Dans deux grandes banques israéliennes où je dus me rendre dernièrement, je fis l’expérience de certaine différence de genre dans la façon de procéder, le seul dénominateur commun restant l’appellation très
sabra des employés, ne se contentant plus du seul prénom, mais compactant encore la désignation par l’utilisation systématique du diminutif d’icelui : l’équipe de la première banque était exclusivement composée d’hommes, des "religieux-sionistes" arborant tous une coquette petite kippa colorée et tricotée en guise de supplément d’âme.
Je fus là reçu comme un cheveu sur la soupe et eus affaire à certain
Itzik (pour Yitzhak), petit homme incroyablement agressif et grand connard qui me demanda tout à trac ce que je faisais là, ce que je voulais et qui j’étais ; accusant le coup et expliquant que je venais en toute bonne foi prendre possession des biens de ma défunte mère, c’est tout juste s’il ne me renvoya à la figure les attestations d’unique et authentique héritier que je présentai, et alors que le ton commençait à monter, son voisin de clapier,
Bentzi (Benyamin, Ben-Tzion ?), fit aigrement remarquer qu’ils n’étaient que des "banquiers", point des juristes, et qu’il leur fallait envoyer les documents au département juridique de la banque pour évaluer précisément mes droits. Après quelques minutes d'un tel traitement je fus vraiment à deux doigts de me saisir de l’écran d’ordinateur d’
Itzik et de le lui fracasser sur sa ridicule petite kippa bleue et or.
Je sortis de ce repaire de p'tits mecs calottés le feu aux joues et ruminant des idées de pyromane.
De là, bellement échaudé et m’attendant encore au pire, j’allai à la Leumi, située deux cents mètres plus haut ; le département "premium" de l’agence était surchauffé et presque entièrement constitué de femmes, à l’exception d’un "conseiller en investissements". Je pris langue avec la directrice du département,
Kookie (Kochava ?), dès la poignée de main le courant passa entre nous, et déjà nous nous régalions d'"Aline" (façon qu’ont les Israéliens de prononcer "Alain") par-ci,
Kookie par-là : l’on me materna, m'adressa des sourires entendus et me coula de chaudes œillades, me proposa un verre d’eau et une tasse de café, et d’ouvrir immédiatement un compte pour y transférer mes nouveaux avoirs, en bénéficiant d’appréciables réductions de frais. J’acceptai de l’ouvrir, à défaut de plonger incontinent ma tête surchauffée dans le décolleté de l’adorable
Kookie, qui de plus était assez gironde et fièrement tétonnière.
Lily (Liliane ou Lilach), tout aussi affable et souriante, s’occupa des formalités administratives de l’ouverture du compte et m’assura que mes papiers étaient parfaitement en règle et suffisants pour procéder à l’appropriation, puis me conduisit à
Doudou (David), seul homme de la place, qui présentait une ressemblance frappante avec Mr Bean (
Rowie) et se chargea du méticuleux transfert du portefeuille.
Il ne restait plus qu’à me présenter à la directrice de l’agence,
Shoshi (Shoshana), et l’affaire, rondement menée, était dans le sac.
Je ne repris forme et contenance qu'en faisant quelques pas, chancelant, sur le boulevard Herzl.