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Communiqué n° 740 : Sur la riposte européenne à la crise financière

Le parti de l'In-nocence se réjouit vivement de l'accord trouvé entre les principales puissances économiques de l'Europe pour enrayer le crise financière mondiale. Il se félicite des premiers succès enregistrés en conséquence et les espère durables. Parti européen et pro-européen, il ne peut que relever avec une profonde satisfaction ce qui semble s'esquisser pour une fois comme un succès mondial de notre continent, de ses différents États et de leurs diverses institutions communes.
Oui, et cette crise financière souligne toute l'importance de la présidence du Conseil européen, présidence dont le rôle est plus que jamais fondamental dans une Europe à 27 où les petits pays sont désormais largement majoritaires ( "Imaginons un instant que la présidence de l’Union soit exercée en ce moment exceptionnel de l’histoire européenne par la République tchèque").

Très bon article ci-dessous :
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Libération.fr (15/11/2009)

Nicolas Sarkozy, un « hyperprésident » à vie pour l’Union ?

Imaginons un instant que la présidence de l’Union soit exercée en ce moment exceptionnel de l’histoire européenne par la République tchèque. Ce petit pays périphérique, membre depuis seulement 2004, gouverné par une majorité eurosceptique, adepte d’une dérégulation totale du marché, farouchement anti-Russe aurait-il pu faire front comme l’a fait la France ? Poser la question, c’est y répondre.

Le Président russe aurait-il pris immédiatement au téléphone Mirek Topolànek, le premier ministre tchèque, et surtout, aurait-il écouté cet homme qui ne cache guère le peu d’estime qu’il porte à l’ancienne puissance occupante? Ce pays non membre de la zone euro, peut touché par les soubresauts des marchés, aurait-il pris l’initiative pour juguler la crise bancaire ? La semaine dernière, le gouvernement tchèque n’a pas hésité à dénoncer l’instauration d’un « communisme financier », pas moins. Topolànek s’est dit ulcéré par la décision des ministres des Finances de l’Union de porter la garantie publique des dépôts bancaires de 20 000 à 50 000 euros, « un pas honteux », ainsi que l’engagement de venir au secours de toutes les banques menacées de faillite : « ces mesures sont absolument artificielles. Elles contredisent la substance de l’Union ». Et de promettre qu’il poserait son veto lors du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement — qui s’ouvre demain après-midi et se termine jeudi – « qui excèderont le sens commun ». Et cela, c’était avant même la réunion de l’Eurogroupe au niveau des chefs d’États et de gouvernement de dimanche soir… De même, qu’aurait fait Prague pour régler la crise institutionnelle, elle qui a immédiatement pris le prétexte du « non » irlandais pour essayer d’enterrer le traité de Lisbonne ? Rien évidemment.

Les Vingt-sept ne peuvent que se réjouir d’avoir eu, à leur tête, en cette période troublée un président volontariste et hyperactif, un président ressortissant d’un pays fondateur, appartenant au cœur de l’Union (euro, Schengen), mais aussi membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, fondateur du G8, membre de l’OTAN… Sans Nicolas Sarkozy, l’Union aurait eu infiniment plus de difficultés à stopper les Russes cet été et à coordonner son action pour faire face à la crise bancaire. Le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a loué aujourd’hui avec raison le « leadership énergique » de Sarkozy dans les crises géorgienne et financière. Pour Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, « jamais auparavant l’Europe n’a été dirigée avec une telle intensité ». Même le grand quotidien conservateur allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, jusque-là peu amène pour le chef de l’État français, salue désormais « la gestion remarquable sur le Caucase » du « dynamique président ». Lors de la crise bancaire, « il a de nouveau pris les commandes (…) pour sauver l’Euroland ». Sarkozy est « au meilleur de sa forme en tant que manager de crise ». N’en jetez plus !

Au-delà des hommes, il apparaît clairement que la question de la présidence du Conseil européen est centrale dans une Europe à 27, où les petits pays sont désormais largement majoritaires. Elle ne se pose pas seulement à propos de la République tchèque, un exemple presque trop caricatural, mais aussi, par exemple, pour la Slovénie, un État pourtant très europhile et membre de la zone euro, ou pour la Suède, qui succèdera à Prague le 1er juillet 2009, et qui n’est ni membre de l’euro ni de l’OTAN… Tous ces pays n’ont pas le poids économique, diplomatique, militaire ou financier pour être des interlocuteurs reconnus de la communauté européenne et internationale. Les petits pays n’ont que rarement une vision globale du monde et une pluralité d’intérêts qui font qu’un pays comme la France ou la Grande-Bretagne ont leur mot à dire sur l’ensemble des affaires de la planète. Certes, la Commission aurait pu prétendre exercer un tel leadership politique : mais Barroso a réussi l’exploit de transformer l’exécutif européen en simple secrétariat du conseil des ministres…

Le projet de traité constitutionnel repris par le traité de Lisbonne a heureusement prévu de remplacer cette présidence tournante qui soumet l’Union au hasard des hommes par une présidence fixe : le Conseil européen devra élire en son sein un président pour deux ans et demi renouvelable une fois qui abandonnerait toutes ses autres fonctions. On sait que si Lisbonne était entré en vigueur comme prévu en janvier 2009, cet homme aurait été Jean-Claude Juncker. Certes, il est originaire de l’un des plus petits États de l’Union, mais il est membre du Conseil européen depuis janvier 1995 (c’est même le doyen) et il a la confiance totale des grands États membres. Un élément fondamental pour donner à l’Union une voix et un visage crédible à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union. Le cas de Juncker montre, au demeurant, qu’un ressortissant d’un tout petit pays peut parfois, par sa stature personnelle, peser d’un poids déterminant. Dans ce système, il apparaitrait clairement que le président élu est bien le porte-voix de tous et surtout des grands.

Les crises diplomatique, financière et économique que traverse l’Union rendent plus que jamais nécessaire le traité de Lisbonne et ses réformes institutionnelles (on pourrait aussi citer le service diplomatique commun qui donnerait au président du Conseil les moyens de son action). Rasmussen l’a rappelé aujourd’hui : la période montre « le besoin d’une coopération européenne renforcée et souligne l’importance d’achever la ratification du traité de Lisbonne ». « Nous respectons naturellement le non irlandais, mais nous exhortons le gouvernement irlandais à clarifier la situation le plus rapidement possible (…), car ce traité de Lisbonne donne à l’UE un rôle global plus fort que le traité actuel ».

Mais il faudra encore patienter au moins un an, voire plus, que les Irlandais proposent une voie de sortie (ou qu’ils sortent eux-mêmes). À moins, comme le dit en plaisantant un diplomate européen, qu’en décembre prochain le Conseil européen ne décide par acclamation de nommer Sarkozy président à vie…



N.B.: cela n'a rien à voir, quoique, mais les socialistes français viennent une nouvelle fois de s'illustrer en s'abstenant sur le projet de loi de sauvetage des banques. De Lisbonne à la crise bancaire, le PS ne sait plus où il est. Peut-être Sarkozy comme président
Avec la durée de la présidence à deux ans et demi, le tour de la France reviendra dans soixante-sept ans et demi. On pourrait donc nâitre et mourir sans jamais 'avoir vu un président français, est-ce bien normal tout ça ?
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