Le collège (surtout le collège religieux), pas le lycée...

"Qu'un pédéraste soit léger, distrait, ignorant, stupide, etc., il y a une chose sur quoi il ne se trompe jamais : il sait exactement si untel en est, ou pas. A 15 ans, aussi averti qu'un vieux Charlus.
Cet amour des garçonnets, à 76 ans, c'est de la sénilité, chez Montherlant. Impossible d'oublier le paradis des amours enfantines ; marqué à jamais, comme Peyrefitte.
La pédérastie demande le collège (et non le lycée), le pensionnat, le dortoir, la classe sociale sans mélange ; surtout le collège religieux. Le lycée, c'est bien différent : il y a de tout, des Juifs, des fils de boutiquiers, des gens du monde. 2 h le matin, 2 h l'après-midi. L'éducation sexuelle n'est pas intérieure ; c'est la rue, son décors. Nous allions voir les putains racoler à Saint-Lazare, lisions des livres défendus chez les libraires ; nous allions, en cercle, nous tirer dessus, aux W.-C., mais chacun pour soi, sans se prêter la main. Et dès que nous eûmes 16 ans, 5 F en poche, nous allâmes au bordel, rue de Hanovre, ou rue des Moulins, et nos jeux solitaires cessèrent."


Paul Morand, 11 mai 1969 ( "Journal inutile", 1968-1972).

Quand on lit des inepties de ce calibre, on ne peut que se dire que ce malheureux Journal inutile porte admirablement son titre, et qu'il n'ajoute rien à la gloire de l'auteur de Tendres stocks (préfacé par le "pédéraste" Marcel Proust) et de L'Homme pressé...

Il est très bien, ce journal...

Oui cher Didier, et je trouve même ces observations assez justes...

D'accord avec Alexis. Paul Morand n'a aucune capacité d'empathie, d'où le propos caricatural. Il a d'ailleurs fait d'autres erreurs de jugement, plus lourdes de conséquences, dans sa vie.

Oui Didier, il est vraiment très bien ce journal (2 tomes)...

Oui cher Didier, et je trouve même ces observations assez justes...

J'y vois plutôt une belle collection de poncifs : les "pédérastes" qui se reconnaissent au premier coup d'oeil, le touche-pipi au collège et les branlettes en camarades au lycée (mais sans se prêter la main, hein, on n'est pas des pédés), et le bordel rédempteur où l'on jette enfin sa gourme, juste avant cinquante ans de bonheur conjugal avec la princesse Soutzo.

Oui, c'est caricatural à en être navrant. De la pisse-copie d'hétéro de base basique.

Sacré Corto, va ! À chaque fois qu'on aborde ce sujet, vous devenez comme hystérique…

Un hétéro de base basiquement basique

Ca y est !, voilà que je m'apercois (enfin !) que la vie mentale de P. Morand est toute traversée de considérations mesquines et de certitudes péremptoires...

Tiens Boris, de retour ! Orsoni me rend hystérique, dites-vous ? Vous le surestimez beaucoup !

Bien cher Corto,

Je ne partage pas votre point de vue. Les propos de Morand ne me paraissent pas du tout stupides... que leur reprochez-vous exactement ?

« De la pisse-copie d'hétéro de base basique. »

Si ça n'est pas du mépris de genre, ça !


(Quoi, Orsoni, nous parlions de Paul Morand, non ?)

Il me semble, cher jmarc, qu'Alexis a déjà tout dit à ce sujet. Bien entendu, la critique porte uniquement sur l'extrait proposé par notre très cher Pascal.

Non, c'est une raillerie !

Ca y est !, voilà que je m'apercois (enfin !) que la vie mentale de P. Morand est toute traversée de considérations mesquines et de certitudes péremptoires...

En quelque sorte, nous vous avons tiré de votre sommeil dogmatique ?

« Il me semble, cher jmarc, qu'Alexis a déjà tout dit à ce sujet. »

Mais le propre d'Alexis n'est-il pas d'avoir déjà tout dit sur tous les sujets; d'être le gardien jaloux de la Vérité et de la Sagesse en ce lieu ?

Citation

Pour le stratagème de Schopenhauer auquel je pensais, ne s'agit-il pas tout simplement de l'Extension, qui consiste à « étendre l'affirmation de l'adversaire au-delà de sa limite naturelle ; la prendre au sens le plus vaste qu'il se peut et l'exagérer : et restreindre au contraire la sienne jusqu'à un sens aussi limité que possible, à l'intérieur de limites aussi étroites que possible ; car, plus une affirmation est généralisée, et plus nombreuses sont les attaques auxquelles elle s'expose. » ?

Oui, Maître Boris !

"Schopenhauer, mon maître !" gueulait Maupassant sortant du bordel...

Mais le propre d'Alexis n'est-il pas d'avoir déjà tout dit sur tous les sujets; d'être le gardien jaloux de la Vérité et de la Sagesse en ce lieu ?

Je ne sais pas ce qui me vaut cette animosité de la part de M. Joyce, mais je lui promets de me faire plus discret à l'avenir.

Oh mais surtout pas, Alexis ! Ne soyez pas discret, c'est à moi de l'être plus…

Cependant, vous me permettrez peut-être de noter que vous parlez "d'animosité de la part de M. Joyce", alors que lui la lit très souvent dans vos interventions agacées et scandalisées.

Morand nous écrit :

Qu'un pédéraste soit léger, distrait, ignorant, stupide, etc., il y a une chose sur quoi il ne se trompe jamais : il sait exactement si untel en est, ou pas. A 15 ans, aussi averti qu'un vieux Charlus.

Je me rappelle très bien les lignes de Tondelli, à propos du "sûr instinct de la race", et de la façon dont Proust décrit le ballet de Charlus et de Jupien.

Par ailleurs, je retire de mon expérience personnelle que nous (je veux dire les gens comme Charlus, Jupien et moi) avons, effectivement, un certain flair pour discerner ceux que nous avons quelque chance de ne pas laisser indifférents.

," je retire de mon expérience personnelle que nous (je veux dire les gens comme Charlus, Jupien et moi) avons, effectivement, un certain flair pour discerner ceux que nous avons quelque chance de ne pas laisser indifférents."

Donc, apparemment, c'est ce "certain flair" qui dérangerait notre Corto...

C'est à mon tour, bien cher Corto, de m'étonner.

Ce que dit Morand dans son premier paragraphe, ne le ressentez-vous pas ?

Non, cher jmarc, pour une fois Orsoni a raison, je n'ai aucun flair de ce genre et je n'en reviens toujours pas d'avoir troussé ou d'avoir été troussé par de prétendus hétérosexuels à la réputation sans tache.
Pensez-vous, compte tenu de l'affirmation impérieuse de Morand, que j'abuse mon monde et moi le premier en m'affirmant de la même orientation sexuelle que vous ? Allez-vous en conséquence me rejeter dans la masse indifférenciée de la bête hétérosexualité ? Me ravaler, en quelque sorte, à moins que rien, faute d'avoir, comme ceux que décrit Morand avec tant de certitude, le nez d'un chien truffier ?

Ce qui semble-t-il met hors de lui Corto: être caractérisé, rendu caractérisable, par la chienlit hétéro. Un peu comme ces Noirs qui chantent par-dessus les toits leur fierté d'être Noirs mais qui vous traînent devant les tribunaux et vous menacent du châtiment suprême si, cul-blanc que vous êtes, c'est vous qui leur avez rappelé qu'ils le sont, Noirs.

Bien cher Corto,


On ne peut, en ce domaine, ne parler que pour soi-même.

J'ai, comme vous, eu d'heureuses surprises de conquêtes inattendues, mais de n'est pas cela dont Morand parle. Je dirais là que ce sont des hétérosexuels "succombant à la tentation".

Il s'agit en fait de ces personnes que nous voyons et dont nous savons, le temps d'un regard, qu'elles partagent avec nous certains goûts et certaines attirances pour certaines choses. Je ne me suis, en ce domaine, que très rarement trompé, et c'est pourquoi je partage l'opinion de Morand.

Cette thèse est d'ailleurs fort habituellement détaillée à travers les ouvrages de Peyrefitte.

Avec votre pertinence habituelle, cher Francis, vous voyez juste ( mais vous concluez mal). Je refuse, en effet, d'être caractérisé par ma seule orientation sexuelle qui n'est qu'un élément de mon être. Mais soyons clair : lorsque cette caractéristique est dénigrée par, comme vous dites, la "chienlit hétéro" - que je définirai uniquement comme la petite composante homophobe de l'hétérosexualité - je serai le premier à en chanter les louanges et à conspuer ses contempteurs.

Cela étant, en vérité, je crois que l'importance trop grande prêtée à l'orientation sexuelle d'un individu résulte directement de l'oppression que la sexualité - et notamment l'homosexualité - à subie par le fait de la plupart des religions pendant des siècles et dont elle sort à peine dans nos démocraties libérales occidentales.

Mais où est donc la "schizophrénie homo" dans ce raisonnement ?

En résumé, je revendique ultimement l'indifférence et je pense que les minorités ethniques ne devraient pas aspirer à autre chose pour réaliser leur intégration.

Oui, cher jmarc, on ne peut parler que pour soi-même, dans ce domaine.

Schizophrénie: être fier et revendicatif d'un trait de sa personne (ici l'orientation sexuelle) et réagir comme à une offense lorsque ce trait est signifié, ou souligné, ou indiqué, ou vaguement insinué par quiconque n'a ni l'heur ni le malheur de le posséder.

Entre nous soit dit Corto, ce type de schizophrénie est particulièrement chiante et je pèse mes mots, pour ceux qui doivent en subir les effets: les Blancs (auprès des Noirs); les hétéros (auprès des homos); les hommes (auprès des femmes) et généralement tous les innocents majoritaires ou présumés tels auprès de tout minoritaire/victimaire vitupérateur et écorché vif.

Et si, en plus, vous êtes catholique, vous dégustez un max! A vrai dire j'ai d'autres chats à fouetter.