Ah, cher Pascal, j'ignorais en vérité que Malherbe était belge, et donc tintinophile ; tant mieux, tant mieux...
Soit dit en passant, bien qu'il y ait une foultitude de livres consacrés à Wittgenstein, dont certains doivent être excellents, je noterai seulement le
Wittgenstein de David Pears, assez exhaustif et toujours admirablement clair.
Pears y dégage entre autres avec adresse ce qui peut apparaître comme une contradiction majeure chez Wittgenstein, à savoir le rôle essentiel qu'il attribue à la logique dans le dévoilement du réel au regard de la définition qu'il donne de celle-là ; à cette occasion, la logique, conçue comme matrice combinatoire de possibilités, entre en singulière résonance avec la notion de "monde", me semble-t-il, chez l'exact contemporain de Wittgenstein qu'était Heidegger.
« Il existe aussi une relation étroite entre les deux objectifs que s'était fixés Wittgenstein dans le
Tractatus : la recherche des fondements de la logique, que nous voyons à l'origine se dessiner dans les
Notebooks, et la définition de la limite du langage, qui est le but sur lequel il insiste dans la préface du
Tractatus. Le fait que la logique représente tout ce qui précède l'expérience, tout ce qui est
a priori, établit un lien entre ces deux objectifs. L'expérience ne fait rien autre que mettre à notre disposition l'univers des faits, mais cet univers flotte à l'intérieur de l'espace des possibilités qui constitue une donnée
a priori. Dans le même temps que la logique révèle la structure du discours positif, elle dévoile également la structure du réel que reflète le discours positif. Ces deux structures, qui en fait se confondent, peuvent être conçues comme un cadre, ou une trame de coordonnées incluse dans l'espace global des possibilités où flotte l'univers des faits. La limite de cet espace, qui se reflète dans la limite du discours positif, est déterminée par la logique ; car le lieu d'origine, qui permet de calculer la limite, est fixé par la logique, et la formule qui est appliquée dans le calcul est une formule logique.
Il peut paraître surprenant que la logique soit à même de refléter la structure essentielle du réel , alors que les propositions de la logique sont des tautologies qui n'ont aucun sens positif. Comment le vide pourrait-il avoir un contenu ? » (David Pears,
Wittgenstein).