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La Russie de Poutine

Envoyé par André Page 
26 août 2014, 09:35   La Russie de Poutine
Sur un autre fil, Jean-Marc du Masnau a écrit :

"En ce qui concerne la Russie, je suis, là, en désaccord avec vous, pour des raisons profondes (je note d'ailleurs avec intérêt que la poutinophobie a disparu de ce forum) : de mon point de vue, la Russie a besoin d'un pouvoir fort incarné par un homme fort, c'est une des grandes constantes de son histoire. Russie plus démocratie donne le chaos. Russie et autocrate faible (style despotiche, voir Nicolas II) donne la révolution."


Cher Monsieur du Masnau,

1° Que la Russie ne soit pas tellement mûre pour un régime vraiment démocratique et que l'aspect autoritaire du régime de Poutine ne le rende pas illégitime au yeux des Russes, très bien - encore que ce ne soit pas glorieux : même le Sénégal est une démocratie, même le Mexique est une démocratie...
Sous Mussolini hier comme sous Poutine aujourd'hui le pouvoir était fort et montrait une grande gueule aux pays étrangers, mais, à part ça, les performances économiques, sans être glorieuses, n'étaient pas désastreuses par rapport à celles des pays comparables.
Ce pouvoir fort est incapable de moderniser l'économie : la Pologne, la Roumanie ou la Chine se développent, la Russie ne produit que des hydrocarbures. Il est incapable de faire reculer la corruption.
Sous Poutine la Russie coule, et les Russes se consolent comme ils peuvent en pensant qu'ils parviennent à emmerder le monde. Poutine, ce n'est pas Alexandre II, c'est plutôt Peron, ou tel autre dirigeant argentin qui préside au naufrage de son pays en vitupérant l'impérialisme. Poutine ne sort pas la Russie de sa situation de pays latino-américain, de pays du tiers-monde, où elle barbote depuis la fin du communisme.
En d'autres termes : je suis d'accord avec vous pour dire que reprocher à Poutine son autoritarisme et son nationalisme est assez court (encore que la Russie n'est pas condamnée à perpétuité au nationalisme autoritaire), mais sous son règne l'économie russe s'enfonce alors que la Russie - excellence scientifique et bas salaires - devrait être un pays à croissance ultra-rapide.
Poutine certes, n'est pas seul responsable. Soixante-dix ans de communisme ont ravagé la Russie. Mais Poutine ne parvient pas refaire de la Russie ce qu'elle était avant la Révolution de 17, et que maintenant sont la Pologne, la Roumanie ou la Chine : un pays à croissance rapide, bien engagé sur la voie du rattrapage de l'Occident développé.


. Votre interprétation du règne de Nicolas II est très personnelle et hautement douteuse.
Du fait de la révolution de 1905, Nicolas II a accordé la création d'une douma, mais il n'a cessé de changer la loi électorale pour avoir une assemblée à sa botte. Ceci a déligitimé l'opposition modérée, bourgeoise, monarchiste constitutionnelle, représentée par le parti cadet. Si Nicolas II avait gouverné avec une vraie douma, légitime (c'est-à-dire, à l'époque, élue au suffrage universel égal - l'heure du suffrage censitaire était passée), comme toutes les monarchies européennes l'ont fait, les chances d'éviter une révolution bolchevik auraient été infiniment plus grandes.
. Plus généralement, la Russie a plutôt souffert du despotisme qu'elle n'en a bénéficié : si elle n'avait pas connu Ivan le Terrible et Pierre le Grand et sa brutalité, l'autonomie plus grande de la société civile aurait été tout bénéfice pour elle.
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