Attali et tous ceux qui lui ressemblent sont des produits des années 80. Avant cette époque, l'intelligentsia parisienne désargentée était pro-peuples et pro-nations, elle ramait entre le Café de Flore et les chambres de bonne et les turnes du quartier latin. Dans les années 80, il se produisit un double basculement dans ce quartier d'Europe : la libéralisation de l'accès à l'argent sous l'impulsion de la boutiquière Thatcher, et, en France, la venue au pouvoir de son meilleur ami : François Mitterrand. L'argent, alors, coula à flot en direction de cette intelligentsia qui se prit dès ce moment à regarder de haut les ambitions populacières et qui considéra qu'il n'y avait pas lieu d'attendre que Cuba renversât les Etats-Unis d'Amérique pour changer
son monde.
Ainsi fut fait. Les moutons de Panurge collèrent désormais au cul du bouc mitterrandien comme à une machine à distribuer billets de banque et prébendes et tout ce qui prétendait penser dans le Paris bon teint se prit à chanter les gloires à venir de l'Empire à construire : la puissance européenne rêvée qui vous paierait des billets d'avion première classe (cf. Attali et ses fredaines à la tête de la BERD) et qui tiendrait la dragée haute aux grandes puissances, Chine comprise.
La pensée française, à ce moment, commença à s'amoindrir, en s'alignant sur l'orthodoxie naissante de l'Empire Mol en gestation.
1992 enfonça le clou. La pensée, en France, alors, se coucha pour de bon en s'alignant sur cette fondation tardive et fantasmatique que la mitteleuropa néo-prussienne en voie de réorganisation fit briller aux yeux de tout ce que le Tout Paris bon teint avait comme faim d'exister. Finies les chambres de bonne ! à nous les ors, non point de la République mais des palais Européens !
Belle histoire, au fond, que celle de la génération Attali.