Qui posera les "vraies questions" au ministre Cazeneuve ?

Cela faisait un des sujets du JT de 20 heures du 20 février : un jeune homme de 19 ans, sans histoire, non délinquant, d'une famille modeste de Haute-Saône, de tradition catholique, vient de se faire sauter en Irak comme kamikaze. Le sujet du Journal télévisé retrace son parcours : radicalisation, non dans les prisons, mais au bourg, à la mosquée de ce bourg de Haute-Saône.

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Pendant ce temps, on apprend que notre ministre de l'Intérieur M. Cazeneuve, "joue dans la cour des grands" comme aiment à dire les journalistes français : il est en Californie, où il tance et donne du verbe aux responsables de Google, d'Apple, de Facebook et de Twitter, en leur exhortant de censurer les autoroutes de l'information où, selon lui, se concoctent les actions du Djihad international. Telle est la priorité de notre ministre faussement dénommé "de l'Intérieur" : se tourner vers l'extérieur, comme s'il était ministre du commerce du même nom.

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Que fait Cazeneuve pour empêcher que des mosquées implantées sur le territoire national ne deviennent des viviers, des pouponnières à assassins ? Rien bien sûr. Quelle enquête a-t-il commandée sur cette mosquée de Haute-Saône où l'on a préparé ce jeune à mourir en tuant ? Aucune bien sûr. Cela ne doit pas être du ressort de M. Cazeneuve.

Quels journalistes français poseront ces questions à M. Cazeneuve ? Aucun bien sûr, poser des questions dérangeantes à Monsieur le Ministre de l'Intérieur, vous n'y pensez pas ! cela ne saurait être du ressort des journalistes français.

On nous renvoie sans cesse aux leçons de l'histoire pour ne pas renouveler les horreurs du passé. Sauf qu'on se trompe de leçons. S'il y en a une à retenir c'est bien celle de l'Algérie : après l'indépendance, le premier souci du nouveau régime a été de construire partout des mosquées. A Blida, par exemple, il a aussitôt transformé l'ancienne et immense halle au grain de la ville pour en faire une des plus grandes et des plus laides du pays. Résultat : de la génération "éduquée" dans ces mosquées tout ce qu'il y avait d'officielles et non dans des caves clandestines, devait sortir le "FIS" et l'horrible guerre civile que l'on sait.

Cela fait longtemps que les représentants du journalisme politique en France ne cherchent plus qu'une chose, une seule: savoir s'il-va-se-présenter-ou-se-représenter. Toutes les autres questions d'un Bourdin par exemple, putassières, fouineuses, gluantes, tournent autour de cet axe. Alors relancer Cazeneuve sur des sujets aussi vifs, aussi perturbants que ceux que vous évoquez, qui appellent mille questions philosophiques... Ces gens dévitalisés, physiquement involués — les politiques —, qui sont les interfaces tristes et sans traits des journalistes, n'ont rien à dire. Du tout. D'où leur propos ventriloqués. Ils n'en pensent même pas moins, ces incapables. Des tâches finies, comme disent les cagoles.

Depuis deux mois Cazeneuve est soignement épargné par toute la coterie médiatique. L'homme doit être doué d'une telle aura que si Valls ou Hollande sont parfois moqués, leurs politiques mises en doute, lui, Cazeneuve, doit être l'envoyé de Dieu sur terre pour jouir d'un pareil vide sanitaire autour de sa personne. Personne, jamais, n'ose braver son regard neptunien, foudroyant de mépris et d'indifférence pour, timidement, oser solliciter de Sa Grandeur quelque éclaircissement, levée de doute en lui posant ne serait-ce qu'une petite question sur son action à la tête de ce ministère. Cazeneuve, de sa belle voix de rogomme et par la vertu de ses phrases assurées et syntactiquement à peu près construites, cloue le bec si radicalement que les becs n'ont pas même la velléité de s'entrouvrir pour avancer une question qui risquerait de nuire au charme gouvernemental qui se dégage de cette personne.

M. Cazeneuve est un ministre scandaleusement failli. Et personne en France ne paraît encore avoir relevé ce fait. Cazeneuve, ce n'est plus du Orwell, c'est du Messmer l'hypnotiseur. Celui qui vous endort sur commande, rien qu'en posant le regard sur vous.

Personne, jamais, n'ose braver son regard neptunien, foudroyant de mépris et d'indifférence

Son p'tit côté chinois...