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Littérature comparée

Envoyé par Thomas Rhotomago 
28 mars 2016, 23:26   Littérature comparée
Dimanche 1er septembre 1963. Télévision française.

20 h 30 : Cinéma :
"L'assassin ne pardonne pas".


Réalisation : Henry Levin, d'après le roman de Jimmy Starr (1947)

Mona Harrison, une vedette d'Hollywood, reçoit une caisse où, au lieu des coupons de tissus qu'elle espérait y trouver, elle découvre un cadavre : celui du costumier avec lequel elle s'était querellée. Prise de panique à l'idée d'être accusée de meurtre, elle fait appel à un journaliste, Joe, pour qu'il l'aide à débrouiller cette ténébreuse histoire. Une autre journaliste enquête au sujet du même meurtre et, ensemble, les deux hommes parviendront à résoudre le mystère.

(In Ciné Télé-revue)


Lundi 28 mars 2016. 21.00 - 8

SAFE

Film. Action. EU. 2102. Réal. : Boaz Yakin. 1h50. VM.

Un ancien policier, Luke Wright, puni par la mafia russe, sombre progressivement dans une misère noire. Le hasard met sur sa route une petite Chinoise surdouée, que les triades utilisent pour sa capacité à mémoriser les chiffres. La mafia russe est lancée à sa poursuite, et Luke décide de l'aider.

(In TV magazine)


Différences ?
Par coïncidence, je viens d'achever la lecture de Un Crime de Bernanos, écrit à Hyères en 1935.

C'est un polar, plus ou moins renié par son auteur dont les motivations à l'écrire avaient été purement alimentaires. (Bernanos cette année-là partit séjourner aux Baléares "pour économiser" sur son train de vie).

La trame y est étonnante pour l'époque : un double crime s'est commis dans un village le soir où l'on attendait un jeune curé remplaçant du curé du village décédé. Le nouveau curé était homme dont personne au village ne connaissait le visage. La victime du premier meurtre est une vieille châtelaine, le second mort un inconnu dont on a trouvé le corps déshabillé sur le chemin du château. La police enquête et tout porte à penser que le meurtrier de la châtelaine est l'homme mort. Mais le mobile est incertain.

Le jeune curé intrigue les enquêteurs. On sent qu'il en sait plus qu'il ne dit sur ce double meurtre. Il avait été très en retard sur l'horaire de son arrivée au presbytère ce soir-là. Puis, coup de théâtre, la gouvernante de la châtelaine se suicide par pendaison en laissant une lettre illisible, délirante. L'héritière de la châtelaine est une lointaine arrière-nièce qui se présente au village. Ce jour-là, le curé s'enfuit et disparaît, avec le petit clergeon qui se comporte comme s'il était maladivement épris du curé.

On retrouve le curé au Pays Basque où l'intrigue, très opaque, comme souvent les dialogues, s'éclaircit : installée à une table du buffet d'une petite gare, il rédige une longue lettre à son amante. Qui n'est autre que l'arrière-nièce de la femme assassiné, l'héritière de la châtelaine donc. Le comble surgit : le curé est une femme déguisée, la fille cachée de la gouvernante pendue, cette dernière ayant "placé" à l'insu de tous sa fille comme "dame de compagnie" auprès de l'héritière; cette jeune femme le soir du double meurtre avait donc assassiné la châtelaine afin que son amante puisse toucher l'héritage ! En quittant le château, où elle avait commis son meurtre avec la complicité de sa mère, elle avait croisé sur son chemin le vrai jeune curé, qu'elle avait occis avant de revêtir sa soutane et se faire passer pour lui au village. Le subterfuge ayant tenu quelques jours, assez de temps pour tromper les enquêteurs. Le petit clergeon quant à lui s'était épris non point d'un homme d'église mais d'une femme, lesbienne, et auteur d'un double meurtre. La jeune femme ayant terminé sa lettre, elle part se coucher sur les rails. Où elle prend soin de glisser sous sa tempe un journal comme coussin. La manchette du journal annonce le suicide du clergeon.

Le roman "ne trouva pas son public" comme on dit. Il est dans la veine de certains polars noirs comme on en produit outre-atlantique. Le genre, apparemment immuable, doit faire appel à des ressors assez profonds pour garantir cette immuabilité.

Etant du Bernanos, ce roman qui aurait pu être roman à deux sous, prend une dimension tragique particulièrement envoûtante : tout n'y est que méprise, ratage, intention désespérée et paralysie de l'entendement (les mobiles, les moyens, les attitudes sont indéchiffrables tant entre les personnages qu'entre l'intrigue et le lecteur).
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