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Fil à retordre

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
18 septembre 2008, 20:07   Fil à retordre
On apprend que, pour résister à la crise financière, les banques européennes "ont injecté de l'argent frais" (j'ai déjà oublié dans quoi cet argent a été injecté.)

J'en demande pardon à la compagnie et suis prêt à passer pour un enfant (manière de dire que j'accepte et espère beaucoup de pédagogie), mais je suis incapable de me faire une idée, même approximative, de ce que peut être "l'argent frais" et des moyens de son injection.

Quelqu'un peut-il avoir la gentillesse d'essayer de m'expliquer (si possible à l'aide d'images simples, voire simplistes) ? Je promets d'être attentif.
18 septembre 2008, 20:15   Littré
Bien cher Orimont,

Je ne sais si l'image est claire, mais voici ce que Littré nous dit de "l'argent frais", expression qui a au moins le mérite d'être attestée par l'usage :

De l'argent frais, de l'argent nouvellement reçu.

Citation : J'aurais pour le succès assez bonne espérance, Si de quelque argent frais nous avions le secours, REGNARD , Fol. amour, I, 7

Citation : Les mêmes amis qui l'avaient abandonné dans sa misère, ne surent pas plus tôt qu'il avait de l'argent frais qu'ils revinrent à la charge, LE SAGE , Diable boît. 30.
18 septembre 2008, 20:16   Moyens de l'injection
Vous comprendrez par ailleurs, au vu de mes autres messages, que je ne vous fournisse aucune image quant à l'injection.
18 septembre 2008, 20:18   Re : Fil à retordre
Ce sont les banques centrales, dont la banque centrale européenne, qui se sont mises d'accord pour mettre des liquidités à la disposition des diverses banques qui cherchent à emprunter, et ce à des taux non prohibitifs. Cela est destiné à relancer la possibilité d'investissements et donc l'activité économique.

Voici un article assez clair sur la question.
Utilisateur anonyme
18 septembre 2008, 20:28   La fraîche
Merci infiniment, et pour Regnard et pour l'article. L'argent frais de Regnard est un compagnon dont je recherche bien souvent la présence et je vois bien à quoi il ressemble, de la main à la main, du chèque au compte.

Pour l'article, je vais le lire et essayer de traduire ce que je comprends. Mais demain.
Utilisateur anonyme
18 septembre 2008, 20:47   Re : Fil à retordre
J'ai bien peur que cela signifie aussi de l'argent non-obéré par quelques dettes sous-jacentes, la "recapitalisation" qui permet de combler les trous avec des promesses faites aux plus naïfs, appelés aussi petits porteurs.
18 septembre 2008, 23:44   Re : Fil à retordre
» je suis incapable de me faire une idée, même approximative, de ce que peut être "l'argent frais"

Je ne sais si cela peut vous aider, Orimont, mais les banquiers poussent de temps en temps des cris d'or frais...
19 septembre 2008, 00:16   Re : Fil à retordre
La monnaie scripturaire n'a plus beaucoup d'existence matérielle visible comme la monnaie fiduciaire (billets, pièces). D'où le recours à l'image (argent frais).
Si vos titres perdent de la valeur, vous vendez (change) de la monnaie(dollars en réserve, par exemple) pour que votre budget reste en équilibre.
19 septembre 2008, 08:56   Re : Fil à retordre
Mais alors, il existerait donc de l'argent pas frais ?
Utilisateur anonyme
19 septembre 2008, 10:59   Re : Fil à retordre
Quand il est pas frais, qu'il est noir ou qu'il sent mauvais, il est temps de le blanchir, mais les agents blanchissants sont réputés dangereux.
Utilisateur anonyme
19 septembre 2008, 17:43   L'économie expliquée à moi-même
Librement inspiré de l'article indiqué par Marcel : “Les banques centrales inondent les marchés de liquidités fraîches” du 18/09/2008 16:07 (Trend tendances)

Soit une cour de récréation imaginaire. On pose comme hypothèse que ce qui permet à la récréation de se dérouler dans les meilleures conditions, c'est qu'un maximum d'enfants puisse jouer aux billes. On a préalablement posé que le jeu de billes est le seul et unique moyen pour ces enfants d'obtenir une reconnaissance parmi leurs congénères, d'entrer en communication les uns avec les autres, parce que, encore plus préalablement, on a posé que la présence dans une cour de récréation ne pouvait se justifier que par le fait de jouer aux billes.

Ainsi le jeu de billes, dans cette cour de récréation imaginaire, développe des formes si complexes, se décline en tellement de jeux, qu'une énorme circulation de billes anime bientôt toutes les récréations et qu'une organisation est devenue nécessaire pour s'y retrouver.

C'est à quoi s'emploient certains enfants, en y trouvant de quoi accroître leur propre sac de billes : ils se mettent à la disposition des autres pour s'occuper de leurs billes, les mettre à l'abri, tenir à jour les quantités, redistribuer les billes quand les joueurs qui les leur ont confié en ont besoin, trouver des moyens pour accroître, sans jouer, la quantité de billes qui leur a été confiée, le tout en échange d'une contribution en billes, ce qui n'est que justice, ces enfants n'iraient pas prendre la lourde charge de s'occuper des billes des autres sans contrepartie.

Il n'est que trop évident que le tout-venant des enfants, bien trop occupé à devoir jouer encore et toujours, ne pourrait s'occuper de la gestion de ses billes, d'autant que le désir des joueurs est sans cesse stimulé par l'invention de nouveaux jeux, en sorte que le besoin de jouer ne faiblisse jamais, au contraire aille croissant, et avec lui, tout naturellement, la quantité de billes en circulation qu'il faudra garder, compter, redistribuer etc.

On remarque que parmi les enfants les plus joueurs, les plus convaincus de la nécessité du jeu, certains ne sont jamais à court de trouvailles, de nouveaux jeux, de nouvelles règles, qu'ils soumettent, avant de les répandre dans la cour, à ceux qui s'occupent des billes des autres. Ceux qui s'occupent les billes des autres encouragent grandement le lancement continuel de ces nouveaux jeux car ceux-ci ont la particularité de réclamer, pour être joués, la possession de billes toujours plus nombreuses, que tous les enfants ne possèdent pas.

C'est alors que ceux qui s'occupent des billes des autres, proposent de prêter certaines quantités de billes, sur la promesse qu'elles leur seront rendues, avec une certaine quantité de billes en plus, bien entendu, puisque c'est la méthode principale, pour ceux qui s'occupent des billes des autres, d'arrondir leur propre sac. No problemo, disent les enfants qui empruntent des billes et s'engagent à jouer avec encore plus d'ardeur pour gagner encore plus de billes et rembourser celles qu'on leur a prêtées. Moyennant quoi, le besoin de créer de nouveaux jeux devient essentiel à tous. A ceux qui jouent (puisque, ne l'oublions pas, il en va de leur raison d'être dans la cour de récréation) autant qu'à ceux qui prêtent des billes pour faciliter la mise au point de nouveaux jeux et ainsi de suite.

En temps normal, les enfants qui s'occupent des billes des autres se prêtent quotidiennement des billes entre eux pour alimenter leurs propres jeux, participer aux initiatives de création de nouveaux jeux etc. Ils se prêtent des billes à taux de remboursement variable, relativement proche d'un taux fixé par d'autres enfants, détenteurs d'une certaine réserve de billes, plus importante que toutes les autres et qui existe dans toutes les écoles primaires dignes de ce nom.

L'existence de cette réserve de billes, le droit d'accès qu'y ont certains enfants, leur intervention dans les parties, tout cela et beaucoup d'autres questions alimentent dans la cour bien des spéculations. Il faut bien admettre cependant que parmi le tout-venant des joueurs, rares sont ceux qui sont capables de se faire une idée bien claire à propos de la grosse réserve de billes. Ils savent qu'elle existe, qu'elle est gardée par certains enfants au statut particulier, à la mine généralement plus sérieuse que les autres, volontiers plus diserts et plus intelligibles quand ils s'expriment sur le thème de la nécessité de jouer aux billes pour maintenir le bon ordre dans la cour, plutôt que sur la nature exacte de cette fameuse réserve; ces enfants échangent leurs vues avec ceux qui s'occupent des billes des autres ou ceux qui inventent de nouveaux jeux et puis voilà.

Mais voici qu'une crise éclate dans la cour, déterminée par diverses circonstances, peut-être la nature même des enfants. S'engager dans une simple partie de billes devient toute une affaire, il faut jouer des coudes pour atteindre la moindre pigne, le cœur n'y est même pas pour ceux qui ramassent des "bigarrots", toutes sortes de chicanes éclatent entre joueurs sur la façon de jouer, s'il faut tenir la bille avec l'index ou le majeur, si celui-là ou celle-là a le droit de jouer, des crêpages de chignon dégénèrent en pugilats. Le jeu, de liberté qu'il était (et qu'on prétend toujours qu'il est) se complique de règles indéchiffrables et d'opinions divergentes. Ceux qui s'occupent des billes des autres sont grognons, ils trépignent, s'indignent, ils estiment que les joueurs manquent d'entrain, ne jouent pas assez, qu'il faudrait jouer beaucoup plus pour retrouver la joie d'antan. Mais d'autres gamins leur rétorquent en montrant le poing que les nouveaux jeux réclament trop de billes ! Même pas vrai ! pleurnichent les enfants qui créent les nouveaux jeux, c'est parce que vous comprenez rien aux règles tandis que, adossés au platane, quelques bambins veulent en finir avec toutes ces billes et prétendent que quelques agates suffisent amplement à faire passer une récréation avec bonheur. En un mot, rien ne va plus.

Les enfants qui s'occupent des billes des autres sont désormais beaucoup plus méfiants entre eux. Ils craignent en effet de prêter et de n'être plus remboursés. Ils préfèrent garder leurs billes. Et comme ils les offrent moins volontiers, tandis qu'on leur en demande encore plus, ils exigent qu'on leur rembourse beaucoup plus de billes qu'avant, quand ils acceptent d'en prêter. Bien sûr, du côté du tout-venant des joueurs, ce n'est pas un encouragement à emprunter des billes. Du coup, ceux-là hésitent à s'engager dans de nouveaux jeux, se replient en maugréant sur ceux qu'ils pratiquent depuis longtemps, font contre mauvaise fortune bon cœur ou attendent de voir venir. Moyennant quoi, le jeu s'immobilise, et ceux qui s'occupent des billes des autres sont stoppés dans l'accroissement de leur quantité de billes. La cour de récréation devient morne. L'ennui et son cortège de frustrations s'installent.

Telle est aujourd'hui la situation dans la cour. Ceux qui s'occupent des billes des autres ne se font plus du tout confiance les uns aux autres, et la quantité de billes qu'il faut donner pour obtenir un prêt est devenue extraordinaire. Mercredi, cette quantité était tellement élevée que l'activité de prêt de billes ne se pratiquait plus. Dans une cour de récréation, à l'autre bout du monde, un de ces enfants sérieux qui gardent la grosse réserve de billes a déclaré : « La tension dans les cours de récréation s'accroît rapidement et s'étend à des domaines inattendus, tel que la distribution du goûter ou l'entretien des sanitaires. »

Pour éviter tout problème, les enfants responsables de la plus grosse réserve de billes, dans la plus grosse cour de récréation du monde où la valeur du jeu est un dogme absolu, ont décidé d'intervenir, avec pour mission de faire baisser la quantité de billes à rembourser quand on en emprunte. Pour ce faire, ils ont fait distribuer un peu partout (à ceux qui s'occupent des billes des autres) 180 milliards de sacs de billes.

C'est ainsi que les enfants responsables des réserves de billes dans toutes les cours de récréation du monde peuvent désormais, eux aussi, se prêter mutuellement des billes qui viennent de la plus grosse réserve de billes, dans le but de les distribuer (toujours aux enfants qui s'occupent des billes des autres) dans leurs cours de récréation respectives.

Dans le cas de nos propres cours de récréation, l'objectif est évidemment de rassurer les inventeurs de nouveaux jeux et de leur permettre de se relancer à coup de billes fraîches.

Ainsi, les enfants de la plus grosse réserve de billes se sont arrangé avec ceux de chez nous. Ils leur ont prêté 110 milliards de sacs de leurs billes, doublant les arrangements précédents.

Avec une cour de récréation spécialiste dans la conservation et circulation des billes, ces arrangements portent désormais sur un montant de 27 milliards de sacs de billes contre 15 milliards précédemment. Et ainsi de suite avec toutes les cours de récréation de quelque importance.

Immédiatement, l'effet escompté s'est produit : on doit rembourser beaucoup moins de billes quand on en emprunte à ceux qui s'occupent des billes des autres et les autres en question vont ainsi pouvoir de nouveau emprunter et soutenir la création de nouveaux jeux, en y jouant de plus belle, c'est capital, faute de quoi, on ne sait pas ce qui pourrait subvenir.
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