Le Monde
redécouvre les troupes coloniales prétendument "oubliées".
L'ignorance des journalistes étant devenue proverbiale (à vrai dire il n'y a là qu'un effet de la déculturation générale, de trente ans d'enseignement de l'oubli, mais dans leur cas cela se voit forcément davantage), quand ils découvrent quelque chose, à l'occasion d'une commémoration par exemple, c'est que cette chose avait été précédemment occultée, oubliée, victime d'une amnésie volontaire, aussi honteuse qu'un cadavre dans le placard familial. C'est ainsi qu'on nous ressort très régulièrement les mutins fusillés de 17, la traite négrière, la collaboration, l'extermination des juifs de l'Europe occupée, etc. comme des découvertes, comme si ces épisodes archi-connus, archi-documentés et archi-étudiés avaient été enfouis sous des kilotonnes de bonne conscience amnésique.
Aujourd'hui c'est l'histoire des troupes coloniales.
Oubliées, vraiment ? Moi j'en ai entendu parler tout au long de ma vie et cela dès le plus jeune âge puisque je contemplais tous les matins la bonne bouille extraordinairement sympathique du tirailleur sénégalais de mon paquet de Banania. Puis on m'en a parlé au lycée et à la faculté, puis j'en ai souvent parlé dans les cours que j'ai donnés, et j'ai lu des dizaines de romans vu des dizaines de films dans lesquels il en était question. Sans parler de quelques excellents travaux historiques. Risible !