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L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
20 octobre 2008, 09:49   L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
L'antiprof de français
LE MONDE DES LIVRES |



Vous avez aimé le cours de français de François Bégaudeau ? Vous adorerez son Antimanuel de littérature. L'auteur y prend toute liberté avec le genre et commence par se demander ce que la littérature n'est pas. La liste est longue : vérité, éloquence, engagement... Autant de fausses pistes qui ont, selon lui, rendu la littérature "inimitable plutôt que désirable".

Ici, le bagout de l'"antiprof" n'a rien à envier à celui des élèves dans le film Entre les murs.

Multipliant les raccourcis, il n'hésite pas à proposer le mot "schtroumpf" comme synonyme de "style", sous prétexte que "style veut tout dire et donc rien". Ou encore à esquisser d'audacieuses synthèses. Exemple : étant posé que l'art d'écrire dépend d'un certain ratio entre expressivité et quantité de mots, "la grande famille des écrivains se divise en deux clans : les épanchés et les concis"....

Le plus souvent, Bégaudeau fait tout simplement preuve d'un solide bon sens. Qu'on en juge : "Le Grand Sujet, nourri de Grande Histoire, suffit-il à édifier de la Grande Littérature ? Si oui, Max Gallo a écrit de grands livres." Bien sûr, les puristes s'effraieront de voir confondre le champ de l'essai avec celui de la philosophie, ou de lire que "Duras est la spécialiste de la première phrase qui tue"...

Mais s'il est une leçon à tirer de cet Antimanuel, c'est avant tout que "l'humour est hautement profitable à la littérature". Et l'enviable familiarité avec laquelle l'antiprof se saisit de la langue prouve bien que "la littérature, ça n'arrive pas qu'aux autres" : chacun est libre de jouer avec les mots ! Car être publié, malheureux ou déjà mort, ne sont pas des conditions suffisantes pour se prétendre écrivain.

"Triturer un peu le matériel commun" et oser risquer le ratage ou le ridicule, voilà sans doute le seul moyen d'éviter les clichés. François Bégaudeau donne l'exemple plus qu'à son tour et ne craint pas de reformuler en tous sens une phrase comme "Aujourd'hui maman est morte", afin de montrer concrètement ce qui distingue l'entrée d'un journal intime écrit par un adolescent et l'incipit de L'Etranger.

Réjouissant, le dernier chapitre pourfend le déclinisme littéraire, conséquence indirecte d'une nostalgie dont on connaît le refrain : "La France dominait le monde, la littérature dominait la France. L'une et l'autre ont été reléguées à la marge." Dans cet antimanuel, au contraire, les auteurs du canon se mêlent joyeusement à leurs successeurs, Eric Chevillard, Philippe Forest ou Olivier Cadiot, au nom d'un seul et même principe : le plaisir retrouvé de manier la langue française.


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Antimanuel de littérature, de François Bégaudeau, Bréal, 211 p., 21 €.
Utilisateur anonyme
20 octobre 2008, 10:07   Économie
J'espère que les 21 € sont des anti-euros !
Utilisateur anonyme
20 octobre 2008, 22:06   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
C'est sans doute le manuel idéal pour préparer son anti-baccalauréat.
Utilisateur anonyme
20 octobre 2008, 22:28   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
Mouais... on dira tout ce qu'on veut mais le plus précieux, dans tout ça, ça reste l'anti-mites !
Mais qui nous délivrera de Bégaudeau ? Nous allons l'avoir sur le dos pour le restant de nos jours !
Nous allons l'avoir sur le dos pour le restant de nos jours !

Alas! Marcel my friend, est-il donc si loin déjà, le temps où nous nous posions cette question à propos de cet insupportable petit bonhomme que l'on voyait partout et qui avait nom Nicolas Sarkozy ?
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 01:54   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
Bégaudeau sur le dos pour le restant de nos jours ? Oui, je le crains, comme Onfray...
Parfois, je me dis que si notre société n'aime pas "les vieux", c'est qu'ils survivent à toutes les modes successives et répétitives, qu'elle présente aux jeunes amnésiques comme absolument nouvelles. Il est impardonnable de durer plus longtemps que ses provisoires histrions, et de se souvenir.
21 octobre 2008, 08:22   Survivre aux modes
"On demandait à Hyacinthe, un acteur célèbre par ses saillies, où il faisait faire les chapeaux à la vue desquels la salle pouffe de rire : "je ne les fais point faire, je les garde !" répondit-il."
(Balzac, Le cousin Pons)
21 octobre 2008, 09:02   Re : Survivre aux modes
Celle-là aussi, je la garde !
Cher Francis,
même si vous ressentez de l'antipathie envers N.S., sentiment que je ne partage pas du tout, vos arguments concernant son aspect physique ou son comportement (vous le disiez atteint du syndrome de Gilles de la Tourette) risquent seulement de ramener le débat à des déclarations de café du commerce.
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 09:31   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
Allons, c'est peut-être d'offrir un tableau aussi désespérant, aussi arbitrairement, aussi démesurément désespérant, qui donne aux livres de Bégaudeau toute leur portée, et leur valeur même d'oeuvre d'art...
Comme Francis, je n'aime pas Sarkozy. Mais il est en train, pour l'instant, de prononcer un discours tout à fait remarquable au Parlement de Strasbourg, retransmis en direct sur Euronews. J'applaudis.
Vous ne m'avez pas compris Anna Ruperti, mais ce n'est pas grave. C'est entièrement ma faute.
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 10:52   En passant
Francis, votre message me fait penser à une question que je me pose sans cesse, dans un cas semblable : doit-on dire, ou écrire, "c'est entièrement ma faute" ou bien "c'est entièrement de ma faute" ?
21 octobre 2008, 11:02   Re : En passant
Littré et l'Académie ne connaissent que c'est ma faute. Robert admet les deux comme équivalents. Grévisse précise que c'est de ma faute, d'usage plus récent et qui tend à supplanter c'est ma faute infléchit le sens de la formule vers la cause comme dans par ma faute.
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 11:05   Re : En passant
Merci beaucoup, Marcel, d'avoir pris le temps de me renseigner.

Mais, précisément, n'est-ce pas le plus souvent avec cette nuance ("vers la cause") que nous utilisons l'expression "c'est de ma faute" ?
21 octobre 2008, 11:09   Re : En passant
Mais oui, c'est pourquoi il ne me semble pas y avoir de raisons sérieuses de la refuser ; mais je ne suis qu'un amateur.
De quand date mon incompréhension, cher Francis, d'aujourd'hui, ou de la fois où vous parliez des TOC ? ou en général, ce serait de ma part une incompréhension systématique ?
21 octobre 2008, 13:22   Re : En passant
Ok bon au final, il faut dire "c'est de ma faute, de ma très grande faute", sinon, alors ?
21 octobre 2008, 13:27   Re : En passant
Va falloir changer la messe...
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 13:38   Re : En passant
Bon, j'étais sûr qu'on allait se foutre de moi…
21 octobre 2008, 13:46   Femme folle à la messe
Si on la dit en latin, tout va bien !
"Par contre" : Je suis tombé par terre, c'est de la faute à Voltaire...
Le problème se pose aussi avec sémaphore ou sédemaphore.
21 octobre 2008, 15:13   Re : En passant
Essayez un peu de parler de virgules...
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 15:16   Re : En passant
Cette discussion devient trop pointue pour moi, je préfère me retirer sur le point de la vierge.
C'est de l'incompréhension systématique Anna, c'est pour ça que ça n'est pas grave. De tout défaut systématique, on peut prendre son parti; seul l'accident est irritant.
Utilisateur anonyme
21 octobre 2008, 16:01   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
"de l'incompréhension systématique "

Et déclenchée par quel stimulus ?...
21 octobre 2008, 17:06   ....
21 octobre 2008, 22:13   Re : à qui peut-on encore se fier?
Si tout le monde se chamaille, alors moi aussi je m'y mets!
Cher Marcel, si vous vous mettez à écrire Grévisse au lieu de Grevisse, tout est fichu!
à Bernard Lombart
Et moi j'applaudis Jean-Claude Juncker qui a ce tantôt remonté les bretelles à Pujadas qui ignore qu'un ministre luxembourgeois ne se laisse pas interrompre ou mettre au pas par un journaliste comme ça se fait couramment sur les antennes françaises (et maintenant belges)... Je ne m’étonnerais pas que cet entretien mémorable se trouve sur You Tube dès demain.

(Vous allez être ravi : je suis passée à la place Flagey cet après-midi et les fontaines sont réapparues tandis que les voitures on re-disparu !)
21 octobre 2008, 23:48   My Friend
Bien cher Francis,


Seriez-vous atteint de McCainite, la maladie qui fait remplacer la virgule par "My friends" ?
21 octobre 2008, 23:57   Re : My Friend
C'est pour tenir compagnie à Rogemi qui se sent un peu seul entouré de la meute obamaïque.

Concernant McCain, je crains fort que ce "Alas my friend..." ne devienne le soir des élections un "Alas my love..." comme dans la vieille (et si belle) chanson Greensleeves :

Alas, my love, you do me wrong,
You treat me so discourtesly
When I have loved you so long,
delighting in thy company.
22 octobre 2008, 00:08   Malédiction culinaire
Avez-vous remarqué, bien cher Francis, qu'après M. Kerry et le ketchup Heinz, c'est maintenant M. McCain qui n'a pas la frite ? (avec deux t, nous avons la fritte a base de verre pilé, beaucoup plus indigeste).
Ah, mais vous avez raison ! Et vous prononcez comment ? greuvisse ?
Bonne question Marcel. Je crois qu'on dit bien "Grévisse", comme on prononce "Clémenceau".
J'avous humblement qu'il m'arrive d'oublier qu'il ne prend pas non plus d'accent, celui-là.
Utilisateur anonyme
22 octobre 2008, 14:24   Re : L'"Antimanuel de littérature" de François Bégaudeau...
Pareil…
Moi qui suis du coin, j'ai toujours entendu dire "Greu-visse".
Comment dites-vous Verlaine ?
Utilisateur anonyme
22 octobre 2008, 14:30   Veurlaine ?
Ah non, quand-même pas ???!!!
22 octobre 2008, 15:40   Re : Veurlaine ?
Et Beugaudeau ?
22 octobre 2008, 15:41   Re : Veurlaine ?
Hé, je me renseigne, hein ?! La francophonie est multiculturelle, non ? (Ici un point d'ironie, pour les nouveaux.)
22 octobre 2008, 15:50   Re : Veurlaine ?
Oui, d'ailleurs il est question de la rebaptiser multiphonie...
Utilisateur anonyme
22 octobre 2008, 15:52   Un vrai pédagogue
"On sait que Verlaine enseigna l’anglais, dont il savait parfaitement la lettre et l’esprit, mais on ne sait généralement pas sur quelle étrange base il a fondé sa méthode d’enseignement. Voici : il apprenait d’abord à ses élèves à imiter l’accent anglais en parlant français. A son entrée dans la classe, par exemple, les élèves devaient se lever pour saluer leur professeur, et s’écrier en chœur : - Bongjou, Monsieur Veurlène !
On passait sans doute ensuite à la grammaire."

Marguerite Moreno – Souvenirs de ma vie (1948)
Autrement dit, il commençait par leur déformer la mâchoire avant d'en faire de vrais petits britishs. Un cour de boxe française aurait suffit.
J'imagine la même scène aujourd'hui, palmée à Cannes : Bongjou, Monsieur Bigodow !
Utilisateur anonyme
22 octobre 2008, 17:28   Bongjou, Monsieur Bombard !
« Tené, ma fille, voilà vingt francs dont j'avé privé vô, hier au soir. Je vô les rendé.

Et la fille interdite prit la pièce d'or qu'elle regardait d'un air stupide, tandis que Bombard, effaré, ouvrait sur sa femme des yeux énormes. »


Bombard, de Guy de Maupassant, a paru dans le Gil Blas du mardi 28 octobre 1884.
22 octobre 2008, 17:33   Verlaine
A mon avis, après les exercices de prononciation, Verlaine devait passer à l'éducation anglaise.
22 octobre 2008, 18:31   Re : Verlaine
Dites-moi, cher jmarc, on dirait que vous êtes en train de vous faire une spécialité de tirer tous les fils par la queue, hmmm ?
Utilisateur anonyme
22 octobre 2008, 19:10   Jmarc et la famille
Seulement les fils ?
22 octobre 2008, 22:07   Re : à qui peut-on encore se fier?
cher Marcel, je suis sûre qu'on dit "Greuvisse". Et pour Clemenceau, je suis un peu moins sûre qu'on dit "Cleumenceau".
En voilà une du nord (auteur inconnu).

Un bon vieux Wallon de la région du Borinage se promène dans la campagne et remarque un jeune s'abreuvant de l'eau d'un ruisseau.
Il dit au jeune, en son patois :
« Enn'buvez nî s'n'ieau-là, m’fieu ; les vatches ont tchi d'îns ».
Le jeune lui répond :
« Monsieur, en français s'il vous plaît. Je suis Flamand et je ne comprends pas les dialectes ».
Alors le brave Wallon lui répond :
« Bois doucement elle est froide ! »
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