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Communiqué n° 769 : Sur l'"affaire Zemmour"

Le parti de l'In-nocence apporte son appui total au journaliste Éric Zemmour qui représente une des très rares voix encore audibles de liberté, de vérité et d'humour sous l'oppressante chappe imposée à notre pays par la tyrannie du dogmatisme antiraciste ; et qui semble être, comme il était à prévoir — c'est tout à son honneur — l'actuelle proie rituelle des sbires, sicaires, chiens de garde, molosses, roquets, rabatteurs et suiveurs hébétés de la vigilance aveuglante.

Le parti de l'In-nocence juge particulièrement significatif que le prétexte de l'actuelle chasse à l'homme soit l'usage par sa victime du mot "race", parfaitement admis à peu près partout dans le monde sauf en France et à toutes les époques sauf la nôtre ; et dont rien n'était plus facile pour les vigilants que d'adopter une définition prétendûment "scientifique" tellement limitative, et coïncidant si peu avec son énorme champ sémantique dans notre langue, qu'il en devienne, lui, le mot, le pauvre mot, inadmissible — le seul inconvénient étant que cette définition absurde est précisément celle des racistes et des pires criminels de l'histoire.
Ce communiqué est une occasion comme une autre de remarquer que Renaud Camus aura été parfois plus heureux, dans ses innovations philosophiques, qu’avec le concept d’« antiracisme dogmatique ». On voit mal (comme le dit très mal André Pichot, cité par Boris Joyce sur un autre fil) comment l’antiracisme, non plus que le racisme, puisse être autre chose que dogmatique. Il voulait peut-être dire «antiracisme obsessionnel ». Mais la confusion est très dommageable, car on se demande toujours, après des milliers de pages d’explications, quelle notion philosophiquement acceptable pourrait bien mitiger le « dogme » antiraciste.
C’est aussi l’occasion de noter (avec l’art du contre-pied que m’avait une fois gentiment reconnu M. Meyer) qu’il est piquant que les mêmes qui voudraient restituer au mot « race » tout le vaste champ de sa polysémie préfèreraient confiner le concept de « racisme » à son acception la plus étroitement biologisante. A-t-on jamais mieux voulu le beurre et l’argent du beurre !
« les mêmes qui voudraient restituer au mot "race" tout le vaste champ de sa polysémie préfèreraient confiner le concept de "racisme " à son acception la plus étroitement biologisante ».

Ah mais pas du tout, ah mais pas du tout ! Je crois bien avoir écrit plusieurs fois que "raciste" devrait aussi vouloir dire "qui aime les races", "qui est partisan de leur maintien, de leur diversité et de leur prospérité" (et en ce sens je suis bien sûr ardemment "raciste").
Ah, je vois... Alors disons "préfèreraient confiner les connotations négatives du concept de "racisme" à son acception la plus étroitement biologisante ».
Certaines langues disposent d'un lexique plus discriminant que le français, ce qui leur épargne certains faux débats lexicologiques. Ainsi en anglais, le terme "race" (human race, etc.) ne fait se dresser aucun sourcil et peut être employé en toute innocuité. Il faut probablement en chercher la raison dans l'existence d'un autre terme qui, lui, est porteur de toute la virulence racialiste, qui frappe d'indignité tout groupe humain par lui désigné: breed.

Ce dernier terme qui ne s'applique avec innocuité qu'au règne animal est proscrit pour les groupes humains, et celui qui l'emploie à cet usage se livre à une transgression sociale. Il sert d'injure raciste particulièrement offensive et dégradante : "What a foul breed!" (sale race !)

En français, tout le champ sémantique de breed (qui sert à désigner par exemple une race canine) retombe sur ce pauvre vocable de "race" aux épaules décidément trop chargées. D'où le débat en France, obscurément motivé par l'indigence lexicographique, autrement dit, précisément par l'indiscrimination lexicale.
30 novembre 2008, 21:18   Breed
Dear Francis,

I concur with your opinion.
30 novembre 2008, 22:01   Re : Breed
En biologie, un thoroughbred (animal, surtout d'un cheval de course) se dit "de race", de "race pure"; il y a trente ans, on enseignait ainsi dans les classes de biologie, par pauvreté lexicale, qu'une personne aux yeux bleus, chez qui tout les traits récessifs s'exprimaient, était "de race pure", ce qui ne faisait tiquer personne. L'évolution démographique, idéologique et sociale étant ce qu'elle est, le langage coince, ne passe plus, est trop gros pour s'infiltrer dans le crible du réel. Il faudrait inventer un terme pour la "race biologique" et un autre pour l'écrivain, le musicien, le talent "de race".

Il y a aussi le fait que breed sert de verbe transitif; l'on ne peut croiser des humains comme on le fait des bêtes, d'où l'insulte. (A breeder: un éleveur). Sans élevage d'humains, pas de breed humain bien sûr, ce qui donne une solide assise à cette discrimination quasi saussurienne (trait pertinent présent nulle part ailleurs que dans le référent).

A noter qu'en anglais: un individu métis se dit a mixed-race, ce qui suppose l'existence de races dans l'humanité, et que par ailleurs, Kipling, écrivain pourtant impérialiste, évitait le terme de race pour employer celui que je trouve personnellement élégant de half-caste, dans lequel la "race" se colore de sociologie. Ce terme est encore considéré comme neutre politiquement au Royaume-Uni, bien que démodé.

Quant au terme mestee, dérivé du français, certains universitaires et lexicographes voudraient le voir employer pour désigner les métis.

Parallèle à breed, il existe en anglais un terme servant à désigner les chiens bâtards, qui est une injure souvent assez violente lorsqu'elle est appliquée à autrui: mongrel.

Mais il est vrai que animal lui-même peut servir d'injure.
Francis, il me semble que "breed" est pris dans un sens positif, par exemple dans "a new breed of athlete" (exemple du Webster). D'autre part, le fait qu'un mot puisse désambiguïser un autre dans une langue joue dans les deux sens : la langue où le terme est polysémique pourrait aussi voir son terme, de ce fait même, mieux accueilli, dans un contexte plus serein. N'importe quel mot pourrait, théoriquement, être porteur de cette mauvaise foi idéologique qui a atteint le mot "race" en français, polysémique ou non. Enfin, nous avons dans notre langue : famille, lignée, filiation, descendance, extraction, origine, ascendance, souche, postérité, génération, que sais-je encore, qui ne demandent qu'à être employés...

(Loin de moi l'idée de rivaliser avec vous dans la connaissance de l'anglais : mon intervention est plutôt en forme de questionnement.)

Connaissez-vous, sur la Toile, un dictionnaire anglais qui nous renseignerait sur la fréquence des mots (en l'occurrence "race" et "breed") ?
Bernard Lombart écrivait:
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> Francis, il me semble que "breed" est pris dans un
> sens positif, par exemple dans "a new breed of
> athlete" (exemple du Webster). D'autre part, le
> fait qu'un mot puisse désambiguïser un autre dans
> une langue joue dans les deux sens : la langue où
> le terme est polysémique pourrait aussi voir son
> terme, de ce fait même, mieux accueilli, dans un
> contexte plus serein. N'importe quel mot pourrait,
> théoriquement, être porteur de cette mauvaise foi
> idéologique qui a atteint le mot "race" en
> français, polysémique ou non. Enfin, nous avons
> dans notre langue : famille, lignée, filiation,
> descendance, extraction, origine, ascendance,
> souche, postérité, génération, que sais-je encore,
> qui ne demandent qu'à être employés...
>
> (Loin de moi l'idée de rivaliser avec vous dans la
> connaissance de l'anglais : mon intervention est
> plutôt en forme de questionnement.)
>
> Connaissez-vous, sur la Toile, un dictionnaire
> anglais qui nous renseignerait sur la fréquence
> des mots (en l'occurrence "race" et "breed") ?


A new breed of athletes d'une part peut être particulièrement ambigü et même terme insidieux puisqu'il évoque ou peut évoquer une "fabrique d'athlètes" (où ceux-ci seraient fabriqués à l'aide d'hormones, d'anabolisants, et autres substances à la limite de la légalité comme on le fait pour un élevage intensif de bêtes de boucherie); quand il ne l'est pas, il est à rapprocher encore du lexique des chevaux de courses et des concours hippiques, où l'on trouve notamment thoroughbred, terme flatteur.

Enfin, breed peut être employé dans ce sens de manière quasi-interchangeable avec crop comme dans a new crop of young politicians (une nouvelle fournée de jeunes politiciens, frais émoulus de l'Ena si vous voulez). Ici, il s'agirait d'athlètes promus d'une de ces écoles du sport qui je crois existent en France.

Pour les raisons que j'ai tenté d'exposer en amont du fil, je ne crois pas, comme vous l'affirmez que n'importe quel mot pourrait être porteur de la mauvaise foi idéologique qui a atteint "race" en français. La polysémie du mot race en français pose problème pour la raison très précise et très facile à cerner qu'elle désigne des phénotypes raciaux dans le règne animal (ce qui n'est ni le cas de "souche", de "lignée", etc.). Quand en génétique mendélienne on employait le mot "race pure" pour parler par exemple des personnes aux yeux bleus et même, lorsque des couillon(n)es se plaisaient, quand le féminisme idéologique battait son plein en France, à avancer que les femmes, parce qu'elles ont deux chromosomes XX, différentes en cela des hommes qui sont XY, sont de race pure (!) on ouvrait de manière inconsciente une boîte de Pandore dont les contrecoups idéologiques se font ressentir aujourd'hui.

On sous-estime généralement les problèmes lexicologiques dans ces débats d'apparence idéologique. La langue est piégée avec le mot race parce que la langue s'est montrée indiscriminante. Il s'agit d'un diagnostic bathmologique: pour effacer le piège de l'anti-racisme politique et idéologique qui fait ses choux gras de l'indiscrimination lexicale et sociale, il conviendrait de réintroduire de la distinction, de la clarté dichotomique, soit, au fond, cela même que l'ennemi revendique: de la discrimination positive.
Je ne vous suis pas en cela. La langue est à peu près la même qu'il y a un demi-siècle, où le mot incriminé n'avait pas ce "vice", et elle dispose encore de toutes les ressources de précision (de "désambiguïsation") nécessaires. Le problème est celui de la modification idéologique de la langue (voir JGL). Simplement, le mot n'a pas de chance, comme certains ont eu la malchance d'être choisi comme têtes de Turc par les médias. Pas par hasard, me direz-vous : le mot "race" était en première ligne, mais ce n'est pas sa faute.
01 décembre 2008, 09:02   Gnous lexicaux
La "modification idéologique" de la langue exploite les failles de cette dernière, parmi lesquelles l'ambiguïté parfaitement réelle et singulière du terme "race" en français. Il y a prédation idéologique sur un terme faible et boiteux, c'est ainsi, pour emprunter une métaphore au comportement animal, que le guépard ou la lionne des savanes choisira, visera, dans le troupeau de gnous, l'animal qui boîte pour l'isoler, lui courir sus et en faire sa proie.
01 décembre 2008, 09:03   Re : Gnous lexicaux
Et je vous en prie n'allez pas dire que le ngou victime de la lionne "n'a pas de chance": il y a des règles à la prédation.
01 décembre 2008, 11:05   Re : Gnous lexicaux
Non, ce que je récuse est votre idée de termes "boiteux". L'ambiguïté est essentielle au langage, à toutes les langues, sauf, bien entendu, aux langues artificielles ou aux langage informatiques. Le terme de race n'est pas plus boiteux qu'un autre, et le français n'est pas plus qu'une autre langue un "champ de ruines". Qu'il y ait prédation, bien entendu, là, je suis d'accord. Je soutiens que le terme de "race" en français a des vertus que le terme correspondant dans d'autre langues n'ont pas, en vertu même de sa polysémie. Les termes de "Reich" ou de "Führer" étaient-il mal formés ? Le Svastika multimillénaire y peut-il mais, s'il a été réquisitionné et mis au pas ? Je ne poursuis pas sur cette piste de l'oiseau-pour-le-chat : c'est trop facile...
01 décembre 2008, 11:20   Très fort...
« Le Svastika multimillénaire y peut-il mais... ? »
01 décembre 2008, 11:23   Re : Très fort...
N'est-ce pas ?
01 décembre 2008, 11:37   Re : à propos de l'usage d'un mot
Dans l’exposition dont je parle sur l’autre fil, j’ai lu avec grand plaisir une réplique pleine d’ironie écrite par Christian Dotremont dans le « Cobra 4 » de 1949 en réponse à une attaque en règle de la presse hollandaise.
À la suite d’une allocution au Stedelijk Muséum ayant comme titre « Le grand rendez-vous naturel », il fut traité d’agent soviétique par ces journalistes et accusé d’ « éloge dithyrambique » parce qu’il avait tout simplement prononcé le mot « soviétique ». Il compare les centaines d’heures perdues dans les rédactions dans le but de le démolir comparées à la vingtaine de minutes qu’a duré sa lecture. Que ne s’est-on mis d’accord pour l'écriture d'un seul article, dit-il, cela aurait économisé bien du temps. Il termine en proposant : « Adressez-vous donc à moi pour l’écrire ce texte unique. Ce n’est pas que j’aie encore moins que vous de cet esprit extrêmement dangereux pour la bonne tenue de la bonne presse. C’est que connaissant la vérité, il me serait encore plus facile qu’à vous de le contredire. »
Le texte est assez long et je n’ai que quelques notes mais il me semble qu’il est toujours " réactualisable" et qu’on pourrait le mettre en exergue à tout cours de journalisme.
Le titre en était sa phrase célèbre : « Et je ne vais au Musée que pour enlever les muselières »
Secrétaire général écrivait:
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> Le parti de l'In-nocence apporte son appui total
> au journaliste Éric Zemmour qui représente une des
> très rares voix encore audibles de liberté, de
> vérité et d'humour sous l'oppressante chappe
> imposée à notre pays par la tyrannie du dogmatisme
> antiraciste ; et qui semble être, comme il était à
> prévoir — c'est tout à son honneur — l'actuelle
> proie rituelle des sbires, sicaires, chiens de
> garde, molosses, roquets, rabatteurs et suiveurs
> hébétés de la vigilance aveuglante.
>
> Le parti de l'In-nocence juge particulièrement
> significatif que le prétexte de l'actuelle chasse
> à l'homme
soit l'usage par sa victime du mot
> "race", parfaitement admis à peu près partout dans
> le monde sauf en France et à toutes les époques
> sauf la nôtre ; et dont rien n'était plus facile
> pour les vigilants que d'adopter une définition
> prétendûment "scientifique" tellement limitative,
> et coïncidant si peu avec son énorme champ
> sémantique dans notre langue, qu'il en devienne,
> lui, le mot, le pauvre mot, inadmissible — le seul
> inconvénient étant que cette définition absurde
> est précisément celle des racistes et des pires
> criminels de l'histoire.

La chasse à l'homme peut s'expliquer par le fait qu'une certaine gauche désire faire en permanence du bruit pour montrer qu'elle n'est pas raciste. Pour ce faire elle passe son temps à chercher des poux dans la tête des autres. De même elle passe son temps à dénoncer le fachisme, le vichysme.
Tout ce bruit sert à mon sens à empêcher que les gens se rappellent que c'est la Chambre du Front Populaire qui a voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Relire L'Etrange défaite de Marc Bloch.
Utilisateur anonyme
01 décembre 2008, 15:29   Un seul mot
Peut-être les mêmes carences lexicologiques se posent-elles avec le mot "musique".
Utilisateur anonyme
01 décembre 2008, 15:35   Re : Un seul mot
Orimont, avec ce mot-là, ce n'est plus de carences qu'il faudrait parler…


« L'ambiguïté est essentielle au langage, à toutes les langues, sauf, bien entendu, aux langues artificielles ou aux langage informatiques. »

Parfaitement en accord avec avec que vous écrivez là, Cher Bernard. (Vous êtes mûr pour lire La Question sans réponse, de Bernstein…)
01 décembre 2008, 20:13   Re : Un seul mot
Je crois que cela m'intéresserait, en effet !

Je suis en train de lire la Sémantique musicale d'Alain Daniélou (en mauvaise photocopie, avec des pages qui manquent...) Beaucoup plus intéressant que je n'imaginais. Je m'attendais à une sorte de naturalisme, du genre "la tierce mineure est propice à induire (tel sentiment)". Pas du tout ! Il s'agit d'une sorte de phénoménologie de la perception auditive...

Tiens, si quelqu'un, par hasard, possédait ce livre et voulait s'en défaire, je suis preneur...
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