Le syndrome "Lili"

J'ai regardé à la télévision un épisode de la série " les Bougon" sur M6, dont je croyais me rappeler que le Figaro en avait dit du bien. Or, l'épisode que j'ai vu montre une famille de "de souche", tous laids, sales, grossiers, vulgaires et alcooliques, ayant fait résolument le choix de vivre sans travailler grâce à l'assistanat social, la triche , le vol et le tapin. Je me suis alors posé la même question que pour le film "Entre les murs" . Quel but avait poursuivi le cinéaste? A ses yeux, s'agit-il de nous montrer une sympathique famille d'anarchistes débrouillards truculents et forts en gueule ou de nous montrer de pauvres minables illustrant la déchéance du peuple "de souche" ? Ou encore s'agit-il, ce faisant, de nous prouver que les "cpf" ne sont pas les seuls à vivre aux crochets de la société ? ( Mais personne n'a jamais fait de film ni n'en fera jamais montrant une famille de "cpf" comme on montre la famille "de souche" de cette série. ) Il y a pourtant un indice : une noire de dix anx, sans doute adoptée, fait partie des enfants Bougon. Mais pendant la première moitié du film l'indice était insuffisant pour étalir mon opinion. Et puis vers la fin, la petite noire déprime et refuse de retourner à l'école ( où d'ailleurs la famille juge préférable, depuis le début, qu'elle n'aille pas) parce que, un élève "de souche", naturellement, l'écarte d'une bagarre où elle cherche à s'interposer en lui disant, tenez-vous bien :" pousse-toi de là, Blanche-neige" ! On conviendra qu'un tel acte de racisme a de quoi vous rendre suicidaire ! Moyennant quoi, le plus gros et le plus laid de la famille se rend au domicile de l'élève coupable et, en l'absence de ce dernier, roue de coups ...son père pour lui apprendre à empêcher son fils de tenir des propos racistes. A partir de là, plus d'erreur possible : il s'agit bien d'une sympathique famille d'anarchistes débrouillards.
Il va sans dire que je ne regarderai plus cette série.

Toujours cette même tendance masochiste à culpabiliser et à dévaloriser (comme c'est vraiment le cas ici) sa propre ethnie, son propre peuple. L'ethnomasochisme s'apparente à la honte et à la haine de soi, il n'est pas nouveau, il fut toujours le symptôme des peuples las de vivre et de se perpétuer, des peuples vieillissants qui passent le relais à d'autres...

Je l'ai déjà dit à plusieurs reprise ici: cette tendance est encore plus marquée dans certains feuilletons américains comme les différentes versions des Experts (CSI) dans lesquelles toutes les personnes convaincus d'assassinat appartiennent à la upper-middle-class blanche. Pire, les scénarios montrent souvent des jeunes adolescents de race caucasienne (garcons ou filles) ayant prémédité les crimes les plus horribles.

La télévision atteint dans cette série le summum du mensonge et de la manipulation idéologique quand on sait que le taux de criminalité de la population blanche aux E.U. est encore plus bas que celui qui peut régner dans les banlieux cossues européennes.

Je serais assez partagé sur votre façon de voir les choses. D'un côté, évidemment, et comme le dit justement Cassandre, "personne n'a jamais fait de film ni n'en fera jamais montrant une famille de "cpf" comme on montre la famille "de souche" de cette série"; de l'autre, on devrait pouvoir considérer ce film-là comme on faisait par exemple le film d'Ettore Scola, Affreux, sales et méchants (qui date de 1976, autant dire d'une ère révolue), c'est-à-dire absolument, sans se référer à des critères autres que sociaux ou même pathologiques (la caricature).
Mais, et c'est là le hic, cela n'est plus possible aujourd'hui. Sitôt qu'un ensemble homogène de personnes (et de préférence homogène du point de vue de l'apparence physique (je n'aime pas du tout le mot "ethnique", aussi ne l'emploierai-je pas, bien que ce soit lui qui saute à l'esprit, si je peux dire)) est représenté dans une oeuvre de fiction, on est nécessairement et presque malgré soi conduit à soulever un tel questionnement.

J'ai lu quelque part que ce feuilleton est à l'origine une série canadienne qui a été adaptée pour la France. Au Canada il paraît qu'elle aurait eu un très grand succès. Comme Cassandre j'ai voulu regarder, mais je n'ai pas tenu 10 minutes.

Cela me rappelle une publicité vue récemment : on y voit le trajet de deux personnes se rendant à leur travail, la première étant un noir dans la vingtaine et la deuxième un blanc dans la trentaine. Le jeune noir courre et saute au dessus des voitures le sourire aux lèvres et arrive à son travail sans une goutte de sueur. Le blanc, lui, a opté pour le bus, mais on le voit suant à grosse goute alors qu'il est assis pendant tout le trajet. Et lorsque l'ont voit les deux se rencontrer (ils travaillent au même endroit), on ne peut s'empêcher de penser que l'image du noir au sourire vainqueur regardant amusé le blanc au bord de l'agonie signifie plus qu'une histoire de déodorant (oui, cette publicité vante les bienfaits d'un déodorant ou d'une crème à raser peut-être).

C'est Bégaudeau qui vous le dit : cette génération a peut-être perdu de la culture, mais elle a gagné de l'énergie ! Elle est pas belle la vie ?

Marcel Meyer écrivait:
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> C'est Bégaudeau qui vous le dit : cette génération
> a peut-être perdu de la culture, mais elle a gagné
> de l'énergie ! Elle est pas belle la vie ?

Cette phrase de Bégaudeau, que n'eût pas reniée Joseph Goebbels, a le grand mérite de révéler que les intuitions de Cassandre sont justes: la déculturation est désormais réjouissante à ses artisans.

Eh, oh, doucement, il a vraiment dit ça, Le Bégo ?

Ce qui m'est apparu en regardant ce film, c'est que de même que la classe d' "Entre les murs" apparaît repoussante au commun des mortels à peu près civilisés alors que le monde du spectacle la trouve réjouissante et follement sympa, de même la famille Bougon apparaît repoussante au commun des mortels à peu près civilisés, alors que le cinéaste, lui, la trouve réjouissante et follement sympas puisqu'elle pratique le métissage (la petite fille noire) et joue les redresseuses de torts antiraciste, indices qui prouvent qu'elle ne peut être que dans le camp du Bien. La question qui se pose alors est : Pourquoi le monde de l'audiovisuel a-t-il à ce point à la bonne les individus du genre Bougon ? La réponse me paraît évidente, excusez-moi de me répéter : dans ce monde sévit cette engeance vaniteuse et ramenarde d'ex-cancres fiers de lavoir été, les acteurs, bons à rien d'autre qu'à pratiquer, par chance, un métier qu'à peu près tout le monde aussi chanceux qu'eux pratiquerait aussi bien . Il est logique qu'ils se reconnaissent dans les cancres bons à rien, fiers de l'être, vaniteux et ramenards de la racaille "cpf" des banlieues, le "de souche" ne trouvant, alors, grâce à ses yeux que s'il ressemble à celle-ci. Il faut être conscient que ce monde de narcissiques mégalomanes travaille à l'émergeance d'un type humain à son image, inculte et barbare, dont elle glorifie l'inculture et la barbarie.
D'ailleurs dans le film c'est avec sauvagerie que le fils corrige le père du raciste qui n'a eu, lui, en fait de sauvagerie, que son "Blanche-neige" adressée à la fillette noire.

Il me semble que Guillaume Depardieu, paix à son âme, était un parfait archétype de ce nouveau genre d'acteurs de cinéma.

QUOI ??? Il l'a traitée de Blanche-Neige ???

Et vous êtes encore là pour nous le rapporter !!!

» Il l'a traitée de Blanche-Neige ???

... et on ne peut même pas invoquer le manque de respect !

Chère Cassandre, si vous avez l'occasion de lire sur le blog du Causeur (pardon d'être incapable de joindre un lien) l'article de Jérôme Leroy à propos de Rachida Dati, je serais curieux que vous nous le commentiez. Le début de l'article stigmatise la sévérité de la dame en la comparant à un procureur de la Restauration, ce qui me semble exagéré (ou peut-être ironique? je suis vite passé), mais la fin (sur l'héroïsme des "beurettes") m'a intéressé en faisant écho à des souvenirs personnels. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

Oui, Cassandre, Samy Naceri, dans le genre, n'est pas mal non plus.

Samy Naceri renverse une policière
Le Parisien
15/10/2008
Alors qu'il sortait d'un parking des Champs-Elysées, dans le 8e arrondissement de Paris, hier peu après 19 heures, l'acteur Samy Naceri a perdu le contrôle de son véhicule avant de renverser une policière, en poste aux abords de l’ambassade d’Espagne, située avenue Marceau, affirme le journal Le Parisien.

Touchée au dos, la jeune fonctionnaire a été rapidement prise en charge par les pompiers, explique le quotidien. « Quand les fonctionnaires ont compris qu’il tentait d’usurper l’identité de son frère parce qu’il ne possède plus de permis, Samy Naceri a été placé en garde à vue dans les locaux du service central des accidents, relate un proche du dossier. Son alcoolémie s’est révélée négative. Il semblait parfaitement maître de lui-même. Il semble simplement qu’il a fait preuve d’inattention à sa sortie du parking. »

Informée de l’accident, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui se trouvait à une réception à l’ambassade d’Espagne, est venue réconforter la fonctionnaire, légèrement blessée.

Déjà condamné à de multiples reprises, Samy Naceri pourrait être poursuivi pour usurpation d’identité et conduite sans permis. L’acteur, sorti de prison depuis peu, a déjà été jugé au mois de mai 2007 pour conduite sans permis et contraint à verser 960 €.

Cher Henri, je vais lire cet article de Causeur et vous dirai ce que j'en pense, bien que je ne me sente aucunement experte en analyse. D'ailleurs en ce qui concerne la série les Bougon, ma fille n'a pa du tout la même appréciation que moi. Elle trouve que le film est assez drôle , que, comme l'a dit Francmoineau, la famille fait penser à " Affreux, sales et méchants" d'Ettore Scola, et que pour une fois que l'on montre une bande de franchouillards non racistes, ça vaut le coup d'être salué.