À l'ONU, les diplomates chinois rendent aussi fous...les interprètes ! Ils parlent très peu en plénière et surtout attendent que ces derniers aient terminé de "traduire" chaque phrase avant de prononcer la suivante. Tout le monde est à cran : peur que la délégation chinoise se plaigne que ses déclarations, pourtant savamment insipides, aient mal été restituées et stress que la réunion dure une éternité.
Là, me revient à l'esprit la seule vantardise que ne commit jamais ce soldat du socialisme français qu'était Beregovoy (d'origine idéalement russe) : il était, disait-il à la nouvelle génération du PS, imperturbable pendant les négociations avec les corps intermédiaires, négociations à l'issue desquelles il faisait plier ses vis-à-vis sans avoir jamais faibli ou eu de mouvement d'humeur. Sur ces questions, je me souviens aussi d'avoir lu que le philosophe William James, lui, lors d'un voyage de jeunesse au fin fond du Brésil, avait été effaré par l'absence d'impatience des sauvages ! Lui, le futur empiriste, l'Américain pris dans le rythme irrésistible de la construction du nouveau monde et de ses hommes nouveaux, entre deux épisodes dépressifs, ne tenait pas en place et ne comprenait pas le détachement et le rapport impavide des locaux au temps qui passe.