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Pour Marseille

Envoyé par Francis Marche 
13 septembre 2013, 19:52   Pour Marseille
Où la France a-t-elle commencé ? Ce "où" est géographique. Bien mal en peine celui qui le dira. Marseille est la ville qui a donné son nom à l'hymne national.

Il y a au moins deux France, celle des cathédrales, Amiens, Soisson, Reims, qui commença tard mais si bellement, et celle des très vieux diocèses romans (Arles fut le premier diocèse, premier diocèse d'Occident, s'étendant, très théoriquement, jusqu'à l'Irlande; et Aix et tout l'entour de Marseille avec les Saintes-Maries-de-la-Mer, Aix où fut le premier oratoire des Chrétiens d'Occident par Marie-Madeleine, amie du Christ, qui y débarqua, y prêcha, se retira du prêche et y mourut dans une belle assomption provençale, là-haut, dans la Sainte-Baume, aujourd'hui encore accessible aux seuls pélerins).

Alors Marseille, qui, probablement par hasard, fut le lieu de débarquement de la chrétienté bannie d'Orient qui toucha l'Occident en même temps qu'elle fut beaucoup plus tard, à l'issu d'un grand demi-tour de la roue de l'histoire, l'éponyme du nom de l'hymne de la France, faut-il s'en séparer, s'en détâcher avec un souverain, ou un fuyard mépris ?

J'ai passé cet après-midi de vendredi treize une bonne part de ma journée à arpenter ses vieux faubourgs. J'y ai vu de braves gens, un peu raide dans l'abord et le ton, comme il faut l'être dans les grandes capitales, me servir ou refuser de me servir, des femmes encapuchonnées, grassement et pauvrement musulmanes, d'autres dénudées du nombril et des gambettes, des hommes comme autrefois, articulant cet honteux accent sale et trainant que je déteste, et ces femmes au ventre parfois lâche comme cet accent, mais aussi parfois très tendu, leste et dur, et âpres du bec.

Les musulmans sont là. Absolument partout, à tout coin de rue. Je lis cependant dans le regard des sacs de blé sur pattes quelque lueur de respect pour le vieux et vénérable lieu Marseille, où toute cette nation qui les accueille, débuta fièrement, par l'exil chrétien, par la brave conquête chrétienne de l'Occident païen.

Moi, je veux que Marseille, ville qui ne fut jamais la mienne et que je n'aime pas, soit la bonne vieille capitale de la première France, celle d'avant Reims et Tours et Soisson. Cette France-là, extrêmement grandiose dans son vieux populisme et son encore plus ancien mercantilisme, il ne faut pas la renier. Elle fut, du temps du Christ, un vieux New-York de tous les pariahs de Terre Saine, elle fut l'asile de Victor et de Magdalena, le départ du plus cher de tous nos nouveaux mondes.

Jamais je ne tolèrerai sans grincer des dents que cette ville prodigieuse, patrie d'André Suarès comme d'Antonin Artaud ou de Louis Althusser, et aujourd'hui ville prodigieusement détestable, soit abandonnée des nôtres. Elle est la vieille âme souveraine et paradoxale de la France d'avant Clovis et d'après nous autres. Je sens qu'elle ne nous trahira point, qu'elle ne se laissera point faire, qu'elle n'a pas âme à se livrer, qu'elle est plus forte que ceux qui veulent la faire leur et qu'elle a besoin de nous.
13 septembre 2013, 21:24   Re : Pour Marseille
"Je sens qu'elle ne nous trahira point, qu'elle ne se laissera point faire, qu'elle n'a pas âme à se livrer, qu'elle est plus forte que ceux qui veulent la faire leur et qu'elle a besoin de nous."

Oui, il faudrait que les Marseillais élisent à la mairie des hommes extérieurs à leur ville --- seule garantie que ces hommes soient étrangers au "milieu" et à la pègre qui rongent cette ville depuis trop longtemps --- pour qu'un jour peut-être Marseille redevienne Marseille, c'est du moins ce que de plus en plus de Marseillais me disent à voix basse, leur fierté les en obligeant.
Utilisateur anonyme
13 septembre 2013, 22:35   Re : Pour Marseille
"l'éponyme du nom de l'hymne de la France, faut-il s'en séparer, s'en détâcher ..."

S'en détacher.
Et personnellement je n'écrirais pas "l'éponyme du nom de l'hymne", mais "l'éponyme de l'hymne", mais c'est votre texte et à vous de voir.
14 septembre 2013, 01:10   Re : Pour Marseille
Il ne reste qu'à composer la Gersoise...

Cher Francis, Je suis sensible à ce que vous écrivez sur Marseille. En diriez-vous autant de Nice ?
14 septembre 2013, 04:53   Re : Pour Marseille
Nice ressemble de plus en plus à Marseille. Mais l'antiquité de Marseille demeure, est vénérable, vaut plus qu'un "appartement-témoin" de la France d'après.

Peut-être Marseille fut-elle la première cité moderne et cosmopolite de l'histoire d'Occident, son premier New-York City, quand les tribus indiennes de son Massachusetts se nommaient Salyens, Ligures, Cavares, etc..; première de toutes les grandes refondations ultramarines et thalassocratiques d'Occident. Elle mérite mieux que notre mépris ou notre abandon.

Ne ne sais pas si l'on pourrait en dire autant de Nice. Il me semble que non, mais je connais mal l'antiquité de cette autre cité.

Abandonner Marseille reviendrait à céder à l'ennemi un pan essentiel, fondateur, d'Occident, en sus du symbole, porté par l'épo-hymno-nymie (ce terme pour alimenter les distractions de M. Frèche, qu'il faut bien occuper).
14 septembre 2013, 21:21   Re : Pour Marseille
"Ne ne sais pas si l'on pourrait en dire autant de Nice. Il me semble que non, mais je connais mal l'antiquité de cette autre cité."

On ne pourrait certainement pas en dire autant de Nice, en dépit de son antiquité. La réalité de Nice, selon moi, ce sont ses frontières antiques, devenues Comté de Nice sous différents "protectorats", puis redevenues Alpes-Maritimes, le tout sans changements notables de frontières. Marseille et Nice n'ont rien en commun, précisément par leur degré d'appartenance à l'histoire de France. La région niçoise est devenue française en vertu de circonstances qui eussent très bien pu ne pas se produire sans que l'histoire de France en soit plus que cela affectée, car Nice n'est pas même provençale. Une évolution de type "principauté" aurait pu se dessiner. En un sens, on ne peut pas abandonner Nice car elle n'appartient pas.
14 septembre 2013, 21:46   Re : Pour Marseille
Nissa principauté sans prince (encore que...), en effet. La ville de l'entre-deux s'appartient, d'où son aspiration à se faire "pôle international" où se parle, à défaut de l'une ou l'autre langue, celle des aéroports.
Utilisateur anonyme
15 septembre 2013, 14:45   Re : Pour Marseille
Actuellement, une manière concise d'exprimer la différence principale entre Marseille et Nice, me semble-t-il :

Si Marseille était indépendante, elle régresserait. Direction : l'Algérie ou Detroit.
Les Européens s'en iraient, les qualifiés s'en iraient, les Arabes s'installeraient plus ou moins légalement dans les appartements désertés et pousseraient à l'exil les derniers Mohicans bien logés, les pouvoirs publics seraient de gauche et même révolutionnaires, et les maires - milliardaires et rouges - iraient à Paris se faire soigner leurs maux de dents.

Si Nice était indépendante, elle se dirigerait vers Monaco ou le Luxembourg : profitant de sa petite taille et exonéré de certaines servitudes par le grand État voisin, paradis des riches.

.
Utilisateur anonyme
16 septembre 2013, 09:19   Re : Pour Marseille
En passant...

"Marseille: l'entrée du lycée Diderot a été défoncée à la voiture-bélier dans la nuit, à quelques heures de la venue de Vincent Peillon (AFP)"
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