je bien compris, c'est ce qui s'est produit dans le malheureux cas évoqué). La première chose à faire est, en effet, d'agripper à deux mains l'arme en question, de manière à lui faire subir un mouvement de rotation à l'horizontale, afin qu'au plus vite l'individu ne puisse continuer de vous mettre en joue ni de vous menacer avec. La deuxième consiste, dans le feu de l'action, à appuyer sur la gâchette de l'arme, de manière à vérifier que celle-ci est ou non chargée, et, le cas échéant, à vider la chambre de toute munition (faire en sorte que le canon soit dirigé vers le ciel). La troisième consiste à projeter, violemment, d'un coup sec partant de la poitrine, sa propre tête en direction du visage, et plus précisément du nez, de votre adversaire - c'est ce qu'on appelle couramment le fameux "coup de boule à la Depardieu" (démonstration visible dans je ne sais plus quel film de Jacques Weber, avec Pierre Richard (on ne peut pas toujours ne regarder que L'Éclipse ou Le Septième sceau)). Généralement l'effet est immédiat : sous celui de la douleur éprouvée, votre adversaire lâche son arme qui, dès lors, vous appartient. S'il lui prend la très mauvaise idée de revenir à la charge, vous pouvez alors prendre l'initiative de lui en remettre une couche, si vous voulez bien me passer l'expression, en le frappant cette fois-ci à l'aide de la crosse dudit fusil. Évitez tout de même, si possible, de frapper à la tête ; n'importe quel avocat vous le dira : la Justice (sic), qui n'aime pas qu'on abîme ses petits délinquant chéris, vous en sera éternellement reconnaissante.

La situation est beaucoup plus épineuse, faut-il le préciser, si vous avez affaire à un malfaiteur muni d'un fusil d'assaut de type AK 47, arme automatique susceptible de tirer en rafale et dont dotée d'un chargeur de plusieurs balles. Et cette méthode n'est, bien entendu, d'aucune utilité s'il l'est d'une arme de poing.

Quoi qu'il en soit, ne laissez pas croire qu'il est impossible de désarmer à mains nues un homme armé d'un fusil de chasse. Il faut être d'une couardise répugnante, d'une abjecte lâcheté morale, et faire preuve d'une indécence toute journalistique, pour oser publiquement et médiatiquement s'interroger, à peine sa dépouille est-elle froide, sur l'inconscience supposée de ce brave qui, n'écoutant que son courage et sans doute aussi révolté par l'inqualifiable démission de l'État (qui n'est plus que la providence des nocents), vient de tomber vaillamment au combat, celui de l'indispensable lutte à mener contre la plus criminelle et sensible des nocences. Et eux, nos chers journaleux et autres reporters de guerre, lorsqu'ils vont s'aventurer dans des théâtres d'opérations à très haut risque et qu'ils finissent par s'y faire prendre en otages par des ravisseurs qui en profitent pour nous rançonner, ce qui, en définitive, nous coûte des sommes faramineuses et ne fait jamais que financer d'autres conflits à venir, avons-nous le droit de nous interroger sur l'opportunité des risques qu'ils ont pris ? Mais il est vrai que cette profession intouchable, que ce pouvoir sans contre-pouvoir, se sacrifie chaque jour pour le sacro-saint droit à l'information (je renonce aux guillemets tant cela va de soi) et que sans nos vigilants journalistes, il n'y aurait plus de démocratie possible, on ne cesse de nous le rabâcher. Tandis que cet homme, ô combien courageux, froidement abattu par une racaille, qui, semble-t-il, voulait fêter l'anniversaire de ses dix-huit ans en commettant un braquage, on peut tout à fait impunément laisser sous-entendre qu'il aurait pris un risque inconsidéré, voire qu'il se serait comporté comme un imbécile. Un tel discours en dit long sur l'effondrement moral de ce peuple. Et sur l'abjection de sa presse.

J'ajoute, pour compléter le tableau de cette profession, que j'ai entendu hier soir une jeune journaliste parler de cet à peine sexagénaire, retraité très récent, comme d'un ''vieil homme''. Cette béotienne peut-elle imaginer que bon nombre d'hommes d'âge mûr, et même plus que mûr, ont, entres autres, offert d'exceptionnels chefs-d'oeuvre à l'histoire de l'art ?
23 août 2013, 22:26   Re : Mort d'un courageux
En effet.

Il me semble évident que ces réactions téméraires sont une sorte de réponse désespérée au laisser-faire généralisé et organisé, presque une manière de dire : "Regardez ou ça nous mène, regardez ce que vous m'avez condamné à faire".
Oui, c'est en effet une sorte de ''progrès'', un acte exemplaire de résistance, de refus de se soumettre à l'inertie, à l'impuissance, au laisser-faire, qui tranche superbement avec la résignation générale et la très contagieuse peur collective. Je me souviens d'avoir lu un article dans Causeur rapportant, a contrario, le cas de personnes qui, excédées par l'éreintante nocence causée par le tapage nocturne, et plutôt que d'ouvrir la fenêtre et de tirer dans le tas (comme cela s'est déjà vu), avaient préféré se suicider. Là, pour le coup, c'était véritablement une réaction désespérée, provoquée non seulement par l'impunité des nocents, mais plus encore par la certitude qu'en appeler aux forces de l'ordre et à la protection des représentants de l'État n'aurait servi à rien, sinon à apporter d'autres ennuis à l'éventuel plaignant (ce qui n'est que trop vrai, dans bien des cas). Ces situations aberrantes et ces réactions désespérées, ou absences de réaction, sont le fait de l'invraisemblable laxisme des autorités publiques qui n'ont plus d'autre rôle ni de fonction dans la société, désormais, que de continuer à persécuter inlassablement les honnêtes citoyens et les derniers individus libres par toutes sortes de règlements imbéciles, de normes coercitives et de lois ubuesques, vraisemblablement dans le seul but de se persuader elles-mêmes qu'elles n'ont pas encore abdiqué la totalité de leur inutile pouvoir devant la déferlement de toutes parts de la nocence, que celle-ci soit économique, écologique ou remplaciste. En somme, le seul pouvoir qui ne soit pas encore déchu, c'est celui de nuire. Mais c'est un pouvoir qui ne règne que parce qu'on refuse de le combattre. Or, pour le combattre, il faudrait d'abord en nommer les causes. L'embêtant, c'est que cette carte dévoilée pourrait bien faire s'écrouler l'ensemble du château, et nous révéler les figures veules de tous ceux qui, censés nous représenter et nous gouverner, préfèrent retenir leur souffle et fermer les yeux.
29 août 2013, 12:53   Re : Mort d'un courageux
Ce matin, sur France Inter, répugnante chronique de Thomas Legrand. Je le cite :

"Oui l’émotion a été grande à Marignane après ce fait divers tragique. Elle s’est manifestée, cette émotion, lors de la marche blanche digne, qui s’est déroulée lundi dans la ville. Et du côté des politiques, tout le monde a rendu hommage à Jacques Blondel qui n’aurait pas dû mourir. Manuel Valls, ministre en charge de la sécurité a salué la mémoire d’un homme, je cite, « courageux, un héros ». Mais après le recueillement et l’émotion… une question se pose. Une question que personne, parmi les responsables politiques, ne semble pouvoir formuler dans ce climat de revendications sécuritaires, justifié par la situation invivable de certaines villes et de certains quartiers. Cette question est la suivante : Jacques Blondel est-il un héros ou a-t-il commis un acte inconscient ? L’acte, en soi, est techniquement héroïque mais tout responsable en charge de la sécurité publique, vous le dira, en off ou au moins à froid, c'est-à-dire peut-être à partir de maintenant, que Jacques Blondel a, en réalité commis un acte irresponsable qui lui a coûté la vie et qui aurait pu coûter la vie des membres de sa famille qui étaient avec lui lors de la poursuite des braqueurs. Toutes les consignes de base dans pareils cas sont de ne pas essayer d’arrêter soi-même les malfaiteurs, de laisser ça aux professionnels du maintien de l’ordre. Si les pouvoirs publics font de Jacques Blondel un héros, un exemple à suivre, ils prolongent l’irresponsabilité et font preuve d’une confusion un peu démagogique…"

(Admirez le "techniquement héroïque".)

Il y a quelques jours, nous avions eu droit au même type de jugement ignoble de la part de la mère et de la petite amie du meurtrier, très injustement mis en accusation dans cette affaire, évidemment.

Mais pourquoi ce Jacques Blondel a-t-il contraint par la force un gamin turbulent à lui tirer dessus et à se mettre dans les embêtements ? Pourquoi ?
29 août 2013, 13:02   Re : Mort d'un courageux
Une bonne nouvelle : France Inter a perdu 500 000 auditeurs en 2012.
29 août 2013, 13:55   Re : Mort d'un courageux
"Une bonne nouvelle : France Inter a perdu 500 000 auditeurs en 2012."

Ils sont passés à France Culture...
Cher Olivier Lequeux, le sieur Legrand avait été précédé par Claude Askolovitch, qui n'avait pas démérité non plus :
[ripostelaique.com]
30 août 2013, 19:46   Re : Mort d'un courageux
Difficile de faire plus minable que cet Askolovitch, j'en conviens Cher Pierre-Marie Dangle.

On lit dans un article récent du Figaro, à propos de Jacques Blondel :

"Un homme décrit par un de ses anciens collègues d'Air France comme «l'illustration exacte de ce qui est arrivé, d'une honnêteté et d'une rigueur inébranlables. C'était une personne de confiance, tout à fait fiable dans son travail.» Ni une «tête brûlée», ni un «chevalier blanc». Mais, à en croire ses proches, un homme excédé par de tels faits: il s'était fait voler son scooter sous la menace il y a quelques années, à Marseille."
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