Communiqué n° 1982 : Sur le COD et le “prédicat”

Communiqué n° 1982, jeudi 12 janvier 2016
Sur le COD et le “prédicat”

Le parti de l’In-nocence constate que les pédagogistes sont comme l’État islamique, ils veulent détruire même les ruines. Non contents de l‘état de délabrement avancé dans lequel ils ont mis l’École, ils s’acharnent sur les derniers pans de mur encore debout, et, par exemple, sur le pauvre complément d’objet direct, le “C.O. D.”, comme ils disent, qu’ils prétendent trop compliqué. Moyennant quoi ils veulent le remplacer par le “prédicat”, qui paraît l’être bien davantage encore, comme l’indique son nom, issu comme tant d’autres de la méchante parlure pseudo-scientifique dont les destructeurs de l’École ont revêtu leur œuvre d’imbécilisation de masse. “Trop compliqué” pour qui, en effet ? Trop compliqué pour le mauvais élève qui est devenu l’enfant chéri et l’aune du système, parce qu’il est étranger, issu de milieux culturellement défavorisés, ou intellectuellement limité. On se plie aux contraintes qu’impose la chute vertigineuse du quotient intellectuel moyen et, ce faisant, on l’accélère. On hâte ainsi l’avénement de la société de l’hébétude, hagarde et hyper-violente.

Je crois qu'un de ces jours, je vais arrêter de lire les actualités et d'écouter les journaux télé. Ca devient vraiment trop déprimant ; et d'autant plus déprimant que l'on se sent impuissant à changer quoi que ce soit. Cette impression de regarder l'eau monter pendant que le Titanic coule...

Je me demande bien en quoi le COD et le COI sont si difficiles (même pour des enfants très peu doués)... Comment vont-ils distinguer les notions de transitivité et d'intransitivité avec le seul terme de "prédicat" ? Les néo-pédagogues, soutenus par le gouvernement, n'ont rien à envier aux nihilistes des Démons ou au Bazarov de Pères et fils. C'est même encore pire : ils ouvriraient des yeux ronds si on leur parlait de nihilisme et répondraient, avec l'aplomb délirant des insensés : " Mais, tout au contraire, nous sommes en train de construire un avenir radieux ! "

La dernière mauvaise influence, c'est cette conception utilitaire ou « managériale » qui veut que l’école existe non pour éduquer, pour instruire, c.a.d. pour ennuyer (entre autre) les enfants avec le méchant COD, mais pour donner des « outils », un « bagage » pour trouver un métier. Dans cette conception purement marchande de l’école l'orthographe, la grammaire, la culture générale et les études classiques doivent être supprimées, dans la mesure même où on les juge « inutiles ».

Ces mesures entérinent le "monde intransitif" (Muray) qui est désormais le nôtre et où, depuis longtemps déjà, on se demande: "Mais de quoi (ou de qui), parle-t-il?.."