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Les quartiers pauvres les plus riches du monde

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
Utilisateur anonyme
28 avril 2014, 19:34   Re : Les quartiers pauvres les plus riches du monde
Avec Najat, dorénavant, ce sera comme d'habitude (voir sa lettre de "combat") : "La politique de la ville sera désormais plus lisible et plus cohérente. Mieux concertée et mieux coordonnée, elle sera aussi plus ciblée et plus efficace." On y parle de "géographie prioritaire" ???

Mais on comprend de quoi il retourne quand on lit ceci : "Les associations, acteurs incontournables de la démocratie locale et de la solidarité de proximité, seront en effet au cœur de notre projet pour la ville." Les 600 millions d'euros iront, en partie, dans les poches de ces associations pour je ne sais quelles actions "de proximité" : un concert ? un tournoi ? des ateliers de "street art" ?

Les jeunes de ces quartiers se verront offrir les "emplois d'avenir", contrats aidés qui leur permettront de toucher un salaire, certes modeste, mais pour quelles fonctions ?

Madame évoque "la tentation de l’entre soi qui traverse notre société." Sans doute fait-elle référence à sa famille politique, à ses amis.

Une lettre, tout un programme et 3 935 742 000 francs.
"Les associations, acteurs incontournables de la démocratie locale et de la solidarité de proximité, seront en effet au cœur de notre projet pour la ville."

Soyons clairs, soyons nets au risque de passer pour brutaux : cette déclaration signifie que désormais le pognon gouvernemental de Bercy partira au bled sans passer par Western Union. Les assoces opèreront directement le transfert par "échanges culturels", et les interessés économiseront la commission bancaire. L'efficacité ministérielle française, l'histoire l'a amplement prouvé, est hors pair, sans concurrence, et se passe allègrement des banquiers et des intermédiaires financiers pour faire circuler les fonds utiles. Le libéralisme, face à ce système de financement étatique et tout discrétionnaire, est battu à plate couture, quels que soient ses milliards, le libéralisme tant honni par cet Etat se révèle, face à cet orgueil, petit joueur. L'Etat français adore la manipulation par l'argent, il adore être le grand argentier suprême; il rachète ses otages retenus par les djihadistes à coups d'enveloppes, ce qu'aucun Etat au monde n'accepte de faire, et il n'a jamais aimé les Jacques Coeur : sa puissance, le test ultime de son omnipotence, reste le tiroir-caisse généreux, impérieux, excluant toute concurrence privée.

Aucun Etat au monde, qu'il soit libéral ou anti-libéral, ne se comporte ainsi avec l'argent; seul l'Etat français, en Europe ou ailleurs, s'imagine que tout s'achète : paix sociale, sécurité, avenir, prospérité. Aucun Etat juif, même dans les délires anti-sémites ou anti-sionistes les plus artistiquement construits, n'a jamais conçu que l'amour et la paix pouvaient s'acheter avec un petit milliard d'euros.
Utilisateur anonyme
29 avril 2014, 00:19   Re : Les quartiers pauvres les plus riches du monde
Où l'on voit bien que la “crise économique”, qui pourtant sert sans cesse à justifier tout et n'importe quoi, n'est rien, absolument rien à côté de l'exigence remplaciste.
Utilisateur anonyme
29 avril 2014, 09:04   Re : Les quartiers pauvres les plus riches du monde
Tout est "remplaciste" dans cette liste. La langue autant que les idées. Commencer sa lettre par "Madame la Maire", c'est déjà du remplacisme.
Je vous rassure tout de suite. La lettre évoque divers financements, et les 600 millions d'Euros ne pourront en aucun cas finir sur les comptes d'associations : ils sont en effet dévolus à d'autres types d'opérations et ce sont des crédits d'investissement. Rémi Pellet, s'il nous lit, confirmera que l'Etat peut faire beaucoup de choses, mais pas payer du fonctionnement sur l'investissement, à moins de trafiquer les comptes.

D'autre part, ces crédits concernent sept années budgétaires, ils représentent donc un peu moins de 600 millions de francs par an.
"(...) ils sont en effet dévolus à d'autres types d'opérations et ce sont des crédits d'investissement."

A quel type d'"opérations" les crédits d'investissement sont-ils affectés, qui les distingue des crédits d'investissement ?
Ces quartiers remplacés ne manquent pas d'investissements mais de main d'œuvre dotée de la qualification et de la volonté nécessaires : dans les zones franches qui y ont été implantées des entreprises se sont installées mais elles sont obligées de faire venir une grande partie de leur main d'œuvre d'ailleurs.
Exactement. Cet argent est, d'après la lettre, destiné à favoriser la venue d'entreprises. Or, ces entreprises embauchent mais hors des quartiers en question, pour des raisons de compétences essentiellement, et aussi de comportements au travail.
Utilisateur anonyme
30 avril 2014, 19:16   Re : Les quartiers pauvres les plus riches du monde
Il arrive aussi bien souvent que ces entreprises embauchent des personnes issues de ces quartiers pour des raisons... disons de sécurité, ou d'assurance.
Pardonnez mon ignorance mais par quoi se manifeste, concrètement, du point de vue de l'Etat, le fait de "favoriser la venue d'entreprises" ? Si un tel décide de monter "une entreprise" dans un de ces quartiers, l'Etat finance à sa place la construction de locaux ? L'achat de matériel ?
Par la création de zones franches, comme l'indique Marcel, lesquelles, outre l'aspect fiscalement attractif, offrent aux entreprises des infrastructures à des prix défiant toute concurrence. Problème : les salariés viennent de l'extérieur, du moins pour les emplois qualifiés.
Excusez-moi, quelque chose continue à m'échapper dans cette histoire.

L'aspect "fiscalement attractif" me semble hors-sujet (il est vrai qu'il est introduit par "en outre"). Il s'agit d'un manque à gagner pour l'Etat et non d'un investissement issu de cette fameuse "enveloppe".

Ainsi, les "zones franches" offriraient des "infrastructures à des prix défiant tout concurrence". Est-ce à dire que l'Etat, grâce à l'enveloppe magique, va construire des "infrastructures" (que sont-elles, dans le paysage réel : des bâtiments ? des bureaux ? des hangars ? des ateliers ?) pour les céder à vil prix des entreprises privées ? Mais dans ce cas, sur quelle base l'Etat décide-t-il de construire telle ou telle "infrastructure" ? Après discussion avec des chefs d'entreprise sur le thème de la pertinence de leur projet dans un "quartier sensible" ? Sur quels critères cette "enveloppe" est-elle distribuée ?

Plus généralement, je trouve l'ambition de faire des banlieues des "bassins d'emplois" assez proche de la plaisanterie d'Alphonse Allais qui voulait mettre les villes à la campagne. Les banlieues n'ont jamais été imaginées pour être des endroits où l'on travaille, c'est même très exactement l'idée contraire qui a conduit à l'édification des "villes nouvelles" dans les années soixante.

Pour quelle raison les banlieusards des "quartiers sensibles" devraient-ils trouver impérativement un travail dans le périmètre où ils habitent ? Pourquoi cette idée est-elle devenue comme une évidence, un "va sans dire" de plus, l'alpha et l’oméga de la résolution de tous les problèmes alors même que la majorité des Français passent leur temps dans les transports pour se rendre sur leurs lieux de travail et qu'ils sont pour la plupart des salariés QUI VIENNENT DE L'EXTERIEUR, leurs employeurs, pas plus que dans les "quartiers sensibles", n'ayant trouvé leur main d'œuvre sur place. Je veux bien qu'on m'explique les furieux embouteillages matinaux et crépusculaires si la plupart des salariés avaient trouvé à faire valoir leur compétence non loin de chez eux ! Travailler à l'opposé de son lieu d'habitation est même l'une des marques de fabrique de l'époque, au point que dans nos sociétés se vanter d'aller au travail à pied ou en vélo passe pour un des privilèges les plus enviables.

Et quand, à force "d'enveloppes", les banlieues seront devenues de formidables "bassins d'empois", il faudra sans doute songer à faire sortir de terre de nouvelles Sarcelles. C'est ça ? Quelle sale blague.
"Excusez-moi, quelque chose continue à m'échapper dans cette histoire."


Pareil.
Mon Dieu, par où prendre vos questions ? il y en a tant...

Tout d'abord :


Plus généralement, je trouve l'ambition de faire des banlieues des "bassins d'emplois" assez proche de la plaisanterie d'Alphonse Allais qui voulait mettre les villes à la campagne. Les banlieues n'ont jamais été imaginées pour être des endroits où l'on travaille, c'est même très exactement l'idée contraire qui a conduit à l'édification des "villes nouvelles" dans les années soixante.

Mais non, la banlieue parisienne, par exemple, a très longtemps été très fortement industrialisées. En fait, la part des banlieues du type "ville nouvelle" est très faible, les banlieues qui sont des zones franches sont plutôt des anciennes banlieues industrielles (plus exactement, les communes comportant, etc...).

Ainsi, les "zones franches" offriraient des "infrastructures à des prix défiant tout concurrence". Est-ce à dire que l'Etat, grâce à l'enveloppe magique, va construire des "infrastructures" (que sont-elles, dans le paysage réel : des bâtiments ? des bureaux ? des hangars ? des ateliers ?) pour les céder à vil prix des entreprises privées ? Mais dans ce cas, sur quelle base l'Etat décide-t-il de construire telle ou telle "infrastructure" ? Après discussion avec des chefs d'entreprise sur le thème de la pertinence de leur projet dans un "quartier sensible" ? Sur quels critères cette "enveloppe" est-elle distribuée ?

Il ne s'agit pas de cession, il s'agit de mise à disposition. D'un côté, l'avantage fiscal, qui n'est pas un investissement. De l'autre, la mise à disposition de locaux, entre autres (si vous lisez la lettre citée en début de ce fil, vous verrez qu'il est question de pépinières d'entreprises, par exemple), et aussi la viabilisation de terrains (par exemple avec l'installation de réseaux de transmission performants), et donc une diminution indirecte du coût final pour l'entreprise. En fait, pour une pépinière, et pour ces opérations, il y a plusieurs cofinanceurs. Cela reste néanmoins marginal par rapport aux exonérations fiscales, comme je l'indique ci-dessous, c'est un million par an et par zone.


Et quand, à force "d'enveloppes", les banlieues seront devenues de formidables "bassins d'empois", il faudra sans doute songer à faire sortir de terre de nouvelles Sarcelles. C'est ça ? Quelle sale blague.

Cela fait un million d'euros par an et par zone, je le répète, on ne peut pas dire que ce sont des sommes gigantesques. Les ZFU abritent à peu près 500 000 personnes, cela fait moins de trois euros par habitant...

Le vrai problème est ailleurs : ces zones ne fonctionnent pas car les entreprises ont beaucoup de mal à recruter sur place, pour les postes qualifiés.
Jean-Marc du Masnau a raison sauf me semble-t-il sur un point : « En fait, la part des banlieues du type "ville nouvelle" est très faible ». Mais les villes nouvelles furent précisément conçues, au cours des années soixante, pour lutter contre le phénomène, alors naissant, de "banlieues-dortoirs". Leur échec tient, sans parler du désastre architectural et urbanistique (ce dernier notamment lié au fait qu'on s'obligea à ne pas faire de voies en la ligne droite pour éviter les grandes artères vides de style stalinien avec, pour résultat, des plans parfaitement arbitraires et illisibles), au même phénomène que l'on observe dans les zones franches : les emplois sont en majorité occupés par des gens venant d'autres banlieues ou même de Paris intra-muros tandis que les logements sont en majorité occupés par des gens travaillant ailleurs.

Je le répète, le phénomène de banlieue-dortoir est récent : jusque dans les années soixante et au-delà, les ouvriers parisiens et banlieusards allaient à l'usine à pied ou en vélo.
Marcel, je me suis effectivement mal exprimé.
Je ne voulais pas dire que les quartiers en question avaient été établis dans des zones industrielles, ils avaient effectivement une vocation résidentielle spécifique.
Cela étant, ils étaient assez souvent (et quasi-systématiquement) pour les ZUS dans des communes industrielles qui ont, de fait, perdu leurs industries.

Par exemple, en Seine-Saint-Denis, il y avait une activité très importante, dans le secteur de la Plaine-Saint-Denis entre autres (les in-nocents amateurs d'architecture pourront y contempler les vieilles gloires, sachant que les plus importantes ont disparu), ou autour des canaux de Saint-Denis et de l'Ourcq. Voici quelques exemples :

Christofle à Saint-Denis (1865)
La Poudrerie (1865) et le parc forestier de Sevran
Les Magasins Généraux de la Plaine-Saint-Denis (1866)
L’ancienne usine Pernod dans le Bas-Montreuil (1872)
L’ancienne Manufacture d’Allumettes d’Aubervilliers (1872 reconstruite en 1902)
L'ancienne Manufacture des tabacs de Pantin (1876)
L’usine Saint-Gobain à Aubervilliers (1880)
Le réseau ferré industriel de la Plaine-Saint-Denis (1886)
La maison Piver à Aubervilliers (1888)
Babcock et Wilcox à La Courneuve (1898)
La Blanchisserie Elis à Pantin (1900)
La centrale électrique Saint-Denis II (1903)
La manufacture de meuble Louis à Pantin (1907)
Les anciens Etablissements Johnson à La Courneuve (1907)
Les studios Eclair à Epinay-sur-Seine (1907)
L’ancienne usine Mécano à La Courneuve (1914)
L’aéroport du Bourget (1914)
Les Grands Moulins de Pantin (1920)
La réhabilitation du dock des Alcools à Saint-Denis (entre 1925 et 1930)
L’ancienne Chambre de Commerce et d’Industrie à Pantin (1929)
L’ancienne imprimerie de l’Illustration à Bobigny (1931)
L’usine des eaux (1935) et la piscine (1937) de Pantin

De même, Vénissieux, c'était Berliet ; Roubaix et Tourcoing, le textile et la laine.
Cher Jean-Marc,

Vous noterez que la liste de vos exemples destinés à illustrer le caractère laborieux des banlieues date un peu et fleure surtout un parfum éventé de révolution industrielle. A remonter de cette façon dans le temps, on montrerait que les banlieues à l'origine sont des hauts lieux de la paysannerie...

Je crains que nous ne parlions pas de la même chose. J'envisage la question de la banlieue à partir des années soixante et de la sortie de terre des "villes nouvelles" ou de l'alignement sur leur modèle de feue la banlieue industrielle que vous décrivez, ce qui, peu ou prou, me semble regrouper aujourd'hui ce qu'on appelle risiblement les "quartiers sensibles".

Je suis en train de lire une sorte de reportage écrit par Marc Bernard en 1963, travail de commande à l'instigation de Jean Duché, alors directeur de collection chez Flammarion et chroniqueur au Figaro (réédité aux Editions Finitude en 2010.) Pour mener à bien son travail, Marc Bernard s'installe à Sarcelles et y passe un hiver. De cette expérience naît donc cet intéressant ouvrage : Sarcellopolis, qu'il est plaisant de lire aujourd'hui, pour de multiples raisons. L'une des choses qui semble l'évidence même, c'est que personne ou presque ne travaille à Sarcelles. Les habitants : "Partis avant le jour en cette saison (nous sommes en février), ils reviennent à la nuit noire." L'auteur souligne le vide presque absolu qui règne dans la ville tout au long de l'après-midi et l'importance quasi maniaque que prend la question de l'entretien des intérieurs, seule activité envisageable pour les femmes d'alors. C'est la grande époque des "patins" sur lesquels glissent ouvriers et employés après leur journée de labeur à l'extérieur. Où l'on voit que ces banlieues, ces "villes nouvelles" devenues si problématiques, n'ont jamais été imaginées pour qu'on y travaille, si ce n'est dans le sillage d'une activité commerçante de proximité. En somme, permettez-moi de maintenir que l'ambition vouée à l'échec de ces "enveloppes" vise à faire venir le travail là où il n'a jamais été prévu qu'il soit, quand bien même, en des temps reculés, il ait pu exister.

De même, je maintiens mon étonnement quand, avec Marcel, vous déplorez que l'on ne trouve pas sur place de quoi faire tourner les entreprises qui s'installeraient dans ces zones et je reformule ma question : Quels sont les "secteurs d'activité" qui, en France, donnent du travail à des gens qui habitent non loin du siège de leur entreprise ? J'aimerais bien savoir mais il faudra alors m'expliquer pour quelle raison l'écrasante majorité des "actifs" passe la moitié de son temps en déplacements par tous les moyens disponibles. Et si tous ces braves gens décidaient soudain de ne plus bouger en attendant que l'Etat débloque des enveloppes pour leur trouver de l'ouvrage dans leurs quartiers, c'est ça qui serait une bonne blague à faire. J'aime à imaginer que les 300 véhicules qui, chaque matin, quittent le village où j'habite pour s'engager dans une route plus riche en lacets et en chute de pierres qu'en "réseaux de transmission performants", restent à l'arrêt, leurs propriétaires ayant soudain décidé que, non, ils ne peuvent pas continuer comme ça et qu'il est impératif de financer dare-dare des "pépinières d'entreprise" dans les parages, adaptées à leurs compétences, sinon ils font un malheur.

A propos, en quoi consistent-elles ces "pépinières d'entreprise" ? Je vous avoue que ce français métaphorique m'égare et que j'ai du mal à y placer la moindre image concrète.

"Cela fait un million d'euros par an et par zone, je le répète, on ne peut pas dire que ce sont des sommes gigantesques. Les ZFU abritent à peu près 500 000 personnes, cela fait moins de trois euros par habitant..."

Ah ! La magie des chiffres ! Comme ces "trois euros par habitant" font en effet sourire, sous la forme d'une distribution de piécettes ! Vous savez très bien que cela ne se passe pas comme cela et que cette enveloppe sera partagée en bonnes grosses parts. Reste à savoir à qui et pourquoi.
Il y a confusion : Sarcelles n'est aucunement une ville nouvelle mais, exactement le contraire, l'exemple emblématique — et cité à satiété comme un repoussoir — de la cité-dortoir. C'est précisément pour réagir contre cela, pour essayer d'éviter la multiplication des Sarcelles, qu'a été, dans le cadre du " Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris" conçu le concept de ville nouvelle destiné à promouvoir un développement urbain "multipolaire". Dirigée par Paul Delouvrier l'opération a été largement un échec pour les raisons que j'ai exposées plus haut.
Un documentaire de Mme Benguigui, portant sur la Seine Saint-Denis, qui, selon elle, aurait été le berceau de l'industrie dans la région parisienne (propagandaire à la gloire des habitants actuels de ce département que Mme Benguigui voulait présenter comme les seuls héritiers de la classe ouvrière de France, celle de la Commune ou du Front populaire ou de la Résistance), a été diffusé il y deux ou trois ans sur Canal + ou une chaîne du service public. Deux historiens ont réagi par le sarcasme à cette grosse blague, en rappelant que ce nouveau département a été pendant tout le XIXe siècle et une grande partie du XXe siècle le terroir des maraîchers qui approvisionnaient la capitale en légumes et en fruits et que les établissements industriels (PME, artisans et même grosses entreprises) se trouvaient dans Paris intra-muros (quai de Javel pour Citroën). Quelques très vieux Parisiens se souviennent encore des grosses fumées industrielles qui, à cette époque (avant 1940), fermaient, quand il n'y avait pas de vent, l'horizon de Paris.
Euréka ! Les pépinières d'entreprise viennent des maraîchers, tout est dans tout.


"Sarcelles n'est aucunement une ville nouvelle mais, exactement le contraire (...)" Voilà une idée qui, lancée à la cantonade circa 1964, aurait valu à son auteur brevet d'esprit paradoxal.

J'éprouve de la difficulté à me faire comprendre sur un point et j'abandonne volontiers tous les autres. Comment peut-on répéter que les entreprises qui s'installent dans les zones dont on parle et que chacun se représente, quoi qu'il en soit de leur histoire et de leur dénominations, ne trouvent pas, parmi la population, les compétences nécessaires pour occuper les postes proposés et que c'est bien là un problème ? Depuis quand les entreprises se soucient-elles, dans le choix de leur implantation, de savoir si elles trouveront des employés compétents à proximité ? Elles savent pertinemment que c'est aux employés de se déplacer et pour cela elles se montrent attractives ou indispensables. Et en effet les employés se déplacent en masse. Combien travaillent dans leur quartier ?

Prétendre, au moyen d'enveloppes, faire s'installer des entreprises dans certains endroits au prétexte qu'il est impératif que les habitants de ces endroits puissent travailler dans une commodité qui non seulement n'a jamais été envisagée pour les autres mais n'est pas imaginé une seconde, est une mesure discriminatoire qui me gêne infiniment plus que le degré de compétence des uns ou des autres.

Pour les mêmes raisons qu'on a planté dans les banlieues des équipements sportifs, on voudrait maintenant y construire du travail.
Cher Henri,

Le département de la Seine était très industriel, il ne faut pas oublier qu'il englobait les arrondissement de Saint-Denis et de Sceaux, avec des villes ouvrières comme Aubervilliers, Pantin, Ivry ou Vitry.

La partie ouest de la Seine-Saint-Denis (ex arrondissement de Saint-Denis) était urbaine et ouvrière, sa partie est (issue de la Seine-et-Oise) plus rurale. La partie dont on parle ici est bien la partie ouest.

Voyez maintenant cette carte, montrant la zone franche toute proche de Paris :

[sig.ville.gouv.fr]

On la voit cernée par des usines, ou des friches d'usines.

Marcel Meyer, qui est un homme d'expérience et qui a des connaissances importantes en géographie, plus une connaissance directe de la Seine-Saint-Denis, pourra confirmer qu'il y a encore trente ans ce département était très industriel.

En fait, pour répondre à M. Rothomago, ces zones-là correspondent à des constructions souvent des années 60-70, à proximité immédiate des emplois de l'époque, emplois aujourd'hui disparus. On imagine mal, avec le recul, l'ampleur de la destruction des emplois industriels.

Pour ce qui concerne l'Ile-de-France, un grand basculement s'est fait techniquement vers le tertiaire, et géographiquement vers l'ouest. Un des problèmes de la région est le coût du logement, qui oblige de fait les personnes modestes à habiter hors Paris, et surtout au nord et à l'est. Il y a quarante ans, la loi de 48 permettait de loger bien des ménages modestes dans Paris.

Il n'est pas, économiquement, stupide d'essayer de re-localiser des emplois près des bassins de logement. Notons que pendant des années (4ème, 5ème et 6ème plans) a existé une "mesure discriminatoire", tendant à empêcher les entreprises d'avoir une trop forte proportion d'emplois en Ile-de-France, et que cela n'a fait protester personne.
Thomas Rothomago a probablement soulevé un énorme lièvre. Quand un ponte du parti socialiste, un certain Lamy déclarait après qu'un commissariat de police de Trappes eut été attaqué à coup de cocktails molotov il y a quelque mois, que "c'était à cause du chômage" c'est toute une vision du monde qui se dévoilait et qui annonçait tout le reste -- cette vision a pour logique d'amener l'activité et le travail là où les gens ne veulent pas se déplacer. Cette logique est celle de l'enclave nationale singulière au sein d'une nation. Territoire local et populations sont donnés comme fondus en une entité totale pour laquelle il faut oeuvrer : crédits, discrimination positive, équipements sportifs, travail, tout est à lui apporter sur un plateau. Les populations qui habitent ces zones sont inséparables de la zone considérée : prendre le train de banlieue et le métro pour aller travailler à Paris (à 20 km de chez eux) comme tous les fanciliens l'ont fait pendant des lustes, est chose impensable. Ces gens sont sur leur territoire exclusif, à la différence des Français du peuple historique, et n'en broncheront pas : c'est aux autres à venir à eux, et s'ils ne viennent pas assez vite avec capitaux et "solutions" diverses, c'est la colère et la violence qui menacent.

Le pouvoir en place en France pense dans cette logique, il lui est d'ores et déjà entièrement soumis.
C'est d'ailleurs sur ce terrain-là (Villiers-le-Bel) qu'Ineffable 1er se déplaçait ce matin, flanqué d'une binationale (Vallaud-Belkacem) et d'un président de région condamné (Huchon).
Oui, oui, certes, bien sûr, évidemment, nous sommes en quelque sorte tous d'accord là-dessus et l'avons du reste indiqué fortement dès le départ de la discussion. Si c'est un lièvre, il est plutôt usé qu'énorme.
Six cents millions d'euros pour des gens se croyant entièrement chez eux, refusant de quitter leur territoire pour, par exemple, s'employer dans l'hôtellerie parisienne où des milliers d'emplois seraient à pourvoir, constituent une somme énorme, à la mesure de l'énormité du lièvre. Le pouvoir en place est sans pensée politique : sa logique qui consiste à acheter plus que "la paix sociale", le status quo, lui-même violent et menaçant, n'a plus rien d'une pensée ni d'une stratégie politique digne de ce nom.

Tout ce paye, tout s'achète, l'amour, la paix, l'ordre, les élections, à coup de centaines de millions d'euros, voilà qui constitue le fantôme de pensée, la veule obéissance qui soustend l'action gouvernementale dans ces territoires, et cela de la part d'un pouvoir socialiste partout pourfendeur de l'argent-roi !
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