Le
telos de l'Union européenne tel qu'il est proclamé (dans les discours officiels) est celui de la
paix perpétuelle, notion dérivée des Lumières (et de l'oeuvre de Kant pour l'intitulé de la chose), il est aussi celui de l'indistinction (soit la concoction d'une soupe humaine indifférenciée réalisant l'abolition définitive de la
race quand celle-ci pouvait valoir distinction et incarnation du Beau); ce telos s'est scindé en telos concurrents ou parasites, qui le minent : celui du djihad et de la tentation nihiliste d'abolition du réel qui agit sur une partie de la jeunesse en est un, particulièrement virulent ces temps-ci.
La Paix perpétuelle et la Fête dionysiaque, l'abolition de toute distinction dans la fusion, le retour à la soupe humanoïque fantasmée, voilà, en gros, le credo et le programme de l'Union européenne, modèle de rassemblement de l'humanité. C'est pauvre, c'est très indigent et passablement simplet, mais c'est là la petite lampe qui guide les hommes et les femmes qui "pensent l'Europe de demain".
Pour les Etats-Unis d'Amérique, ce doit être un peu différent. L'Amérique, à cet égard est restée très dix-neuviémiste, sa
révolution permanente n'est pas exempte d'une authentique spiritualité, du moins théologiquement estampillée telle. Cependant que le Canada, lui, est une sorte d'Union européenne qui serait exceptionnellement dotée en terrains vagues, en terres arables et en vide historial à combler.