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Feu le capitaine d'industrie

Envoyé par Thierry Noroit 
22 octobre 2014, 13:50   Feu le capitaine d'industrie
Que pense la compagnie de ce deuil quasi-national pour un capitaine d'industrie aux belles moustaches, doit-on vraiment placer si haut ce genre d'informations ? N'est-ce pas aussi un signe de déculturation que d'attacher un tel prix médiatique à une mort accidentelle qui peut légitimement laisser parfaitement indifférent. - Au même moment mourrait l'écrivain Claude Ollier...
Mort violente, accidentelle du dirigeant de la première entreprise française dans des conditions assez sidérantes, d'un homme haut en couleurs, un compatriote ayant dédié sa vie à la réussite d'un géant du capitalisme européen... Les membres du personnel de Total sont bouleversés et les milieux d'affaires sous le choc. Dans une grande puissance industrielle, ce n'est pas rien. Vous, vous trouvez cela sans intérêt, indigne de faire la une des journaux pendant, quoi, deux jours? Ou pire, le traitement de cette actualité serait selon vous un signe de la déculturation dans laquelle nous macérons parce qu'à la place de Claude Collier, c'est Christophe de Margerie qu'on voit partout dans les médias...Je l'avoue, j'ai du mal à vous suivre.
Cette extrême importance accordée à un dirigeant d'entreprise, cette ridicule personnalisation du pouvoir n'appartiennent pas, selon moi, aux meilleures traditions françaises et ne sauraient recevoir la caution de l'in-nocence, telle que je me la représente. - Bien entendu, je citais l'écrivain Claude Ollier (et non Collier, cher ami, ce n'était pas un chien de garde) par esprit de légère provocation, sa renommée étant fort réduite, la preuve : il n'avait pas même pas obtenu le Prix Nobel.
Pardonnez ma curiosité, mais comment a-t-on fait pour s'apercevoir de la mort de M. Ollier ?

Pour le reste, M. Comolli a raison : M. de Margerie n'était pas n'importe qui. Sa mort est une perte pour le pays, mais M. Noroît rêve dans doute d'un monde dans lequel tous ceux qui "produisent" sont impurs et doivent s'effacer devant les "intellectuels".
Pas exactement, M. Du Masnau.

Mais une question me taraude depuis fort longtemps : C'est quoi exactement un grand "patron", à quoi ça sert, qu'est-ce que ça fait de ses journées ? Je vous remercierai de bien vouloir me répondre, au ras des pâquerettes, si j'ose dire, peut-être qu'aidé de votre bon sens habituel, M. Du Masnau, je rectifierai ma position plutôt sceptique sur la grandeur de M. de Margerie et de ses semblables.

Et autre chose : peut-on employer le mot "patron" sans rire, sans quelques traces d'ironie ?

Et encore ceci : le sieur de Margerie aurait accompli toute sa carrière chez Total, la totale, quoi, et y serait entré - selon la légende dorée - parce que c'était l'entreprise située le plus près de son domicile. Imagine-t-on la somme de compromissions, de courtisanerie, de crocs-en-jambe, de couleuvres avalées, pour de, simple jeune cadre, accéder au sommet (enfin, ce que vous appelez sommet) de la hiérarchie ? Il est vrai que l'on peut baptiser tout cela "mérite", et le tour est joué.
27 octobre 2014, 01:44   Pour Ollier
Je ne sais pas du tout d'où j'ai ce livre, peut-être sont-ce mes parents qui l'achetèrent, mais il est bien de lui, l'évocation de Thierry Noroit m'en fit souvenir : un nrf barré d'un raccoleur bandeau rouge : TERREUR ET ANTICIPATION ! Bigre, de la SF, La Vie sur Epsilon, apparemment ça ne ressemble pas à grand-chose de connu, certainement pas à du Margerie, malgré ces moustaches un peu de nulle part apposées au milieu de la figure, mais donne envie de continuer la lecture. Première page.


« Au commencement, il n'attache pas une importance essentielle à ces métamorphoses : c'est une propriété de cette terre, se dit-il, de ce sable, de cette terre de neige et de sable, une qualité climatique, saisonnière peut-être, un état fluctueux, des rapports entre lumière et ombre. Si déconcertantes soient-elles, ces mutations imprévisibles ne le prennent pas au dépourvu : de phénomènes analogues, il fut longuement instruit durant les années d'apprentissage, et d'autres plus singuliers, plus redoutables aussi, observés sur d'autres terres, lors des premières expéditions. Non, ces altérations discrètes, limitées, le séduiraient plutôt, l'attireraient même, n'était, par intervalle, cette crispation nerveuse, intime, aussitôt réprimée ; elles l'enchanteraient, n'était, sans prémonition, ce signal furtif, ce pincement vague, irrésolu, qui l'alerte de nouveau comme il gravit la dune et que les lames grises, embuées, se décalent, permutent, que l'idée se glisse entre les lambeaux d'ombre derrière le front des lames et que là-bas, autour de la station, la lumière violacée se ternit, et les reflets sur les flancs de la nef ; le point de tension se résorbait déjà, l'idée s'était enfuie comme elle allait se dire, les lames glissaient, s'entrecroisaient et permutaient, le plan d'obscurité se déplaçait ; il continua de marcher comme si rien autour de lui ne se transformait ; c'était au commencement, il n'attachait pas une importance essentielle à ces métamorphoses : c'est une propriété de cette terre, se disait-il, de ce sable, de cette terre de neige et de sable, une qualité climatique, saisonnière peut-être, un état fluctueux des rapports entre lumière et ombre ; le phénomène le séduisait, l'attirait même : il continua de gravir la dune, progressant lentement dans le sable profond, il s'avança vers la cloison mouvante, marcha du même pas vers les lames dansantes, effilées, franchit la paroi d'ombre, et il tomba. »
Merci, cher Alain Eytan, d'attester ainsi l'existence de l'écrivain Claude Ollier, disparu en même de temps que le sieur Margerie, en des circonstances moins tragiques : je crois que, plus haut sur ce fil de discussion, M. Comolli allait jusqu'à douter qu'il eût existé. Dans le passage cité par vos soins, début du livre La Vie sur Epsilon, le membre de phrase un état fluctueux des rapports entre lumière et ombre est très beau et a quelque chose, je trouve, de nettement renaud-camusien.
Imagine-t-on la somme de compromissions, de courtisanerie, de crocs-en-jambe, de couleuvres avalées, pour de, simple jeune cadre, accéder au sommet (enfin, ce que vous appelez sommet) de la hiérarchie ? Il est vrai que l'on peut baptiser tout cela "mérite", et le tour est joué.

Cela semble le lot commun, depuis le politicien (c'est limpide dans l'esprit du public) jusqu'au professeur de médecine (qui a dû à un moment ou à un autre faire "de la lèche"). Votre critique, celle de la notion Romaine d'Homme Nouveau, trouve son exact contraire chez Sénèque pour ce qui est, justement, une élévation sociale, celle de Lucilius le jeune. Vous me répondrez que M. de Margerie n'est pas Lucilius, ce qui est exact, mais vous n'êtes pas non plus Sénèque.
Claude Ollier, disparu en même de temps que le sieur Margerie


Les a-t-on retrouvés ?
Je n'ai pas mes lunettes et ma mémoire me joue (déjà) des tours: c'est Parti ou Salon de l'In-nocence? Ce fil mais aussi le développement de celui-ci me confusent un peu comme disent les anglophones.
Le problème, cher M. Comolli, c'est que si vous estimez déplacées ces conversations de salon, comme peu sérieuses ou peu politiques, le forum risque de devenir mortellement ennuyeux. Il risquerait de s'endormir sur ses lauriers. Jean- Marc du Masnau a le sens de l'humour et il sait faire preuve de malice ; même chose pour plusieurs autres participants. Si l'on "surjoue" parfois certaines oppositions, si l'esprit (de salon) est parfois acide ou gratuit, il n'en reste pas moins que le forum peut gagner à ces jeux futiles un regain de dynamisme.
Vous confusez trop et trop vite, M. Comolli, et sans objet ni cause valable, et ce n'est pas nouveau. Qu'attendez-vous de ce lieu ? Qu'on vous y laisse en décider la nature ?
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