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02 septembre 2015, 16:50   Sur un clivage à sens unique
Je vous propose un petit texte écrit aujourd'hui pour lancer une discussion. Le ton est volontairement péremptoire, pour ne pas alourdir les phrases de trop nombreux modalisateurs. Il fait l'impasse sur la dimension historique de ce clivage dimension sur laquelle je possède peu de renseignements, qui sont pourtant presque à l'origine de cette petite chose.

La distinction entre la gauche et la droite est une distinction de gauche. Elle est pourtant si commode que je ne peux faire autrement que de m'en servir ici. Pour un homme de gauche tout le monde, avant, était de droite – exception faite, peut-être, de quelques avant-gardistes, chacun étant amené à trouver ses propres hérauts dans le temps passé. C'est ce qui fait que quiconque refuse ce clivage est, aux yeux de la gauche, de droite.

Reprendre cette terminologie est donc la preuve d'une faiblesse originelle de la droite qui, souvent, n'y pense pas. Ses catégories naturelles devraient être autres, et varient selon les chapelles : monarchistes contre tout le reste, telle religion contre ses infidèles, conservateurs contre progressistes, voire fascistes contre les mous ou, dans le pire des cas et le plus pauvre, couleur de peau déterminée contre celles qui ne se situent pas au même point du spectre des couleurs.

Un homme d'extrême-droite peut très bien dire, par exemple : « je prends mes idées partout, de l'extrême-droite à l'extrême gauche ». Un homme d'extrême-gauche aurait l'impression, en faisant son marché de la sorte, de perdre son âme.

La droite ne rêve que d'annihiler la gauche par inclusion : elle n'en a pas besoin pour vivre. La gauche fonctionnerait plutôt par exclusion, et se définit comme le contre-pouvoir de cet adversaire qui prête parfois bien le flanc à l'attaque. C'est ce qui fait que l' « ouverture » de Sarkozy était de droite. Évidemment, dans une telle tentative d'analyse, la « droite » est souvent de gauche, et inversement la « gauche » de droite, puisque je ne parle que d'archétypes.

Alors, que reste-t-il à ceux qui refusent ce clivage sans endosser l'étiquette presque pré-collée d'homme de droite qui s'ignore ? Il lui reste à inventer de nouveaux clivages, à distinguer, sans doublier que ses catégories ne s’appliqueront jamais à la perfection au réel, même s'il peut les affiner, et que, quand bien même elles s'appliqueraient, parfaitement affinées comme un bon fromage, l'allié sous tel rapport serait sans doute un ennemi sous tel autre. Il ne lui reste qu'à composer avec ses principes, s'il en a, selon les circonstances.
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