Communiqué n° 1730, mardi 1er juillet 2014
Sur les cent millions de touristes
Le parti de l’In-nocence relève avec intérêt que M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, souhaite officiellement que la France accueille l’an prochain cent millions de touristes — chiffre colossal qui procède d'une conception purement numérique, économique et comptable de l’accueil : il place notre pays au rang des destinations les moins sélectives et le soumet à des contraintes qui sont un grave menace pour sa beauté, pour sa tranquillité et pour la qualité de ce qu’il a à offrir, aussi bien aux Français eux-mêmes qu’à leurs visiteurs étrangers. La France ne saurait devenir un club de vacances, un centre de loisir ou un parc à thème, une Venise généralisée ou un Disney World bord à bord.
Le parti de l‘In-nocence s’étonne d’autre part que pareilles préoccupations boutiquières soient du ressort du ministre des Affaires étrangères, dont il est vrai qu’il a également en charge, hélas, le dit “développement international”. Cet épisode des cent millions de touristes est justement un excellent exemple de ce qu’a de profondément regrettable ce cumul de fonctions très inopportun. L’indépendance et le souci de la grandeur de notre pays, ou seulement de sa dignité, s’opposent totalement à ce que notre diplomatie soit soumise à des exigences commerciales et d’équilibre des comptes. Notre ministre des Affaires étrangères ne devrait en aucune façon, pas plus d’ailleurs que le président de la République ou le Premier ministre, faire fonction de représentant de commerce, de courtier ou d’agent de voyage.
