Parfaite communicante

Cliquez sur la seconde vidéo, et admirez l'art de ne pas répondre à la première question de Francine


(Je sais qu'on a trop pris l'habitude de critiquer Ségolène Royal à chacune de ses déclarations, mais ce qui m'intéresse ici, c'est l'exercice en lui-même, c'est le numéro de "communicant" valable pour l'ensemble du monde politique - certes, d'autant plus étonnant qu'il est ici executé par la championne de la "participation", du dialogue démocratique.)

Comme disait hier ou avant-hier notre Président, s'adressant à un parterre de chefs d'Etat au cours de je ne sais plus quel sommet européen :

"Si y'en a qui vont oublier, nous on n'oubliera pas."

« S'il y avait eu de la transparence sur un certain nombre de drames écologiques, sans doute ne seraient-ils pas arrivés. »

Jolie démonstration de logique royalienne. Si l'on dit tout sur un drame advenu, on le fait disparaître du champ du réel…

Effectivement, c'est impressionnant...
Mais, toute championne du faux-fuyant qu'elle soit, son discours part en roue libre, roule tout seul, tournicote, mord sur les bas-côtés, percute poteaux et obstacles, pour finir sa course embourbé dans la glaise d'un champ.

Un rouleau compresseur verbal. Francine doit toujours être en train de réécouter la réponse, recherchant désespérément une trace, même infime, de sa question.

Bravo Francmoineau !, très juste, très drôle.

Avouez qu'on a envie de les revoir s'affronter, Monsieur et Madame, le couple subliminal de la France contemporaine.

J'espère que les habitués l'auront noté à ma décharge, je me suis abstenu, depuis qu'il a été élu, de toute attaque contre notre Président, alors que, pendant la campagne, j'avais ressassé tout la méfiance que m'inspirais le candidat.

Est-ce l'élection américaine, "l'élection" au Parti socialiste, ais-je abusé ces derniers temps de journaux télévisés et revu déambuler sur des perrons ces têtes élues prises dans la tourmente économique ? J'ai fait une petite rechute et je m'en excuse. J'espère même qu'y en aura qui vont oublier.

C'est le "sur", Boris, qui bousille le discours. Un Obama, en vrai poète, évite le "sur". Un minimum de rhétorique devrait être enseigné à nos aspirant(e)s chefs. C'est tout de même pas si compliqué que ça de se souvenir que "sur" est une non-charnière, une noyade de l'éloquence qui introduit le péché de noyer son auditeur. "sur comment" n'est qu'un monstre hideux ayant pour géniteur "sur". Dites "sur" en français quand vous avez quelque argument à faire valoir dans cette langue, et vous voilà dévalorisé, rendu au ras du trottoir: tout vous reste à faire, à dire: vous ne remonterez jamais la pente, vous ne serez jamais Barak Obama, gosse de famille sans famille, gosse d'une ombre, rendu maître du monde par la poésie.

Ah non, Orimont, vous avez eu raison de relever cette jolie phrase présidentielle. Une de plus dans le grand herbier !