Le surlendemain de la Victoire, le vendredi 13 novembre 1918 les forces alliées françaises, britanniques et italiennes occupèrent Constantinople.
L'apocalytique n'est rien sans son calendrier sémantique, sans une sémantique des computs et des symboles. L'EI frappe prophétiquement et à rebours du calendrier: il défait l'histoire occidentale en la rebroussant; il la ré-enroule. L'eschatologie aspire les événements, elle en dicte la trame
depuis l'avant, mais de manière complémentaire, elle opère aussi une remontée dans le temps; elle replie la temporalité comme un linge et fait jeu égal entre le futur d'où émane l'action et le passé qu'elle efface en lui rendant coup pour coup.
On retiendra que ce jour-là fut la première fois que Constantinople changeait de mains depuis que les Turcs ottomans avaient conquis la capitale byzantine en 1453.
Le message de l'EI est aussi qu'il frappe comme il lui convient, selon
sa lecture du temps, supérieure au temps commun. Ses victimes sont d'office, en lettre de sang, assujetties aux normes de son calendrier. Il fait plier le calendrier, ce qui relève d'une puissance supérieure à celle qui se limite à faire plier les hommes.
Note : je ne suis pas à l'origine de cette observation sur le vendredi 13 novembre 1918 : elle émane de commentateurs japonais.