Lorsqu'un "de souche" brise la loi du silence...
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Denis se confie après son passage à tabac : "On est en danger de mort…"
21 octobre 2008 à 07H34
Denis est inquiet sur son lit d'hôpital. Sa compagne, sa fillette et sa belle-fille sont toujours dans l'appartement et seraient victimes d'injures et de menaces chaque jour.
Il s'affuble lui-même du surnom de "Monsieur anti-drogue". Un costume, visiblement trop grand qu'il a endossé un soir du début de l'année 2005 — quand il a proposé selon lui à quatre jeunes qui dealaient de la drogue dans sa cage d'escalier de le faire ailleurs — et qui lui vaut aujourd'hui d'être allongé sur un lit d'hôpital.
Le diagnostic est exhaustif : côtes fracturées, nez cassé, multiples traumatismes crâniens, mâchoire bien abîmée, foie et poumons touchés… Denis Rufra, 37 ans, vit depuis quatre ans dans le quartier St Jean avec sa compagne, Sandrine, leur fillette Andelys, 3 ans, ainsi que la première fille de sa femme. "Cela fait trois ans que nous vivons un enfer. Depuis que j'ai osé leur faire cette remontrance" témoigne-t-il sur son lit de souffrance. Depuis, Denis et ses proches expliquent qu'ils sont les cibles d'insultes, de menaces de morts et d'injures quand ils ne sont pas visés, lorsqu'ils ont le courage de sortir de leur bâtiment, par des morceaux de parpaings, des galets et des bouteilles de bières…
"Un jour, ils ont même tiré à balle réelle sur les volets de notre terrasse" détaille t-il. Suite à ces tirs et aux multiples appels au secours de la famille, le Conseil général leur avait payé l'hôtel quatre mois durant. Avant qu'ils ne réintègrent leur logement. "Ma femme est régulièrement menacée. Il y a quelques jours, ils ont attaqué au couteau ma belle-fille. Nous sommes vraiment en danger de mort" lâche-t-il, impuissant. La mort, Denis n'en est pas passé loin mardi dernier. "Une vingtaine de jeunes m'attendaient alors que je revenais chez moi. Ils m'ont tabassé à coups de battes de base-ball, de barres de fer et de poings américains… Regardez !" assure-t-il en montrant les larges cicatrices qui trônent sur son front. Selon nos sources, le Préfet de Vaucluse, Jean-Michel Drevet, a demandé au bailleur Vaucluse Logement, le relogement immédiat de la famille hors de ce quartier.
Un fax du maire d'Avignon, adressé au bailleur, va dans le même sens. "Depuis plusieurs années, nous avons reçu diverses plaintes de voisins vis-à-vis de ce monsieur. Selon eux, il a un comportement agressif, comme l'était son chien Rottweiler avant qu'il ne soit abattu par la police. De plus, il n'a pas payé son loyer depuis juillet. Nous avons donc lancé une mesure d'expulsion contre lui" assurait hier Danielle Watson, la chargée de communication du bailleur social. Une solution radicale qui n'est visiblement pas menée dans le but de protéger cette famille qui en aurait pourtant besoin. "Mais, vous savez, les situations n'arrivent pas toutes seules". C'est à n'y rien comprendre.
Par Romain Capdepon (
rcapdepon@laprovence-presse.fr )