En mars 1838, Alfred de Vigny rapporte sa première rencontre avec Alphonse Lamartine, dont il admire les œuvres au plus haut point. Et cependant :
J’ai fort étonné Lamartine en lui disant que je n’étais de son avis sur rien. […] Je lui ai demandé s’il était toujours occupé de l’Orient. Il se montre enthousiasmé des malheurs des Mahométans, et les regarde comme plus civilisés que nous, à cause de la
charité extrême en eux.
« Cependant, lui dis-je, l’islamisme n’est qu’un
christianisme corrompu, vous le pensez bien – Un
christianisme purifié ! » me dit-il avec chaleur.
Il ne m’a fallu que quelques mots pour lui rappeler que le Coran arrête toute science et toute culture ; que le vrai mahométan ne lit rien, parce que tout ce qui n’est pas dans le Coran est mauvais et qu’il renferme tout. – Les arts lui sont interdits, parce qu’il ne doit pas créer une image de l’homme.
[Il manque la réponse de Lamartine.]
Alfred de Vigny -
Journal d’un poète