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À propos d'un texte de Cassandre

Envoyé par Renaud Camus 
21 septembre 2008, 12:07   À propos d'un texte de Cassandre
Dans mon "journal" de l'année 2005, "Le Royaume de Sobrarbe", dont je suis en train de corriger les épreuves, je fais une longue citation d'un texte de Cassandre, mis en ligne ici même, je crois, et qui commence ainsi :

« S'agissant du racisme il faudrait faire la distinction entre les actes et les opinions. Seuls les actes consistant à brimer, brutaliser, persécuter, à plus forte raison tuer... », etc.

Et je précise, après la citation, que ce texte correspond à peu près exactement à mes propres positions. Cependant l'éditeur exige que ce texte soit retiré du volume, comme nous exposant à des poursuites. J'aimerais avoir l'avis des habitués de ce forum, et peut-être surtout des juristes parmi eux. Malheureusement je n'ai pas le temps de le recopier en entier pour l'instant. Des experts techniques, ou bien Cassandre elle-même, seraient-ils capables de le retrouver dans les archives, pour commencer ? La citation s'achève à « ... et cela même quand la population se montre cordiale. »
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 12:33   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Si la citation date de 2005, je doute qu’on la trouve ici même, le plus ancien fil datant de février 2008. Si l’ancien forum a été archivé quelque part, de grâce, dites-nous où.
Ah oui, vous avez raison, j'avais oublié ce détail. Je le recopierai donc, dès que j'aurai une minute.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 13:11   Re : À propos d'un texte de Cassandre
J'ai bien peur que Cassandre soit partie pour quelques jours…
21 septembre 2008, 14:15   Voici le texte de Cassandre
Voici le texte de Cassandre. Mon intention actuelle est de le retirer du livre puisque l'on m'y oblige mais de préciser néanmoins, dans le livre, qu'il est lisible sur ce site-ci. La postérité, si postérité il y a, aura ainsi une idée de ce qu'un écrivain français, en 2008, ne pouvait pas publier ; et elle pourra comparer avec d'autres périodes de l'histoire, en général données pour plus obscurantistes et moins libérales en matière de liberté d'expression :

« S'agissant du racisme il faudrait faire la distinction entre les actes et les opinions. Seuls les actes consistant à brimer, brutaliser, persécuter, à plus forte raison tuer, un individu qui ne nous a strictement rien fait, au seul motif qu'il appartient à telle race, à telle communauté ethnique ou religieuse, doivent être considérés comme racistes et sévèrement condamnés. S'agissant de simples opinions, il faudrait encore faire une distinction entre celles qui attisent la haine et les pulsions meurtrières contre les membres d'une race, d'une communauté ethnique ou religieuse et incitent explicitement aux brutalités contre ces membres quoi qu'il aient fait ou n'aient pas fait, et les autres. Seules les premières méritent d'être interdites ou sévèrement condamnées. Les autres opinions , qui se contentent d'exprimer un point de vue critique sur telle ou telle "communauté", ou bien un préjugé défavorable à son encontre, devraient, en bonne logique démocratique, pouvoir s'exprimer en toute liberté parce qu'elles ne font de mal à personne, D'AUTANT MOINS et tant QUE LES OPINIONS CONTRAIRES ONT LE DROIT DE S'EXPRIMER AUSSI.

« Par ailleurs, ressentir une pulsion de rejet envers des personnes étrangères qui viennent s'installer par peuples entiers, sans égard pour les populations "indigènes", leurs sentiments et leurs manières, ne relève pas non plus du racisme, surtout quand ce rejet s'exprime sans violences. C'est une simple manifestation de l'instinct de conservation. Si les écologistes et bien d'autres trouvent normal que des gens habitués à un paysage naturel souffrent de le voir disparaître ou se modifier au point de n'être plus reconnaissable, à plus forte raison devraient-ils trouver compréhensible que des gens habitués à un certain paysage humain, façonné, lui aussi, par les décennies et souvent par les siècles, avec ses modes spécifiques d'interaction entre les personnes, les figures qui le composent, souffrent de le voir disparaître ou se modifier au point de n'être plus reconnaissable, car alors c'est un véritable exil intra muros qui leur est imposé. La couleur de la peau peut jouer un rôle dans ce sentiment, mais ce n'est pas déterminant. On peut aimer l'Afrique et le Maghreb, on peut y aller vivre à condition que cela soit un choix, que cela découle de l'initiative personnelle. Mais que dirait-on si on nous mettait de force sur des bateaux pour aller y vivre éternellement? Or c'est à un véritable exil immobile, sans voyage, qu'est astreinte dans certains quartiers, certaines cités, la population "de souche", exil d'autant plus pénible quand ces lieux portent l'empreinte de l'"islam way of life". Il suffit de connaître les pays musulmans, d'y avoir vécu non pas en touriste, en séjour d'agrément ou dans les quartiers réservés aux diplomates, pour se rendre compte que l'air y est vite irrespirable pour un occidental, et cela même quand la population se montre cordiale. »
Je ne sais si les intervenants de ce forum ont lu "Lajja" (la Honte) de Taslima Nasreen. Ce roman (mais en est-ce vraiment un ?) est fondé, justement, sur la différence entre les actes posés et les opinions exprimées. Le roman (c'est celui qui a valu à T.N. sa première "fatwa") décrit le processus qui oblige les hindous du Bangladesh à quitter le pays sous la pression (mais à ce degré-là, ce n'est même plus de la "pression", il s'agit de la contrainte la plus violente) des musulmans, alors que la voix officielle gouvernementale et les manifestations organisées dans les rues de la capitale prêchent l'entente entre les communautés. Les "amis musulmans", de même, ne parle que de tolérance, ce qui ne les empêche pas de participer aux mouvements de foule et aux bandes de rues, et de détruire des milliers de temples hindous, de brûler les maisons appartenant à des hindous, de confisquer leurs terrains et de violer massivement leurs filles. La police laisse faire, elle n'intervient que pour protéger les musulmans...

P.-S. Je viens seulement de lire le texte de Cassandre, que Renaud Camus vient de recopier ici. Dans quel pays sommes-nous, si nous ne pouvons plus publier un texte mesuré tel que celui-là ? De quel éditeur s'agit-il ? Il me semble que POL avec Du Sens était beaucoup plus audacieux...
21 septembre 2008, 14:37   Re : Voici le texte de Cassandre
Le juriste que je ne suis pas vous dirais que ce texte ne prend aucunement parti sur la question du racisme, de la race, de la haine raciale, etc. dans un sens contraire aux lois du pays, mais qu'il prend position en revanche sur la question, très problématique, de l'intégration (rejet ou non-rejet de populations allochtones). Or que l'on sache, il n'y a pas de loi qui viserait expressément des propos anti-intégration en France. La question de l'intégration s'inscrit dans le débat politique et n'est nullement connexe à celui de la race. Ce débat a sa place dans l'espace public (cf. l'actuelle discussion nationale et européenne sur l'intégration des Roms) et pour l'heure, est ouvert.

Votre éditeur, sauf mon respect, plie un peu vite et un peu fort dans le sens de la doxa.
Le texte de Cassandre est plutôt modéré mais, malheureusement le sans-gène est l'usage le plus répandu. A moins d'avoir les moyens de s'isoler confortablement (je pense surtout aux citadins) le sort des gens civilisés est de subir.
21 septembre 2008, 15:31   Re : À propos d'un texte de Cassandre
L'incitation au crime me paraît pénalement attaquable. Il en va de même pour le racisme. Le fait de ne pas agir soi-même, mais d'y entraîner d'autres par des paroles, entraîine objectivement une responsabilité partagée avec l'auteur des actes. Mais la pénalisation ne devrait logiquemnt intervenir qu'a posteriori, car en l'absence de lien avec un acte raciste quelconque, comment peut-on penaliser des propos ?

En fait les propos de Cassandre reviennent non pas à proférer des propos racistes mais à contester la loi Pléven :

cf.[www.aidh.org] :

En France, deux textes de loi traitent du racisme :
la loi, dite "loi Pleven", du 1er juillet 1972 incrimine "la diffamation ou l'injure raciste ainsi qu'un délit nouveau de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée".

La loi permet aux associations antiracistes déclarées depuis au moins cinq ans de se porter partie civile.

la loi, dite "loi Gayssot", du 13 juillet 1990 renforce la loi de 1972 en accordant aux associations un droit de répondre dans la presse ou dans les médias audiovisuels. D'autre part, elle réprime le délit de négationnisme, c'est-à-dire la contestation de l'existence de un ou plusieurs crimes contre l'humanité. [Source: Le racisme, Jacques Tarnero, Les Essentiels Milan, 2001]



Donc les propos cités ne me semblent pas pénalement attaquables car ils ne sont que la contestation du bien fondé d'une loi sans pour autant tomber sous le coup des actes visés par cette loi.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 15:51   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Je viens de lire le texte de Cassandre et mon premier sentiment est qu'il n'est vraisemblablement pas contraire au droit pénal français et qu'il relève de la simple liberté d'expression. Cependant, puisque j'exerce en Suisse et que le droit suisse est plus libéral ( that means : plus respectueux de la liberté d'expression) que le droit français, il me semble prudent d'approfondir la question. Je remercie M. Camus de me dire si je peux disposer de quelques jours pour procéder à une analyse des dispositions pénales applicables et de la jurisprudence rendue. Certes, nous gagnerions du temps et je pourrais vous donner une réponse plus ciblée si M. Camus demandait à son éditeur à quel article de loi celui-ci se réfère pour considérer que ce texte ne peut pas être publié en France. Car de deux choses l'une, soit ledit éditeur a soumis le "manuscrit" à un avocat et il doit pouvoir immédiatement répondre à la question posée, soit il n'a fait qu'exprimer son sentiment d'éditeur craintif et ce n'est ni sérieux, ni acceptable.

Peut-être que jmarc pourrait également nous apporter les lumières de son érudition juridique ?
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 16:14   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Citation

la diffamation ou l'injure raciste ainsi qu'un délit nouveau de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une race ou une religion déterminée".

S'il s'agit du seul texte légal applicable au cas d'espèce, je puis être nettement plus affirmatif à ce stade déjà : le texte de Cassandre ne peut être interprété raisonnablement comme relevant de la diffamation, de l'injure raciste ou de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence. Etant, en tant que constitutionnaliste, assez familier avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, j'ajoute que cette juridiction protège avec détermination la liberté d'expression et qu'une loi française dont l'application conduirait des juges nationaux à censurer le texte de Cassandre - qui relève de la simple réflexion politique - ne serait assurément pas jugée compatible avec la Convention européenne des droits de l'homme. Je rappelle que la Cour a déjà jugé que la Charia n'était pas compatible avec la démocratie.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 16:17   Re : À propos d'un texte de Cassandre
« Dans quel pays sommes-nous, si nous ne pouvons plus publier un texte mesuré tel que celui-là ? »

Je crois qu'il s'agit de la France, Cher Bernard. Mais j'espère, après avoir lu Corto, qu'il va nous rassurer…
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 17:34   Re : À propos d'un texte de Cassandre
En prenant pour base ce texte proposé il y a peu : "Comme ethnologue, je suis convaincu que les théories racistes sont à la fois monstrueuses et absurdes. Mais en banalisant la notion de racisme, en l'appliquant à tort et à travers, on la vide de son contenu et on risque d'aboutir au résultat inverse de celui qu'on recherche [...] Que des cultures, tout en se respectant, puissent se sentir plus ou moins d'affinité pour les autres, c'est une situation de fait qui a existée de tout temps. Elle est dans la normale des conduites humaines. En la dénonçant comme raciste, on risque de faire le jeu de l'ennemi car beaucoup de naïfs se diront : si c'est cela le racisme, alors je suis raciste."
C. Lévi-Strauss et D. Eribon, "De près et de loin", Paris, Odile Jacob, 1988, p. 208.

... et pour nourrir la réflexion, ne pourrait-on pas dire, pour cette partie du texte de Cassandre, que mots et idées qui pourraient achopper sont "ressentir un pulsion de rejet" (interprété négativement comme "se laisser aller a des pulsions élémentaires") - " leurs sentiments et leurs manières" (interprété comme "les sentiments et manières des autres sont donc mauvaises") - "instinct de conservation" (interprété comme une réaction sans jugement ni civilisation également).
Il s'agit là d'une partie de la définition de l'opinion (Petit Robert), celle qui a à voir avec le sentiment, l'impression, l'imagination, et comme dans la phrase de C.Levi-Strauss : l'affinité dans sa signification accord, sympathie. "c'est une situation de fait qui a existée de tout temps". Elle est dans la normale des conduites humaines". Est-ce que le dire devient une opinion ? Oui, mais pas du fait de celui qui l'exprime, du fait de l'accusation de racisme qu'on lui lie actuellement. A ce degré de l'opinion, est-il interdit d'avoir une opinion et n'est-ce pas vouloir tout simplement nier la réalité de la nature humaine ?
Pardonnez-moi, mais il me semble que vous ne comprenez pas exactement le problème. Il est certes essentiel de savoir si ce texte tombe ou non sous le coup de la loi, et en ce sens Me Corto tend en effet à nous rassurer. Cela, hélas, ne change rien au fait que pratiquement, éditorialement, de facto, ce texte de peut pas être publié, ou en tout cas pas par moi. C'est, en quelque sorte, lui ou moi. Je suis de plus en plus convaincu, d'ailleurs, que la loi a bon dos et que son interprétation est très largement élastique, hautement soumise à des critères d'opportunité et de personnalité. Il serait plus juste d'écrire que ce texte ne peut pas être publié par moi. Il m'est refusé. Je suis requis de le faire disparaître. Que ce soit à bon droit ou non est une autre question (passionnante, certes, mais secondaire).
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 17:50   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Mais alors… quelle était la question ?
Il est curieux que Gallimard ait publié L'Opprobre de R. Millet, à mon avis bien plus sulfureux que le texte de Cassandre. Et effectivement, cher Renaud Camus, la loi a bon dos, et elle est le cache-misère de la couardise des éditeurs.
» J'aimerais avoir l'avis des habitués de ce forum

Mon avis, pour ce qu'il vaut : La Honte (Lajja) de Taslima Nasreen : Stock, 1994, avant d'être publié en livre de poche. Bien plus virulent et plus ciblé que le texte de réflexion écrit par Cassandre...
21 septembre 2008, 18:03   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Non la loi n'est pas élastique, les juges ne peuvent interpréter à leur gré et appliquer des textes qui n'existent pas. En revanche, il est facile d'invoquer faussement la loi plutôt que d'assumer le refus d'éditer un texte. Il y a les textes (de loi), et le... prétexte.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 18:04   Récidive fantôme !
"Je suis de plus en plus convaincu, d'ailleurs, que la loi a bon dos et que son interprétation est très largement élastique, hautement soumise à des critères d'opportunité et de personnalité. Il serait plus juste d'écrire que ce texte ne peut pas être publié par moi."

Oui, c'est aussi mon avis. Il est fort possible que Renaud Camus soit assimilé à un "récidiviste", eu égard à son "affaire" et que c'est à la lumière de la "récidive" qu'on pèse ses prises de positions, ce qui est particulièrement arbitraire dans la mesure où "l'affaire" n'a donné lieu à aucune poursuite judiciaire (c'est à se demander si la tenue d'un procès n'eût pas été préférable) mais continue d'agir comme si une condamnation claire et nette avait été prononcée. Un comble !
21 septembre 2008, 18:22   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Mais l'éditeur ne se place pas selon moi du point de vue de la loi : il anticipe une nouvelle campagne contre Renaud Camus dont la virulence qui la portait alors peut ressurgir. Cela me paraît désolant mais logique dans le contexte de bien-pensance et de propagande qui dominent.
Mais cela n'est-il pas pain bénit pour un éditeur ?
Ou l'éditeur veut-il protéger la personne de Renaud Camus comme son capital ?
21 septembre 2008, 18:51   Re : À propos d'un texte de Cassandre
L'éditeur a une image qui est tributaire des idées dominantes. Cette image qui est en partie son capital.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 19:03   Re : À propos d'un texte de Cassandre
C'est que l'on a envie de vous aider Renaud Camus ! De la discussion naissent parfois des idées étonnantes. Et que faire d'autre...
Message supprimé (erreur de lien "répondre")...
(Sotto voce.) Publier en Belgique ou en Suisse ?
21 septembre 2008, 19:18   Re : À propos d'un texte de Cassandre
ou prendre contact avec des amis en France pour déminer le terrain au préalable.
Bien cher Maître et bien chers amis,


Je ne pense pas que ma contribution soit déterminante. J'ai cependant quelques idées, que je compte soumettre demain à un ami juriste. Elles ne sont pas encore très claires, vous voudrez bien m'excuser de ne pas vous les communiquer car elles ont besoin de mise en forme.
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 23:41   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Pour ceux que la question intéresse, j'ai trouvé un bon commentaire juridique d'une récente décision de la Cour de cassation en matière d'incitation à la haine raciale
commentaire juridique

En résumé, des propos critiques mesurés, dépourvus de mauvaise foi et de volonté délibérée d'inciter à la violence ou à la haine raciale, relèvent purement et simplement du débat d'idées protégé par l'art. 10 de la Convention européenne des droits de l'homme.
De plus, après avoir parcouru la jurisprudence européenne et française,mon analyse est que cette dernière s'inspire aujourd'hui assez fidèlement (après quelques condamnation de la France...)de la première et que les dispositions pénales française limitant la liberté d'expression sont interprétées de manière restrictive.
Je confirme donc que le texte de Cassandre ne paraît pas problématique d'un point de vue juridique et que la décision de l'éditeur de M. Renaud Camuse est gravement liberticide. Mon conseil : il faut résister, que diable !
Utilisateur anonyme
21 septembre 2008, 23:44   Re : Voici le texte de Cassandre
...vous dirait, Francis
22 septembre 2008, 06:53   Je est un autre (insomnie)
à mon avis c'est fifty-fifty sur ce coup là, Corto: quand je parle pour celui que je ne suis pas, je m'accorde avec moi-même, en général, ça rend les choses plus simples.
Utilisateur anonyme
22 septembre 2008, 08:32   Re : Je est un autre (insomnie)
Oui, peut-être, Francis.
Grand merci à Me Corto.
Il me semble que si l'éditeur accepte qu'il y ait un blanc dans le livre avec un renvoi à ce site, ce serait une assez belle démonstration de ce qu'est aujourd'hui, dans la réalité, la liberté d'expression en France.

Je vais tâcher de rendre à nouveau accessible aux ajouts la rubrique "documents" (peut-être pourriez-vous indiquer cette rubrique dans votre renvoi : d'ici à la parution du livre, cla devrait être fait).

Je retiens en tout cas comme une très bonne nouvelle la prochaine parution du Royaume de Sobrarbe.
22 septembre 2008, 10:38   Avis
Bien cher Maître,

J'ai envoyé copie de votre message hier au soir à un mien ami, qui est magistrat (quoique non spécialisé dans ce genre d'affaire). Voici le résumé de son opinion.

Il n'est pas possible de répondre totalement à la question (en particulier parce qu'on ignore l'analyse exacte de la maison d'édition, qui apparaît essentielle en la matière, la citation isolée pouvant être éclairée de façon différente par le tout que constitue l'ouvrage) mais on peut aborder les pistes suivantes :


- la position de la maison d'édition est prudente, car les points de vue qui sont formulés concernent des "communautés" en général. Dans le même ordre d'idées, il ne s'agit pas d'un opuscule, mais de l'oeuvre d'un auteur connu. Dès lors, le succès d'une action en justice n'est certes pas assuré, mais il n'est pas non plus dépourvu de toute chance de réussite. Une maison d'édition a une faible surface financière, et il est risqué, sauf si elle s'engage dans la littérature "de combat", de publier tel quel un tel texte ;

- cela n'est pas, au demeurant, la question posée par Renaud Camus ;

- la problématique du lien avec un site est la suivante. Il est encore possible de chercher des noises à l'éditeur (il y a dans ce cas une sorte "d'exportation" du texte litigieux). Il faudrait dans ces conditions que la formulation du lien avec le site soit clairement débattue avec le conseil de la maison d'édition.


Pour le reste, je me joins à Marcel Meyer pour vous féliciter de votre prochaine publication.
Je me demandais si les "Vaisseaux brûlés" ("Ne lisez pas ce livre !") étaient définitivement clos. Un lien vers une page litigieuse est sans doute discutable, en effet, mais ici, il s'agirait tout de même d'un lien vers une œuvre complexe, difficilement imprimable (oui, je sais !) car elle tire parti de l'hypertexte, ce qui, en soi, est une justification du lien... Et le lecteur qui cherche trouvera...
Utilisateur anonyme
22 septembre 2008, 18:27   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Il n'existe aucune loi qui interdise de parler de manière critique des "communautés en général", cher jmarc, dès lors que l'on expose de bonne foi des points de vue de nature politique. Mais, il est vrai que l'on ne peut jamais interdire à quelque association amie du désastre d'engager action et de la perdre. Action qui, d'ailleurs, ferait du prochain journal de Renaud Camus un véritable "best-seller"( j'écarte l'hypothèse d'une censure préventive, car ce serait tellement disproportionné et absurde).

La liberté d'expression, cher Marcel Meyer, ne se mesure pas à l'aune de la décision d'un éditeur particulièrement frileux. Celle qui est garantie dans tous les pays membres du Conseil de l'Europe par la Convention européenne des droits de l'homme est indubitablement beaucoup plus vaste et assurée qu'elle ne l'était en France, au début de la Vème République, lorsque l'on saisissait les journaux pour une mauvaise blague et lorsque la France était dotée d'un Ministère de l'information, comme n'importe quelle dictature, bananière ou communiste.
22 septembre 2008, 19:42   Optimisme
Bien cher Corto,


J'aimerais partager votre optimisme. Ce que vous dites est en effet plein de bon sens et sans doute appliqué en Suisse. L'ennui, comme aurait dit Me Floriot, est que certains tribunaux français font preuve de, disons, "créativité juridique".

Mon ami m'a dit que ce risque était très limité, mais non nul, et assez important pour que la maison d'édition se voit contrainte d'engager des frais qui peuvent être considérables. Cela étant, le point majeur, selon lui, est le contexte dans lequel tout cela est cité. Il serait curieux de connaître les arguments de l'éditeur, dont le conseil doit être a priori spécialisé dans ce genre d'affaires.
22 septembre 2008, 19:57   Re : À propos d'un texte de Cassandre
J'adhère entièrement au point de vue de Corto sur la base d'une petite expérience de quelques années en matière de contentieux administratif (en France), contentieux que je continue de suivre de moins près.. .
Je n'ai, hélas, aucune lumière juridique sur la question posée, mais j'ai le sentiment que la diffusion, par l'intermédiaire du Journal, de la brillantissime formule cassandrienne d'"exil immobile" est un devoir.
Plus j'y pense, plus je me dis que s'il est un pays, c'est la France, s'il est une fonction, c'est celle d'écrivain, et s'il en est un, disons qu'un certain Renaud Camus est là pour porter le flambeau comme aux Paralympiques certains la flamme.

L'intelligence, autant dire, le handicap, le fauteuil roulant, est une chose qui n'existe plus guère, est tabou, comme encore ne l'est pas tout à fait dans le pays de la pensée qui donne le la au monde, la France, ladite intelligence.

La déroutante, impertinente, pertinente, intelligence de qui a couché "Du Sens" confère, en ce pays, l'immunité. Ce type a le droit de penser. De lui, c'est ce qu'on attend. L'homme a licence, de penser et de dire, à sa manière, dans sa manière, par la voix d'acolytes si besoin est, comme Roland Barthes, Baudrillard et tous autres qui n'ont pas le privilège de porter un nom, ont droit d'émettre idées, pensées, refus, arguments secrets, évidences à soi, etc.

Il est tout à son honneur et tout bénéfice pour tous que Renaud Camus fasse publier ce qui lui chante là où ça lui chante autant qu'il veut, pour absolument tout ce que la démocratie accueille en son sein: l'approbation aveugle, l'opposition aveugle, la considération narquoise, le rejet, le cataloguage, la dévotion, la grande discussion, l'archivage général.

La question de l'intéressée est en-deça de la démocratie et de la règle commune où nous tous, y compris les communautaires, acceptons de vivre : ce texte de Cassandre a sa place tout naturellement dans l'opus prochain de Renaud Camus s'il le souhaite ainsi, sans sa belle intégralité, pour pain de réflexion et de pensée livré à chacun, comme il lui plaît.
Je souscris au message de Francis. J'ajouterai (Renaud Camus estimera peut-être que j'en parle à l'aise) que l'approbation par l'écrivain du retrait proposé (ou exigé) par l'éditeur fait de ce retrait un acte d'autocensure.
23 septembre 2008, 10:09   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Il me semble qu'au delà de l'aspect juridique du problème soulevé, le plus important est la réception de l'oeuvre dans le milieu intellectuel intervenant sur les médias. Car même si il n' y a pas de biais pour attaquer juridiquement, les agressions morales et psychologiques sont pires. Il me paraîtrait donc prudent pour Renaud Camus d'évaluer cela en proposant par exemple une lecture préalable aux amis de ce milieu qui sont certainement les mieux à même d'évaluer les réactions prévisibles. Ainsi, il serait plus facile de déterminer la conduite à tenir et aussi d'envisager (et préparer) les contre-feux qui pourraient s'avérer nécessaires.
D'un autre côté, si l'auteur en est déjà à la relecture des épreuves, et si le journal paraît bien le 5 novembre ainsi qu'il est annoncé sur l'autre forum, il me semble ne disposer que de peu de temps pour arrêter sa position.
Utilisateur anonyme
23 septembre 2008, 12:48   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Je dirais même plus, étant donné que novembre succède à octobre qui succède à septembre, à ce train-là, nous serons bientôt en hiver, en France.
Utilisateur anonyme
23 septembre 2008, 13:45   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Et les loups rentreront dans Paris.
C'est déjà fait.
Peut-être Boris , en rappelant que l'hiver est bientôt là, c'est aux fêtes de Noël et de la Saint Sylvestre, occasions de cadeaux, que vous aviez pensé ?
Utilisateur anonyme
23 septembre 2008, 21:34   Re : À propos d'un texte de Cassandre
Excusez moi, j’ai loupé quelques épisodes, la question posée au sujet du texte de Cassandre, me tente d’écrire quelques idées à l’attention de Renaud Camus, en réponse à divers de ses propos, dont certains déjà anciens.

Je suis née en France, dans un pays que j’adore, tout en me sentant « appartenir » aussi esthétiquement, sensitivement, à un autre univers, l’univers russe, et tout en étant patriote française par devoir, c'est-à-dire fondamentalement.
Quand j’ai entendu parler des propos de Renaud Camus sur l’émission de France-Culture "Panorama" et ses principaux animateurs juifs venus de l’Est ou d’Afrique du nord, et du fait qu’il était curieux qu’ils représentent la culture française, j’ai pensé que ces propos représentaient aussi en partie mon propre sentiment. L’autre partie était que la surreprésentation de juifs dans une émission intellectuelle n’avait rien d’étonnant.

Quand j’étais adolescente, je me suis demandé si je devais faire de la politique. En tant que juive chargée du poids du sauvetage du monde en général et de la France en particulier, je pensais que c’était mon devoir. Mais je me suis dit aussi : « Comment pourrais tu prendre des décisions bonnes pour la France, si tu ne te sens pas entièrement française, si tu aimes plus la culture russe que la culture française ? Si spontanément, viscéralement, ton imagination n’est pas celle qui fait partie du « génie » français, tu n’as pas le droit d’intervenir dans les choix des français. »
Pas le droit, c’est tout. Personne ne me l’a interdit. Je me le suis interdit, par devoir envers la France. Ma façon paradoxale d’être patriote, en me plaçant dans un rôle de « réserviste » de la politique française …

Aujourd’hui, Renaud Camus demande si le passage de Cassandre est légal ou non.
Je pense que ce passage peut certainement provoquer des poursuites, étant donné le caractère tellement vague des termes actuels de la loi. « Incitation à la haine » : mais qu’est ce qui ne risque pas d’ « inciter à la haine » … ? Toute critique, toute expression d’un sentiment négatif, fut elle entourée de toutes les précautions de l’auteur pour prévenir une mauvaise interprétation, comporte un germe microscopique de ce risque et pourra être présentée par un procureur soupçonneux comme incitant à la haine.
« Ressentir une pulsion de rejet envers des personnes étrangères » : voilà bien la définition même de la xénophobie, dira le procureur.

J’ai envie d’écrire à l’attention de Renaud Camus, ma fureur devant la destruction de la culture et des paysages français que je vois à l’œuvre. Pourtant je sais bien que les « sans-rien » qui viennent en France, n’ont pas d’intentions malveillantes.
Un étranger accueilli en France, doit se faire un devoir de préserver la culture française, en devenant français le plus possible. La couleur de peau n’est pas obstacle, lorsque l’on est devenu français par le langage, parlé, corporel, par l’ensemble des apparences, par la culture que l’on acquiert, la couleur ne se voit même plus. Si, peut être, on remarque de ci, de là, un petit quelque chose, un trait, un sentiment semblant apporté d’ailleurs, quelque chose de tragique chez Piaf, quelque chose de planant chez Voulzy …
Ceux qui ne le font pas ne méritent que le rejet et la colère, c’est aussi simple pour moi que cela. Ceux qui se vantent de transporter ici leur identité en l’imposant à la France, en voulant changer la France, c'est-à-dire la détruire, ne méritent que la fureur.
La France est blanche et une immigration harmonieuse amène en l’espace de quelques générations à ce que les descendants d’autres couleurs se fondent dans le blanc général. Je vois mal comment une immigration en nombre tel que cette fusion soit impossible, pourrait signifier autre chose qu’une violence envers la population française de vieille souche. Et comment éprouver autre chose envers cette violence et cette destruction, que de la tristesse et du rejet. Pas contre les « sans-rien », mais contre ceux qui sont bien installés et contre tous ceux qui les laissent venir.
Merci Elisseievna. Grâce à votre intervention, on se sent moins seul, quand bien même vous seriez seule en France à dire et penser cela.

Le rejet sans haine est infiniment plus difficile à assumer que le rejet carburant à la haine. Il faut rejeter un état de fait, s'attaquer à ce et ceux qui le causent, le perpétuent, le précipitent vers des points de non retour sans pour autant se laisser entraîner dans une campagne xénophobe aussi dangereuse qu'immorale. En un sens, ce rejet relève d'un art particulier, l'art politique au sens le plus élevé, celui de qui réserve sa fureur à ceux qui font le choix libre et conscient de pousser au désastre en engendrant des victimes de tous horizons (ultramarins comme autochtones), guidés qu'ils sont par leur ambition, tantôt secrète, tantôt avouée, de se constituer et d'entretenir un terreau victimaire à leur service et au service d'un projet politique et sociétal démiurgique; cependant que cette fureur doit épargner les plus faibles, démunis et inconscients, employés comme arme migratoire, servant d'instruments de chantage international ou rendus otages d'enjeux idéologiques qui les dépassent.
Cher président

En retrouvant mes pénates, je suis tombée sur votre interrogation au sujet de mon texte. Bien que très flattée que vous l'ayez retenu, je serais navrée qu'il vous vaille le moindre désagrément. N'ayant aucune compétence en matière juridique, je serais bien incapable de vous donner le moindre conseil. Il me semble, pourtant, que plutôt que de citer l'obscure Cassandre, il serait préférable que vous vous appuyiez sur des célébrités intellectuelles au dessus de tout soupçon . Je pense, moi aussi, à Lévi-Strauss qui, dans le livre " Entretiens avec Lévi-Strauss " ou dans son fameux discours devant, je crois, l'ONU, a développé sur le racisme et la xénophobie des points de vue très proches de ceux que vous défendez et que défend le PI.
Utilisateur anonyme
24 septembre 2008, 11:38   Re : À propos d'un texte de Cassandre
« l'obscure Cassandre »

Pfffffff…
Elle confond avec la Pythie...
Telle pourrait être la politique de dépopulation brutale, chère au Parti de l'Innocence, si "Cassandre l'obscure" en prenait les rênes...
24 septembre 2008, 20:34   Jmarc, ne me faites pas ça...
Bien cher Jmarc,

Je déteste ne pas vous comprendre. Je vous en prie, développez !
24 septembre 2008, 20:49   Fuyons, il va développer !
Voici, bien cher Francis, l'explication à mon message en effet "far-fetched" (vous voyez que je me souviens de vos interventions !).

Dans "Jude the Obscure", Thomas Hardy (dont le récent ouvrage de Renaud Camus nous montre qu'il était un architecte disons "original") fait écrire ce petit mot par un enfant qui se pend après avoir assassiné ses frères et soeurs, car il juge que ces enfants trop nombreux causent la perte des parents. Il est inutile de vous préciser que le roman fut mal reçu par le public.

Il a été question de "Cassandre l'obscure" et, compte-tenu des positions affirmées du Parti sur la natalité, j'ai pensé que ce Pavel Morozov britannique pouvait figurer au Panthéon de l'In-nocence.


Notez que malgré le titre du message je ne me prends pas pour Brahms.
Utilisateur anonyme
24 septembre 2008, 20:51   Re : Fuyons, il va développer !
Alors modulez, mais modulez donc !
24 septembre 2008, 20:56   Titre
Bien chers Jérôme et Francis,



Je vous propose que nous nommions, en hommage au Maître, cet échange de messages "Les Travers des Passages".
Utilisateur anonyme
24 septembre 2008, 20:58   Oblique
Ce sera sans vapeur, pour moi.
24 septembre 2008, 21:07   Dim Sum
Monsieur est un connaisseur...
24 septembre 2008, 21:19   Révo. Cul. sous Staline ?
Dans l'Oural est une splendide forêt,
À la beauté séculaire,
D'une verdure éclatante toute l'année.
Au dessus des sommets
Planent des aigles,
Plus haut que les aigles, un avion vole.

Au pied de la montagne, il y a un kolkhoze.
Ici, notre camarade a grandi.
On l'appelait Pavel Morozov.
Notre camarade fut un héros.
Il n'a pas accepté que son père
Vole ce qui appartenait au peuple.

Pendant une nuit obscure,
Ils se sont vengés sur lui.
Il l'on tué d'une balle en pleine poitrine.
L'ennemi le prit en embuscade
Sur une route déserte.
Le Pionnier ne reverra pas son unité.

Notre unité est formée d'aigles,
Elle est forte de leur courage.
Morozov est un exemple pour tous les enfants.
Nous sommes une troupe de héros,
Morozov est cher à nos coeurs,
Les Pionniers ne l'oublieront jamais.

Dans l'Oural, dans la forêt,
Le vent sèche la rosée.
Le brave Pavlik ne retournera pas à son unité.
Il est mort en héros
Sous la haute montagne.
Et notre chant est pour lui.
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