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Dépêche de la Mena

Envoyé par Gérard Rogemi 
21 octobre 2008, 16:25   Dépêche de la Mena
Pour faire contre-poids à l'éditorial de L. Murawiec

 Je voulais vous dire… (info # 012010/8)[Analyse]

Par Ilan Tsadik © Metula News Agency

Qu’à la Ména, nous ne partageons pas tous les mêmes sensibilités politiques, bien que nous acceptons l’idée que des camarades puissent avoir des idées différentes des nôtres, et même les exprimer, et même, même, que ces opinions soient basées sur un raisonnement qui ne soit pas piqué des hannetons. On peut faire des choix différents, même très différents – comme El Soudi, qui rêve jour et nuit à son Etat de Palestine et Murawiec, qui prie pour qu’il ne voie jamais le jour – sans se haïr, sans avoir des envies de meurtre et en admettant la diversité des points de vue et des aspirations personnelles.

Question de culture… Question de savoir dans quel ordre d’importance je range les verbes "écouter" et "faire entendre mon point de vue". Question de savoir, aussi, s’il est constructif d’arborer un alignement politique formel et de défendre toutes les inepties affirmées en son nom, au lieu de commencer par réfléchir, et de terminer, aussi, en continuant à réfléchir.

Or, à la Ména, nous ne sommes pas tous des adorateurs béats de McCain et de Sarah Palin, c’est le moins que je puisse en dire. Leur discours anti-avortement m’indispose, je voulais que cela se sache. Pour moi, continuer à essayer d’empêcher la femme d’avoir le contrôle de son corps, c’est plus que ringard, c’est du machisme dirigiste, de l’interventionnisme.

J’ai deux bonnes raisons proches de chez moi de rejeter la relique du conservatisme médiéval de l’Eglise et de la Synagogue qu’est l’anti-avortement. La première, c’est que s’il avait été interdit en Israël, j’aurais eu un frère qui aurait vécu – un certain temps – avec un crâne de 50 centimètres de long.

La seconde, parce que pour ne pas contrevenir à la Halacha, un jeune couple, descendant de deux des plus grandes dynasties de rabbins orthodoxes, a mis au monde, il y a six ans, un petit garçon atteint de la maladie, diagnostiquée pendant la grossesse, des os de verre.

Les "heureux parents" ont toutefois abandonné leur enfant sitôt sa naissance – ce qui n’est pas interdit, semble-t-il, dans les valeurs de leur monde – condamnant l’enfant à une existence de souffrances ininterrompues et à l’orphelinat.

Le gamin a été adopté par un modeste mais merveilleux couple d’agriculteurs de Metula, dont la maison fait jardin commun avec le petit bâtiment de la Ména. Les parents adoptifs sont de type mécréant, que la plupart des rabbins n’épargne pas dans ses sermons ; des athées dont les péchés participeraient, à les en croire, aux malheurs d’Israël.

Et Ilan vous dit que, chaque fois qu’il croise le petit Ilaï (nom de substitution) sur le chemin de la rédaction, six ans, mais qui en paraît trois, à cause de sa maladie, emprisonné dans son corset et ses béquilles, condamné à ne jamais courir, mon cœur de fêtard se fend et j’ai à la fois envie de pleurer et de crier contre l’injustice du ciel.

Pour moi, les lois et les associations anti-avortement sont criminelles, et Sarah Palin devrait avoir à rendre des comptes devant la justice pour avoir laissé, sciemment, naître un fils trisomique.

Et si le contrôle volontaire des naissances donne lieu à une diminution de la population terrienne, eh bien, il y a lieu de s’en réjouir. Pour ceux qui ne l’ont pas remarqué, la planète croule sous la surpopulation, ses ressources n’étant pas illimitées. Il est plus que temps que les couples se soucient, avant toute autre considération, de l’éducation, la santé, la sécurité économique, la possibilité d’alimenter, de transporter, de fournir du travail et de la qualité de vie des enfants qu’ils mettent au monde.

La Terre étouffe et ne supporterait pas 30 milliards d’habitants, et il faut être aveugle, inconscient et suicidaire pour ne pas s’en apercevoir et réagir en conséquence. Quant à la sécurité sociale pour les seniors, ça n’est évidemment pas en multipliant leur nombre que l’on va résoudre le problème. Il est tout aussi évident que l’on vivrait mieux dans un monde comptant cinq milliards de congénères.

Et lorsque j’entends que l’un des passe-temps favoris de Sarah Palin consiste à tirer les loups en hélicoptère, moi, j’ai envie de tirer sur les hélicoptères. Si Palin veut de l’action, qu’elle aille faire un tour en Irak ou en Afghanistan à la place de son autre fils, ou qu’elle vienne prendre des tours de garde face au Hezbollah.

Tirer un loup d’un hélico, c’est aussi sportif que descendre son perroquet en cage au fusil-mitrailleur.

Je suis tout sauf un spécialiste des Etats-Unis, et c’est pour cela que je m’abstiens de juger leurs coutumes en procédant à des généralisations. Le jour où je comprendrai que des adultes puissent acheter un billet pour une partie de baseball, où s’emballer pour un match de catch, dont tout le monde sait qu’ils sont réglés et répétés à l’avance, je deviendrai spécialiste des USA, mais j’en suis à des années lumière.

Ainsi, qu’il s’agisse d’une tradition centenaire ou pas, je tiens le droit à acheter librement des armes à feu et à les détenir chez soi, pour une dangereuse aberration. A quoi une arme est-elle destinée, sinon à tuer, en finalité. Cette coutume m’apparaît comme une véritable incitation au meurtre.

Tout comme la persistance de l’application de la peine de mort dans certains Etats, avec l’assentiment, à la fois de McCain et d’Obama. Comme si le fait d’appliquer la loi du talion réduisait le nombre de crimes, aux USA, en Arabie Saoudite, en Chine et en Iran…

Dans l’univers auquel je crois et que j’espère, un être humain de chair et d’os ne saurait détenir le pouvoir de décider qu’un autre homme de chair et d’os cesse de respirer. Le privilège de la mise à mort d’un condamné, de sang froid, en temps de paix, au nom de la justice et de la société, ne saurait exister. Il faudrait, ne serait-ce que pour considérer le bien-fondé de ce concept, que la société et ses représentants soient immaculés et infaillibles. Deux qualités extrahumaines, dont l’absence transforme les exécutions capitales en véritables assassinats commis au nom de l’Etat, en représentation de la "volonté" des citoyens, pour rendre la "justice".

La question de disposer de la vie d’autrui n’est jamais une mince affaire. Même en juillet 2006, lorsqu’à diverses reprises j’ai dû neutraliser - et donner l’ordre de neutraliser -  des individus, que nous avions surpris en train de tirer des roquettes sur Nahariyya, Acre et Haïfa, en train de tuer des compatriotes sans défense, j’ai fait appel à ma conscience.

La différence entre les éliminations que j’ai perpétrées et les exécutions capitales m’est apparue clairement : en intervenant, en tuant, j’empêchais, je mettais un terme à des assassinats en cours ; je sauvais la vie d’innocents en la prenant à leurs assassins. Cela me sembla correct à l’époque et toujours aujourd’hui, de là à dire qu’il s’agit d’une décision facile à prendre, pour un homme de conscience, je ne m’y hasarderai pas.

Ce, d’autant plus lorsqu’il s’est agi d’autoriser mes hommes à faire feu sur les lanceurs de Katiouchas - de leur ordonner de tirer, plus précisément -, en prenant à mon compte leur problème de conscience. De fait, c’est comme si leurs fusils étaient des prolongations du mien, et que c’est moi qui tirais. Enfin presque… ma conscience ne s’étant pas vraiment substituée à la leur.

Ces considérations ne m’ont jamais poussé vers la bigoterie ; et le fait que Palin, Bush, Obama et compagnie passent une partie de leur temps à prier – et qu’ils le disent – n’est pas, pour moi, une manifestation d’intelligence particulièrement convaincante.

Tout comme ces masses d’Américains, qui se ruent au temple le dimanche, afin d’écouter des prédicateurs auxquels j’aurais plutôt tendance à enfiler des camisoles de force. Des prophètes habités par l’exaltation de la foi, qui passent leurs dimanches à parler de Satan, de Jésus-Christ, de Moïse, et des conditions à remplir, dans l’exercice quotidien de la vie, pour gagner son ticket pour le paradis.

En faisant le bilan de mes propres choix de vie, je devrais en conclure que, si j’étais Américain, je serais plutôt enclin à voter pour Barack Obama que pour John McCain. Le fait qu’il me semble êtres grand temps que les Etats-Unis élisent leur premier président de couleur renforcerait encore cette décision.

A voter Démocrate, je rejoindrais ainsi l’écrasante majorité des Juifs américains. Et à ceux que cette propension surprend encore, je rappelle, d’une part, que, traditionnellement, les éléphants (emblème du parti Républicain. Ndlr.) se sont longtemps abstenus d’accueillir les Israélites les bras ouverts, tandis que, secondement, chez l’âne Démocrate, ils étaient chez eux, bien dans leurs chaussures, à combattre, des décennies durant, le simplisme d’inspiration mystique de l’arrière-pays conservateur.

Pour ceux qui ne l’avaient pas compris, "heureux les simples d’esprit car ils sont les premiers au paradis" n’est pas un slogan d’encouragement puisant ses origines dans la tradition mosaïque.

Les Juifs les plus marquants se sont surtout illustrés dans la révolte de l’esprit contre la béatitude agraire ; ils se sont appelés Abraham, Moïse, Jésus, Spinoza, Marx, Freud, Herzl, Einstein, etc. S’ils possédaient leur carte d’électeur, Obama pourrait déjà commencer à déménager ses affaires à la Maison Blanche.

Et puis, les Juifs, peuple sans conteste le plus persécuté de l’Histoire, conservent longtemps le souvenir du ventre. Ce qui peut expliquer – partiellement, en tous cas – que l’on trouve tant d’Israélites dans la gauche française, notamment à des positions de responsables, alors que ladite gauche s’est corrompue aux avant-postes de la lutte antisioniste et même, par radiation, antisémite.

Ainsi, à l’instar de ma famille, des milliers d’Israélites n’ont pas oublié que c’est la Russie communiste qui a arrêté les Boches aux portes de Moscou et à Stalingrad. Pour la génération de mes parents et de mes grands-parents, il était clair qu’ils devaient leur survie et, partant, la défaite d’Hitler, aux soldats de Staline. Ce qui explique qu’à cette époque, et plus d’un demi-siècle plus tard, on discerne bien plus d’Israélites dans les rangs communistes et socialistes que dans la droite française.

Que dire du passé d’Obama et de ses accointances avec Louis Farrakhan, la Nation de l’islam, le terroriste Bill Ayers, le Weather Underground, l’organisation ACORN, l’escroc condamné Antoine Rezko, etc. ?

Impossible de faire comme la quasi-totalité des confrères français, et une grande quantité de media US, effaçant ces inquiétudes d’un revers de manche rapide, et accusant ceux qui en parlent de sentiments primaires.

Lors d’une campagne destinée à élire le roi du monde, on n’apprend pas grand-chose sur l’essentiel : la nature, le caractère et les convictions intimes des candidats. Ce qui fera effectivement la différence, tant je suis convaincu, qu’en matière de présidence de l’Amérique, l’occasion crée le larron, et qu’il est donc inutile d’être un génie pour faire un bon président.

Quant à Obama et McCain, ils s’emploient pour l’instant à ratisser le plus large possible, à paraître lisses, consensuels, centrés, pour piquer des électeurs chez l’adversaire, rien que de très compréhensible.

Jusqu’à la publication des résultats, ils font preuve d’une immense humilité, ils quémandent les voix, promettent de passer chaque seconde de leur mandat à la White House à s’occuper des intérêts de tous les Américains. Mais, sitôt le vainqueur déclaré, il deviendra l’homme le plus puissant de la planète ; et si les électeurs confient le sceptre de demi-dieu à un monstre, pendant quatre ans, à tout le moins, la planète aura à subir les "orientations" qu’il aura dissimulées durant la campagne.

Bref, les fréquentations antérieures, religieuses et politiques, du candidat Obama, que personne n’a inventées, représentent une inquiétude légitime, tant il serait destructeur de placer à Washington, le cas échéant, un noir revanchard, un gauchiste, un antisémite voire un sympathisant islamiste.

Je ne dis pas que c’est le cas, j’ajoute même que si ça l’est, même dans l’infiniment partiel, Obama a superbement caché son jeu. Ilan dit qu’il s’agit d’une crainte et d’un paramètre à intégrer à l’équation.

Quant à la crise économique, il est évident qu’elle aura joué en défaveur du candidat Républicain, héritier d’un George W. Bush dépassé par sa cour, bien intentionné mais terriblement soupe au lait et surtout inefficace. De toute façon, à ce que j’en ai vu durant les débats télévisés, Obama et McCain me paraissent fort démunis en connaissances économiques approfondies, ce qui rendra le public tributaire des décisions de leurs conseillers spécialisés.

Donc, si les ânes l’emportent, on aura plus d’intervention de l’Etat dans la vie des Américains, et si ce sont les éléphants, il y en aura moins. De ce point de vue, les deux théories économiques existent depuis des lustres, chacune avec ses charmes et ses points faibles, et ce n’est pas l’application de l’une ou de l’autre qui mettra l’Amérique du Nord à terre.

En dépit de tout ce qui précède, Ilan, s’il était américain, placerait sans hésiter un bulletin en faveur de McCain dans l’urne. Pourquoi, lui demanderez-vous sûrement, après avoir lu sa profession de foi ? Parce que la Terre traverse une zone temps hyper agitée, et que les considérations de politique extérieure l’emportent de loin sur toutes les autres réunies.

Et dans ce domaine-là, impossible de faire confiance au programme annoncé par Barack Obama. A ne considérer que l’Irak, un retrait précipité des forces américaines hypothèquerait immédiatement la stabilité entre le Tigre et l’Euphrate, et, à brève échéance, enflammerait tout le Proche et le Moyen-Orient.

Je parle d’un authentique cataclysme, durant lequel on assisterait à l’éclatement du grand règlement de comptes chiites-sunnites, et à la création de l’Etat kurde, sur les cendres de celui d’Irak.

Le programme en matière de politique étrangère d’Obama s’articule autour du choix d’ Appeasement poussé à l’extrême. Lors, le monde libre n’a jamais autant eu besoin d’un pensionnaire réaliste à la Maison blanche depuis 1936, pour faire face à la Djihad lancée, très ouvertement, par la République Islamique d’Iran, et au relent de l’impérialisme russe.

McCain n’a rien d’une étoile, il n’a rien d’excitant dans ses projets, il est trop vieux, manque dramatiquement de charisme, mais il a, comme les vaches, les quatre pieds sur terre. On a le droit de rêver à beaucoup mieux, mais ça n’est pas pour tout de suite : il faut d’abord régir les problèmes existentiels imposés par les ambitions expansionnistes et violentes décrétées par des régimes armagediens. Le monde a un nouveau cap périlleux à passer, pour le rêve, on verra plus tard.

Le plan d’Obama consistant à aller parler, les yeux dans les yeux, à l’éradicationniste Ahmadinejad, à l’impérialiste Poutine et au castriste Chavez est pour le moins naïf. Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle négociation du type de celle qui vient d’échouer avec la Corée du Nord. Le mal existe, il se sent bien dans sa peau de mal et n’attend qu’un peu d’espace et de temps pour disséminer ses tubercules empoisonnées. Précisément l’espace et le temps que lui garantirait un président décalé genre Obama.

Et si l’Irak est laissé à lui-même, si on laisse l’Iran fabriquer sa bombe – c’est au coin de la rue -, le Moyen-Orient sombrera le premier. L’exemple est là, même si l’Occident se contorsionne pour ne pas le voir, le Moyen-Orient deviendrait un Liban à la puissance cent.

Bienheureux les simples d’esprit persuadés que tout peut se résoudre par le dialogue. Le dialogue qui n’a pas attendu pour montrer ses largesses et sa déconfiture que le sénateur de l’Illinois pose le pied sur le parvis de la Maison Blanche.

Il existe quelques milliers de politiciens, d’intellectuels éblouis et de diplomates prêts à diplomater, en se regardant les pieds tandis que le monde avance. C’est le cas aux Etats-Unis et dans la vieille Europe. Donnez-leur le monde pendant quatre ans, et je ne suis pas sûr du tout qu’ils nous le rendent vivable.
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