En hébreu, "âme" se dit
nephesh ; il suffit d'intervertir une lettre pour que l'on obtienne un bal, toutes apparences convoquées, ostentation et poudre aux yeux :
nesheph ; l'on se demande encore et toujours ce que serait le vrai, qui est le réel nu, sans apparat, en matière d'âme.
« Le livre du
Discret, qui raconte l'apologue du Paon, l'oiseau d'ostentation, explique théologiquement comment ce primat du substantialisme s'accorde avec une réhabilitation relative des modalités : le Créateur a conféré à ses créatures le Paraître en même temps que l’Être, et ceci par surcroît : car, comme l'artifice est une seconde nature qui double et corse la première, ainsi la manière d'être est un second être ou un supplément d'être, une petite majoration ontique dont le Créateur a gratifié l'être, pour qu'en plus de l'
Esse nu l'être ait aussi la splendeur multicolore du plumage et la gloire et le lustre. Sans ostentation, dit Gracián , toute perfection serait dans un état violent. »
Vladimir Jankélévitch -
Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien