Bernard Lombart écrivait:
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> Francis, il me semble que "breed" est pris dans un
> sens positif, par exemple dans "a new breed of
> athlete" (exemple du Webster). D'autre part, le
> fait qu'un mot puisse désambiguïser un autre dans
> une langue joue dans les deux sens : la langue où
> le terme est polysémique pourrait aussi voir son
> terme, de ce fait même, mieux accueilli, dans un
> contexte plus serein. N'importe quel mot pourrait,
> théoriquement, être porteur de cette mauvaise foi
> idéologique qui a atteint le mot "race" en
> français, polysémique ou non. Enfin, nous avons
> dans notre langue : famille, lignée, filiation,
> descendance, extraction, origine, ascendance,
> souche, postérité, génération, que sais-je encore,
> qui ne demandent qu'à être employés...
>
> (Loin de moi l'idée de rivaliser avec vous dans la
> connaissance de l'anglais : mon intervention est
> plutôt en forme de questionnement.)
>
> Connaissez-vous, sur la Toile, un dictionnaire
> anglais qui nous renseignerait sur la fréquence
> des mots (en l'occurrence "race" et "breed") ?
A new breed of athletes d'une part peut être particulièrement ambigü et même terme insidieux puisqu'il évoque ou peut évoquer une "fabrique d'athlètes" (où ceux-ci seraient fabriqués à l'aide d'hormones, d'anabolisants, et autres substances à la limite de la légalité comme on le fait pour un élevage intensif de bêtes de boucherie); quand il ne l'est pas, il est à rapprocher encore du lexique des chevaux de courses et des concours hippiques, où l'on trouve notamment
thoroughbred, terme flatteur.
Enfin,
breed peut être employé dans ce sens de manière quasi-interchangeable avec
crop comme dans
a new crop of young politicians (une nouvelle fournée de jeunes politiciens, frais émoulus de l'Ena si vous voulez). Ici, il s'agirait d'athlètes promus d'une de ces écoles du sport qui je crois existent en France.
Pour les raisons que j'ai tenté d'exposer en amont du fil, je ne crois pas, comme vous l'affirmez que
n'importe quel mot pourrait être porteur de la mauvaise foi idéologique qui a atteint "race" en français. La polysémie du mot
race en français pose problème pour la raison très précise et très facile à cerner qu'elle désigne
des phénotypes raciaux dans le règne animal (ce qui n'est ni le cas de "souche", de "lignée", etc.). Quand en génétique mendélienne on employait le mot "race pure" pour parler par exemple des personnes aux yeux bleus et même, lorsque des couillon(n)es se plaisaient, quand le féminisme idéologique battait son plein en France, à avancer que les femmes, parce qu'elles ont deux chromosomes XX, différentes en cela des hommes qui sont XY,
sont de race pure (!) on ouvrait de manière inconsciente une boîte de Pandore dont les contrecoups idéologiques se font ressentir aujourd'hui.
On sous-estime généralement les problèmes lexicologiques dans ces débats d'apparence idéologique. La langue est piégée avec le mot
race parce que la langue s'est montrée
indiscriminante. Il s'agit d'un diagnostic bathmologique: pour effacer le piège de l'anti-racisme politique et idéologique qui fait ses choux gras de l'indiscrimination lexicale et sociale, il conviendrait de réintroduire de la distinction, de la clarté dichotomique, soit, au fond, cela même que l'ennemi revendique:
de la discrimination positive.