Abrutie par un gros rhume, je suis tombée au cours d'un zapping, sur l'émission (dont je ne connais pas le titre ) de ... Patrick Sébastien. Les invîtés de l'émission étaient des médaillés des jeux de Pékin pour handicapés, et sur scène, choisis par les invîtés, se produisaient des acrobates, des contorsionnistes, des jongleurs époustouflants. J'ai finalement regardé l'émission en entier et, pour finir, j'ai été reconnaissante à son animateur, de proposer à notre admiration ces personnes, infirmes, dix fois plus handicapées dans la vie que n'importe quel cassseur de banlieue et qui, loin de se plaindre de leur sort, ont réussi à réaliser des prouesses inimaginables. Je me suis émerveillée qu'à une époque de frime, de "m'as-tu- vuisme" victimaire, d'idoles de pacotilles, il y ait encore des personnes qui à force de courage, de force de caractère, d'exigence vis-à-vis d'elles-mêmes, réussissent, loin des caméras qui en général les ignorent, à se dépasser à ce point, à faire reculer les limites du possible avec tant de grâce et, même, oui, de poésie ( je pense à tel acrobate ou illusionniste). Là, pas de deuxième ou dixième prise, pas de coupe au montage, pas de rattrapage possible, pas de play-back, nul besoin de baratin long comme le bras pour expliquer en quoi la prouesse en était une ou le numéro génial, nul besoin de mise en condition préalable, nul besoin de claque aux ordres pour déchaîner l'enthousiasme d'un public populaire. Que c'était reposant ! Et puis pour couronner le tout, l'animateur a incité habilement une jeune paralytique médaillée d'or en tennis de table, postière de son état et originaire d'Asie, à donner son avis sur ceux qui sifflaient la Marseillaise. L'indignation qu'a exprimée cette jeune championne, la conviction, la passion, avec lesquelles elle a défendu la France faisait chaud au coeur. Tout-à coup, l'espace d'une heure et demi, le monde semblait avoir retrouvé ses marques. A la fin de l'émission, l'animateur a entonné une rengaine très musette, à la gouaille, à la bonne humeur bien françaises reprise en choeur par tous. Quelque chose m'a dit qu'il ne l'a pas fait innocemment et j'ai mesuré à quel point il fallait se sentir désemparé pour se raccrocher à une émission de P. Sébastien et y trouver quelque motif d'espoir.